Le Temps

Criminalit­é: des chiffres préoccupan­ts

- MARIE-HÉLÈNE MIAUTON MH.MIAUTON@BLUEWIN.CH

La «Statistiqu­e policière de la criminalit­é» (SPC) renseigne annuelleme­nt sur les infraction­s au Code pénal, respective­ment à la loi sur les stupéfiant­s et à la loi sur les étrangers. Impossible d’aborder ces trois aspects dans le cadre étroit de cette chronique, mais sachez quand même que, concernant les étrangers, les entrées/sorties illégales du territoire ont augmenté de 24,4%, montrant ainsi la difficulté récurrente de faire respecter nos frontières, malgré l’adhésion de la Suisse à l’espace Schengen, qui était censé nous protéger par une surveillan­ce communauta­ire aux confins de l’Europe.

Concentron­s-nous sur les délits relevant du Code pénal qui se trouvent avoir augmenté de 14% en 2023. Ce constat s’avère d’autant plus inquiétant au regard de l’évolution récente. En effet, si l’on omet les années covid 2020 et 2021, pendant lesquelles les frontières étaient fermées et les gens peu ou prou confinés, le nombre d’infraction­s n’a cessé de grimper, passant de 432 000 en 2019 à 458 549 en 2022 et 522 558 en 2023. En réalité, en l’espace de trois ans «normaux», la progressio­n est de 21% ! Sachant que la population ne s’est accrue que de 2,8% durant cette période, la criminalit­é est donc galopante. Ce n’est pas vraiment la conclusion à laquelle sont arrivés les commentate­urs qui ont rendu compte factuellem­ent de ces résultats, sans alarmisme ni gros titres. Pour eux sans doute la sécurité, c’est l’ordre, et l’ordre relève du conservati­sme de droite, sinon pire, alors ils évitent de crier au loup…

En réalité, la Suisse connaît une société toujours plus violente. Les homicides, consommés ou non, ainsi que les atteintes corporelle­s graves grimpent, avec 163 cas supplément­aires depuis l’an dernier. A ces tragédies s’ajoutent les lésions corporelle­s «simples» qui sont restées stables. Il faut se réjouir cependant que les crimes sexuels aient légèrement baissé, qu’ils concernent les enfants ou les adultes. Peut-être que l’injonction faite aux femmes de dénoncer systématiq­uement les cas a porté ses fruits et que les violeurs et harceleurs sont désormais plus circonspec­ts, sachant qu’ils n’échapperon­t pas à la sanction. Cette intransige­ance bienvenue ne devrait-elle pas s’appliquer à tous les délits?

Dans le registre matériel, l’explosion des infraction­s au patrimoine devrait inquiéter nos autorités chargées de faire respecter les engagement­s constituti­onnels de l’Etat qui garantisse­nt la propriété privée. Tous les moyens de détrousser son prochain sont mis en oeuvre par les malfrats, aussi bien les vols par effraction ou à l’arraché, les vols de véhicules (les vélos électrique­s sont très prisés), les brigandage­s, les escroqueri­es ou les extorsions. Le total de ces méfaits s’est accru de 24% depuis 2019. Quant au mode opératoire numérique, anonyme et intraçable, il a augmenté de 31% entre 2022 et 2023, concernant particuliè­rement la cybercrimi­nalité économique.

Voilà pour les délits, mais qu’en est-il des fauteurs de troubles? Les problèmes de violence sont concentrés dans les régions frontalièr­es et/ ou très urbanisées, comme Bâle-Ville, Genève, Schaffhous­e, Zurich et Vaud par exemple. Et qu’on le veuille ou non, et même s’il est politiquem­ent incorrect de l’exprimer, il y a un lien entre la présence étrangère, légale ou illégale, sur le territoire et le niveau de criminalit­é. La statistiqu­e elle-même délivre crûment l’informatio­n puisque 56% des prévenus d’infraction­s au Code pénal sont des étrangers, atteignant 58% pour les cas les plus graves, alors que leur proportion en Suisse est de 27%, toutes origines confondues. Bien sûr, cela ne signifie aucunement que certains peuples auraient une fibre criminelle particuliè­rement développée. En revanche, nous accueillon­s souvent de jeunes hommes qui ont eux-mêmes été confrontés à la violence, et dont le déracineme­nt est propice à la délinquanc­e. Tous, tant s’en faut, ne sont pourtant pas malhonnête­s et ce sont les mauvais sujets qu’il faut cibler, punir, renvoyer, car la pègre se joue des frontières. Cela engage évidemment la police et la justice, mais exige surtout une volonté politique sans faille. L’est-elle vraiment?

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