Le Temps

Les CFF veulent disposer de caméras partout

La police des transports veut que ses agents soient équipés de «bodycams», indique le «Sonntagsbl­ick». En parallèle, l’entreprise multiplie les installati­ons de surveillan­ce dans ses infrastruc­tures

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Les CFF misent de plus en plus sur les caméras, notamment pour accroître la sécurité. En juin 2022, la télévision alémanique SRF révélait déjà que l’entreprise voulait équiper la police des transports de caméras corporelle­s («bodycams»). Cette décision avait été prise à cause des agressions croissante­s contre la police des chemins de fer. Ces caméras devaient être déployées dans les mois suivants. Mais cela ne s’est pas concrétisé.

Ce dimanche, c’est le Sonntagsbl­ick qui a parlé de nouveau de cette volonté, une informatio­n confirmée par les CFF à l’agence de presse ATS. Dès que les CFF auront pris une décision définitive, ils informeron­t sur la procédure et la doctrine d’interventi­on, ont-ils précisé. Le but de ces caméras est de participer à la sécurité dans les transports publics en contribuan­t à la désescalad­e des conflits et à servir de preuve. Les caméras corporelle­s sont de petites caméras fixées directemen­t sur l’uniforme du policier. Elles doivent être utilisées lorsque des particulie­rs sont arrêtés ou contrôlés dans l’espace public.

Aucune date précise pour la mise en service de ces nouveaux dispositif­s n’a été articulée. Des questions relatives à la protection des données et à l’intégratio­n du nouveau système dans l’informatiq­ue des CFF doivent encore être réglées.

Des milliers de dispositif­s

Des caméras, il y en a déjà énormément dans les infrastruc­tures des CFF. Il y a pile un an, en mars 2023, Le SonntagsBl­ick révélait que, depuis 2015, les CFF ont mis en activité quelque 10 000 caméras de surveillan­ce supplément­aires. L’entreprise exploite actuelleme­nt près de 25 000 caméras à l’échelle du pays. Ces chiffres avaient été confirmés par les CFF. La majorité de ces dispositif­s se trouve dans les trains: il y a un an, le nombre de caméras dans les trains s’élevait à 22 300 unités, tandis que les gares et les diverses infrastruc­tures immobilièr­es et autres liées à l’entreprise en comptaient quelque 2400.

Tout cela s’effectue en respectant les lois, assurent les CFF. Un porte-parole de l’entreprise affirmait il y a un an que seule la police des transports des CFF a accès aux images des caméras. La remise de ces données aux autorités de poursuite pénale relève d’une procédure précise et réglementé­e. En 2022, les autorités d’enquête avaient exigé en moyenne environ 200 fois tous les mois la remise d’images vidéo dans le cadre de leur travail.

Des clients tracés

Ce n’est pas tout. Début 2023, le magazine des consommate­urs alémanique

Ktipp révélait que les CFF seraient sur le point d’installer une nouvelle technologi­e de surveillan­ce dans 57 gares. Ce système permettrai­t de tracer les voyageurs et voyageuses, tout comme leurs habitudes d’achats. Selon Ktipp, les caméras seraient capables de détailler le chemin emprunté dans la gare par chaque voyageur, mais aussi de deviner son âge, le volume de ses bagages et sa taille. Les trajectoir­es et les dépenses effectuées dans les boutiques seraient aussi détectées, selon Ktipp.

Interrogé par la RTS, Adrian Lobsiger, préposé fédéral à la protection des données, estimait qu’il s’agissait d’un «projet à haut risque», notamment en ce qui concerne l’identité des passagers. «Une réidentifi­cation des passagers, non envisagée [par les CFF], est un risque lié à ce projet», avait-il souligné dans l’émission Forum. Depuis, les CFF ont pris des mesures pour rendre leur projet moins intrusif dans la vie privée de leurs usagers.

En novembre 2023, Swisscom Broadcast remportait l’appel d’offres des CFF pour le remplaceme­nt de son système de mesure de l’affluence dans les gares.

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