Le breaking aux JO, dans la plus pure tradition hip-hop
C’est garanti. Nombreux sont ceux qui railleront la présence, au titre de «sport additionnel», du breaking aux Jeux olympiques de Paris 2024. Il y aura bien sûr la critique de ceux qui n’y connaissent rien: qu’est-ce qu’une danse peut bien avoir en commun avec l’athlétisme et la natation? Mais il y aura aussi celle de certains puristes qui accepteront mal de la voir se contorsionner pour rentrer dans le format olympique. Renvoyons les premiers à Booba – si tu kiffes pas, tu regardes pas et puis c’est tout – et les seconds à l’histoire de la culture hip-hop, dont le breakdance est l’un des quatre éléments (avec le rap, le graffiti et le DJing ou art du DJ). Celle-ci s’est développée dès les années 1970 comme un catalyseur de l’énergie d’une jeunesse défavorisée. Une de ses propositions fondamentales: régler les rivalités de la rue par l’affrontement artistique plutôt que par la violence. Cela a donné les joutes verbales façon 8 Mile ou Rap Contenders, les championnats de scratch, les «guerres» de territoire à la bombe de peinture et les battles de danse. Tous les pratiquants ne se réalisent pas forcément dans la compétition, mais celle-ci fait partie intégrante de ces disciplines. Qu’elle se déroule dans un cadre olympique ne transgresse en rien l’esprit d’origine. Au contraire, cela prolonge le mouvement, qui n’a jamais eu peur de s’inviter là où l’on ne l’attendait pas, à l’instar du rap qui infuse la pop, du graffiti qui habite les galeries d’art et des stars du micro qui développent leur carrière dans le cinéma ou ailleurs.
Autre notion importante dans cette culture: la volonté de «représenter». Autrement dit, mettre en valeur voire démontrer la supériorité artistique de son de son quartier, de sa ville… Lors de collaborations internationales, les rappeurs «représentent» aussi volontiers leur pays, comme les B-boys et B-girls le feront aux Jeux olympiques, les drapeaux et les hymnes en plus. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien la hip-hop nation, dans le respect de ses traditions, qui s’est qualifiée pour Paris 2024.