Le Temps

L’étrange destin de Truth Social en bourse

Digital World Acquisitio­n Corp (DWAC), en cours de fusion avec la plateforme de Donald Trump, gagnait 24% hier soir. La société pourrait rapporter des milliards à l’ex-président américain

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Une chute de 14% vendredi en clôture et une hausse de 24% lundi soir: en l’espace de quelques heures, les affaires de Donald Trump ont fait les montagnes russes en bourse. Hier marquait le premier jour de cotation de la société issue de la fusion entre, d’un côté, l’entreprise Digital World Acquisitio­n Corp (DWAC) et, de l’autre, la firme Trump Media & Technology Group (TMTG), qui possède la plateforme Truth Social créée par Donald Trump. C’est grâce à cette stratégie prévue depuis de longs mois que le candidat républicai­n à la présidenti­elle pourrait parvenir à rapidement payer les centaines de millions de dollars qu’il doit à la justice américaine.

Rappelons que Digital World Acquisitio­n Corp (DWAC) est une sorte de coquille vide: c’est une entreprise déjà cotée en bourse mais qui n’a pas d’activité propre, c’est un véhicule coté, appelé SPAC. Pour éviter une longue procédure auprès des autorités de régulation pour faire entrer en bourse sa Trump Media & Technology Group (TMTG), Donald Trump a décidé de la fusionner avec DWAC. L’opération n’est pas une exception et a été approuvée par les actionnair­es vendredi dernier.

Changement de statuts?

Le politicien détient environ 79 millions d’actions de l’entreprise fusionnée, dont il est actionnair­e majoritair­e. Selon le cours d’hier, la valeur de cette part est d’environ 4 milliards de dollars. Mais attention, Donald Trump n’a a priori pas le droit de réaliser ses gains dans l’immédiat: il doit, selon les statuts de l’entreprise, attendre une période de six mois. Ce qui serait une trop longue attente pour lui, alors qu’il n’a que quelques jours pour régler ses dettes face aux autorités.

Or l’ex-président pourrait bénéficier d’un coup de pouce important. Comme l’expliquait CNBC, le conseil d’administra­tion pourrait voter pour lui permettre de vendre ses actions plus tôt. L’organe devrait comprendre plusieurs de ses proches, dont son fils Donald Trump Jr et l’ancien représenta­nt de Donald Trump pour les questions commercial­es, Robert Lighthizer. Il est ainsi tout à fait possible que le candidat à la présidenti­elle parvienne à utiliser plus rapidement que prévu la valeur de ses actions.

Plusieurs risques listés

Ces prochains jours, l’entreprise fusionnée devrait être cotée sous son acronyme définitif, DJT. Comment se comportera ensuite l’action? Difficile à dire, le titre n’obéissant pas vraiment aux règles habituelle­s du marché. On a vu de nombreux petits porteurs, fans du candidat, pousser artificiel­lement le cours à la hausse ces derniers mois.

A noter que vendredi, lors de la décision de fusionner les deux entreprise­s, plusieurs risques avaient été listés par les responsabl­es. L’un des principaux est que Donald Trump aurait le droit de voter dans son propre intérêt en tant qu’actionnair­e majoritair­e, ce qui ne serait pas toujours dans l’intérêt de tous les actionnair­es. Comme le rappelait l’agence AP, «Digital World a également cité le taux élevé d’échec des nouvelles plateforme­s de médias sociaux, ainsi que le fait que Trump Media s’attend à perdre de l’argent sur ses opérations «dans un avenir prévisible.» ■

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