Marcel Dettling, un président droit dans les bottes de son parti
Le Schwytzois de 43 ans a été élu samedi président de l’UDC. Sur les thèmes centraux que sont l’Europe ou l’immigration, il est dans la ligne défendue par ses prédécesseurs depuis trente ans
Il hait les éoliennes, mais souffle dans les voiles des coronasceptiques. Marcel Dettling, nouveau président de l’UDC nationale, est un pur produit de la veine blochérienne du parti souverainiste. Ce paysan schwytzois de 43 ans l’a rappelé à la tribune samedi à Langenthal, lieu de son élection par acclamation: «Je suis entré en politique en 1992, lors du vote sur l’Espace économique européen. Trente ans plus tard, les mêmes discussions réapparaissent. Il ne faut laisser aucun millimètre à l’Union européenne. Mon message à destination de Bruxelles est qu’en Suisse, c’est le peuple qui décide, pas des bureaucrates européens.»
Triomphe devant les 400 délégués. Marcel Dettling était le seul candidat à la présidence.
«Il ne faut laisser aucun millimètre à l’Union européenne» MARCEL DETTLING, NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’UDC
La Genevoise Céline Amaudruz, conseillère nationale, est confirmée comme vice-présidente, avec Magdalena Martullo-Blocher, conseillère nationale des Grisons. Le comité accueille le conseiller national valaisan Michael Graber.
L’assemblée a également été l’occasion d’arrêter les mots d’ordre pour les votations populaires du 9 juin. Le sujet le plus épineux, la loi sur l’approvisionnement en électricité, a donné un résultat qui positionne bien le tout nouveau responsable. Avec plusieurs pontes du parti – parmi lesquels les représentants des cantons de Zurich et de sa région d’influence, dont les Grisons –, Marcel Dettling avait fait le choix de s’opposer à Albert Rösti, ministre UDC de l’Energie. Son parti l’a suivi en rejetant cette loi. Les deux objets concernant la politique de santé (plafonnement des primes à 10% du revenu et frein aux coûts de la santé) ont été balayés.
L’initiative pour la liberté et l’intégrité physique n’a pas trouvé de place dans un ordre du jour chargé. Avec ce texte, les initiants veulent empêcher de futures campagnes de vaccination obligatoire. «Une assemblée ne permet pas d’aborder tous les sujets», a expliqué Marcel Dettling au Tages-Anzeiger. C’est donc la direction du parti qui a décidé seule de soutenir cette initiative. Le Schwytzois a détaillé au quotidien zurichois qu’il y est lui-même favorable: «J’espère que l’Etat n’interviendra plus jamais aussi massivement dans la vie privée que lors de la pandémie de covid.» Dans la même interview, il a avoué qu’il tient les éoliennes en horreur: «Voulons-nous vraiment gâcher le paysage avec des systèmes aussi coûteux?»
Message à Beat Jans
Dans son premier discours de président, Marcel Dettling avait également un message à adresser au conseiller fédéral chargé de la Justice, Beat Jans. Il faut protéger notre pays des criminels, lui a-t-il dit en substance, tout en lui proposant l’aide de l’UDC avec l’initiative pour la durabilité, qui veut éviter une Suisse à 10 millions d’habitants. «Nous en avons assez de l’immigration», a-t-il lancé sous les applaudissements. Sur ces thèmes centraux aux yeux du parti, il ne faut attendre aucune fantaisie du Schwytzois durant sa présidence.
Marcel Dettling dit vouloir accorder une place importante à la Suisse romande dans sa stratégie
Marcel Dettling était chef de campagne lors des élections fédérales d’octobre 2023. Il est donc bien placé pour savoir que la progression de son parti sous la coupole fédérale est liée à une dynamique positive dans les cantons romands. Pour ne pas la laisser retomber, il dit vouloir accorder une place importante à la Suisse romande dans sa stratégie. «Je veux être votre président», a-t-il dit aux Romands en ouvrant son discours en français, une langue qu’il maîtrise de manière honorable suite à un séjour à Sermuz, sur les hauteurs d’Yverdon-les-Bains, durant l’année de ses 16 ans. Il sera à Fribourg au mois d’août puis dans le canton de Vaud en janvier 2025 «pour une fête importante».
Plus largement, sa priorité est de «continuer le bon travail de Marco Chiesa», président sortant auquel l’assemblée de samedi a consacré de longs adieux, après quatre ans à la tête du parti. Le Tessinois, dans son discours, s’en est pris aux coûts générés par la politique fédérale. Selon lui, les autres partis gaspillent des milliards de francs pour l’asile ou l’aide au développement. «L’Etat devient de plus en plus vorace, a-t-il regretté. Nous voulons que les habitants de ce pays aient plus d’argent pour vivre, mais pas la Berne fédérale.» Des phrases auxquelles Marcel Dettling souscrirait sans aucun doute. ■