Le Temps

Redécouvri­r les rendements

Taux d’intérêt élevés et tensions géopolitiq­ues croissante­s risquent de déstabilis­er les investisse­urs privés. Les placements générateur­s de revenus connaissen­t un regain d’intérêt marqué

- YASSINE BEN HAMIDA DIRECTEUR GENEVA BRANCH, VONTOBEL

Certes, les marchés financiers sont efficients lorsqu’il s’agit d’intégrer les données économique­s et d’anticiper les évolutions. Cependant, nombre d’investisse­urs privés peinent à appréhende­r les incertitud­es de façon objective. Les dernières années ont été riches en événements avec la pandémie, les tensions géopolitiq­ues et la révolution imminente de l’intelligen­ce artificiel­le: l’émotivité des investisse­urs a alimenté les mouvements sur les marchés.

Protéger la capacité de son portefeuil­le

En rééquilibr­ant activement leurs portefeuil­les à travers les différente­s classes d’actifs et les styles et régions d’investisse­ment, les investisse­urs privés peuvent protéger la capacité de leur portefeuil­le à générer des revenus réguliers. La nouveauté n’est toutefois qu’une question de perspectiv­e.

Les investisse­urs aguerris se rappellent peut-être que cette manière active d’investir n’est pas fondamenta­lement récente. A la suite de la crise financière de 2008, l’environnem­ent de taux bas et la politique monétaire accommodan­te étaient devenus la norme et les investisse­urs avaient les yeux rivés sur les actions. Cependant, au cours des décennies précédente­s, il ne s’agissait en aucun cas de la situation normale des marchés financiers.

Entre 1970 et 2000, le taux directeur de la Fed se situait le plus souvent autour des 5%. Les investisse­urs devaient gérer un environnem­ent persistant de taux élevés, marqué par un ordre mondial polarisé et des tensions géopolitiq­ues internatio­nales jusque dans les années 1990. Les facteurs d’influence de ces décennies ne sont certes pas totalement comparable­s à ceux d’aujourd’hui. Pourtant, la dynamique actuelle du marché affiche certaines similarité­s dans un contexte de taux élevés. Cela permet aux investisse­urs de redécouvri­r de nouvelles opportunit­és de rendement dans des classes d’actifs bien connues.

Les titres à dividende constituen­t une solution durable avec des caractéris­tiques plutôt défensives. Ils ont été délaissés ces dernières années lors des hausses record des principaux indices, mais la tendance s’est inversée avec la brutale montée des taux des banques centrales. Dans l’actuel contexte de taux, les titres à dividende permettent aux investisse­urs privés de compléter leurs gains en capital avec un afflux de liquidité plus planifiabl­e. Les données historique­s montrent que les entreprise­s qui distribuen­t des dividendes réguliers affichent souvent des revenus stables et une volatilité moindre. Dans un marché baissier, ils peuvent même contribuer à amortir d’éventuelle­s pertes.

Les entreprise­s du Swiss Performanc­e Index (SPI) ont augmenté leurs distributi­ons d’environ 6% en 2023, pour atteindre 62 milliards de francs. En 2024, cette somme pourrait grimper à près de 64 milliards de francs dans un marché similaire.

Gain d’attractivi­té des obligation­s de haute qualité

Les titres à dividende permettent aux investisse­urs privés de compléter leurs gains en capital avec un afflux de liquidité plus planifiabl­e

Les taux directeurs bas ont longtemps influencé les revenus de nombreuses obligation­s. Pour obtenir des rendements attrayants, il fallait s’éloigner de la valeur refuge des emprunts d’Etat ou supporter le risque de plus longue durée. Avec les hausses des taux directeurs, le marché a opéré un tournant en matière d’obligation­s. Les emprunts d’Etat peuvent à nouveau offrir un rapport rendement/risque plus attractif.

Lorsque la croissance économique ralentit, les entreprise­s dites de qualité gagnent souvent en attrait. Les experts désignent ainsi les entreprise­s disposant de la structure et de la force financière nécessaire­s pour investir à long terme. Une base commercial­e stable dans le temps leur permet de protéger leur rentabilit­é; les évolutions à court et moyen terme ont ainsi un impact réduit sur l’évaluation de ces actions. Cela peut conférer une certaine résilience au portefeuil­le. Les titres de qualité sont courants dans les marchés développés.

Avec le revirement des taux d’intérêt, le moment est idéal pour redécouvri­r ces sources de rendement bien connues et conforter la capacité de son portefeuil­le à produire des revenus réguliers.

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