Suisse-UE, on demande du leadership
Dans Le Temps du 18 avril, la secrétaire d’Etat Martina Hirayama déplore le fait que la Commission européenne ait exclu la Suisse du programme Horizon Europe. Si le Conseil fédéral avait mieux analysé la situation en 2021, il n’aurait pas provoqué ce développement malheureux en claquant la porte à la Commission européenne. Le secrétaire d’Etat Alexandre Fasel l’a souligné dans Le Temps du 20 avril: la Commission n’est pas un ogre. On ne peut qu’espérer que le Conseil fédéral soit plus lucide en 2024, de sorte que la Suisse puisse réintégrer Horizon Europe; car ne pas participer à Horizon Europe a un coût énorme, la Suisse essayant tant bien que mal de négocier des accords de recherche avec des pays de 2e zone et Berne envisageant de diminuer son soutien financier aux EPF après avoir soutenu financièrement un certain nombre de projets. Un vrai gâchis…
Les opposants à tout nouveau traité entre l’UE et la Suisse craignent un traité qui obligerait la Suisse sans lui donner de droits. Le Temps du 19 avril contient une tribune démontrant que la situation «coloniale» ou «de soumission» tellement crainte découle non pas d’un traité, mais de l’absence de traité. La Suisse va par exemple reprendre les prescriptions de l’UE en matière de PFAS dans les eaux potables et les eaux de baignades. Ces prescriptions de l’UE ont certainement du sens; on peut s’étonner que les opposants à tout nouveau traité préfèrent l’option «reprise sans discussion de dispositions décidées par l’UE» à l’option «participation à leur élaboration». Les vrais patriotes veulent participer à l’élaboration des textes grâce aux bilatérales.
Le 19 avril, votre journal a par ailleurs offert une page aux opposants à tout accord. Il est aisé de critiquer la bureaucratie bruxelloise quand on ne la connaît pas. Sait-on par exemple que la Berne fédérale compte davantage de bureaucrates que la Bruxelles européenne? Quoi qu’en dise l’auteur de l’article d’Autonomiesuisse, les industriels suisses sont soumis à la législation des pays dans lesquels ils opèrent, et la Suisse a besoin de pouvoir influencer le cadre dans lequel elle coopère avec son principal partenaire économique, faute de quoi elle perdra son... autonomie. De même que les opérateurs étrangers sont obligés d’accepter les jugements du Tribunal fédéral suisse, les opérateurs suisses au sein de l’UE ne peuvent pas refuser que la Cour de justice de l’UE exerce ses compétences.
Quant au règlement des différends, laissons les négociateurs suisses travailler, car ils ne sont pas connus pour proposer des accords aux relents coloniaux. Evitons les préjugés, les comparaisons hasardeuses et les procès d’intention. Quel autre grand marché offrirait des opportunités comparables à la Suisse?
En conclusion, procrastiner n’est pas une option. La conférence de paix de juin prochain au Bürgenstock ne change rien au fait que l’accord avec l’UE demeure la priorité stratégique numéro 1 de la de la Suisse et demande du leadership. ▅