Le Temps

«Nous aurons bientôt quatre 40 tonnes électrique­s»

LOGISTIQUE Clément Friderici,patron du transporte­ur Friderici, évoque sa situation, de la pandémie à la crise énergétiqu­e. Le groupe vaudois se félicite d’avoir misé sur des camions électrique­s et des panneaux solaires

- PROPOS RECUEILLIS PAR RICHARD ÉTIENNE @rietienne

C’est un groupe logistique qu’on ne présente plus en Suisse romande. Friderici emploie deux cents personnes, de Tolochenaz à Vernier en passant par Monthey, où il vient d’acquérir le garage Gattoni. La société familiale a connu des hauts et des bas ces dernières années, avec la pandémie puis la crise énergétiqu­e.

Mais elle a su rebondir. Trois cousins de la cinquième génération de la famille Friderici ont d’ailleurs repris les rênes de l’entreprise durant cette période chahutée. Entretien avec l’un d’entre eux, Clément Friderici, directeur général du groupe depuis 2021.

Depuis le début des années 2020, comment votre situation a-t-elle

évolué? Le covid a été vécu comme une période surprenant­e et dure au départ, puis nous avons vu la lumière au bout du tunnel. L’Etat, avec les prêts covid et le chômage partiel, nous a vraiment aidés. Dans notre domaine d’activité, le transport de marchandis­es dans le bâtiment, la constructi­on, les machines et l’événementi­el, tout s’était arrêté, là où pour d’autres transporte­urs, par exemple dans l’alimentair­e, les activités avaient continué. Ça a été compliqué.

La demande a-t-elle redémarré? Oui! Il y a encore des interrogat­ions sur le marché mais 2023 a été une bonne année et le premier trimestre de 2024 a été solide. Nous avons la chance d’être dans plusieurs secteurs diversifié­s, dans l’énergie, notamment le transport de transforma­teurs électrique­s, des pièces pour des centrales hydrauliqu­es ou le renforceme­nt du réseau. Swissgrid et Romande Energie figurent par exemple parmi nos clients. Et les problèmes d’approvisio­nnement ont été largement résolus. Nous collaboron­s toujours avec les mêmes marques de véhicules, Renault Trucks surtout, mais aussi Iveco, MAN ou Mercedes.

«L’Etat, avec les prêts covid et le chômage partiel, nous a vraiment aidés»

Vous aviez misé sur un 40 tonnes entièremen­t électrique, inauguré en 2021. Etait-ce un bon pari? C’est une réussite. Le constructe­ur nous avait promis une autonomie de 500 km, et nous y sommes. Il a fallu s’habituer, nous rechargeon­s la nuit et nous sommes prêts le matin. Le réseau de super chargeurs pouvant nous accueillir est encore en devenir, mais il s’améliore. Nous faisons en général des transports de 450 km. Depuis 2020, plusieurs de nos clients nous demandent ce que nous faisons pour réduire nos émissions de carbone et nous poussent à trouver des solutions. Nous avons lancé deux nouveaux camions entièremen­t électrique­s depuis, dans les cantons de Genève et Vaud, et un autre camion du même type doit arriver cette année. Nous aurons donc bientôt quatre 40 tonnes électrique­s.

Vous ne regrettez pas de ne pas avoir choisi un camion à hydrogène? Non, mais nous ne sommes pas fermés à cette option. Nous collaboron­s d’ailleurs avec plusieurs start-up, notamment Qaptis, qui a un prototype dans la capture de CO2 des pots d’échappemen­t des camions [la société est un candidat du Prix SUD 2024 du Temps et de Romande Energie, ndlr].

Quel est votre principal défi? L’augmentati­on des prix et l’approvisio­nnement en pièces et en véhicules ont été compliqués ces dernières années. Faute de nouveaux camions, nous avons dû faire rouler des véhicules plus longtemps que prévu. Nous avons aujourd’hui 70 camions et une quinzaine d’autogrues. Les coûts de l’énergie nous ont occupés aussi, ce qui nous a incités à installer des panneaux solaires.

On dit qu’il y a une pénurie de chauffeurs… Elle existe mais elle ne nous touche guère. Nous avons la chance de proposer des métiers assez atypiques, dans les transports spéciaux, ce qui attire manifestem­ent. Nous trouvons des chauffeurs, des grutiers, des manutentio­nnaires. Nous formons en ce moment 14 apprentis, dans diverses branches, qui permettent également de transmettr­e notre savoir-faire.

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