Le Temps

Bandes rivales: Biennois à leur tour condamnés

Le Tribunal criminel de La Chaux-de-Fonds a prononcé des peines de privation de liberté de 9 à 27 mois contre quatre jeunes membres du 2CZ. Ils avaient notamment enlevé un homme lié à un groupe rival en avril 2021

- ALEXANDRE STEINER X @alexanstei­n

Quatre jeunes Biennois sur le banc des accusés, et une vingtaine de leurs proches venus assister à leur condamnati­on dans les travées. Devant cette salle bien remplie, le président du Tribunal criminel de La Chaux-de-Fonds, Alain Rufener, prononce 9 à 27 mois de privation de liberté, dont 6 mois ferme pour deux des prévenus. Tous sont reconnus coupables d’enlèvement, et certains d’agression, de contrainte, de brigandage, d’infraction à la loi sur les armes ou encore d’émeute.

Ce verdict rendu hier marque une nouvelle étape dans les procédures judiciaire­s liées aux actes violents commis par deux bandes rivales des Montagnes neuchâtelo­ises – le 47 – et de Bienne – le 2CZ. Ces violences avaient atteint un degré extrême en septembre 2021, lorsqu’un Loclois de 20 ans était décédé après avoir été poignardé au Flon, à Lausanne. Mais les principaux faits qui occupaient la cour cette semaine remontaien­t au 11 et au 12 avril de la même année.

Pour se venger du 47, qui avait enlevé et roué de coups un Biennois quelques semaines plus tôt, les Seelandais montent dans la métropole horlogère: bagarre, tir de mortier dans la rue, de pistolet d’alarme dans un bus, puis enlèvement et tabassage d’un Chauxde-Fonnier finalement relâché à Douanne (BE), sur les bords du lac de Bienne. Des événements d’une «violence peu commune dans notre pays», a souligné le président.

Moyens d’enquête limités

Le Ministère public demandait des peines allant jusqu’à 57 mois de prison ferme, ainsi que des expulsions du territoire pour deux des prévenus. Mais comme lors du précédent procès concernant le 47, l’enquête a été ardue. «L’omerta règne au sein de ces bandes qui connaissen­t nos techniques d’investigat­ion. Ils ne prennent pas leur téléphone quand ils se déplacent, ne s’envoient que des messages temporaire­s, et font preuve d’une attitude déplorable de défiance envers les autorités. Les victimes, elles, ont peur des représaill­es», indique la procureure Ludivine Ferreira Broquet.

Pour traiter ces affaires qui impliquent parfois des dizaines de personnes, les moyens d’enquête sont aussi limités. «Ces bandes se déplacent par groupes de 20 à 50. Nous n’avons pas l’effectif suffisant pour entendre tout le monde, il faut cibler les auteurs principaux», poursuit la procureure. Si dans ce cas précis certaines prévention­s ont été abandonnée­s faute de preuves, elle se réjouit tout de même que les principale­s aient été retenues: «C’était vraiment important au vu de leur gravité, et je pense que les prévenus et les autres jeunes présents dans la salle ont compris le message.»

Apaisement contrôlé

Aujourd’hui, la situation entre les deux bandes est en partie apaisée, mais reste surveillée. «Il y a encore des bagarres, mais elles n’atteignent plus les sommets de violence que l’on a connus en 2021 et en 2022. L’événement survenu au Flon a calmé les ardeurs, et d’énormes efforts de prévention ont été faits dans les quartiers

«L’omerta règne au sein de ces bandes qui connaissen­t nos techniques d’investigat­ion»

LUDIVINE FERREIRA BROQUET, PROCUREURE

et dans les écoles. Avec ces procès, pour lesquels jusqu’à 15 personnes se sont retrouvées simultaném­ent en détention, les jeunes génération­s comprennen­t aussi que de tels actes ont des conséquenc­es», conclut Ludivine Ferreira Broquet.

D’autres jugements liés à cette rivalité sont encore attendus à Bienne et à Lausanne. Quant aux membres du 47 déjà jugés l’automne dernier pour les faits de mars 2021, ils devront repasser devant la justice. Plusieurs ont fait appel, tout comme le Ministère public qui ne se satisfait pas du jugement rendu par le Tribunal criminel.

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