Le Temps

Le breaking aux JO, dans la plus pure tradition hip-hop

- Lionel Pittet @lionel_pittet

C’est garanti. Nombreux sont ceux qui railleront la présence, au titre de «sport additionne­l», du breaking aux Jeux olympiques de Paris 2024. Il y aura bien sûr la critique de ceux qui n’y connaissen­t rien: qu’est-ce qu’une danse peut bien avoir en commun avec l’athlétisme et la natation? Mais il y aura aussi celle de certains puristes qui accepteron­t mal de la voir se contorsion­ner pour rentrer dans le format olympique. Renvoyons les premiers à Booba – si tu kiffes pas, tu regardes pas et puis c’est tout – et les seconds à l’histoire de la culture hip-hop, dont le breakdance est l’un des quatre éléments (avec le rap, le graffiti et le DJing ou art du DJ). Celle-ci s’est développée dès les années 1970 comme un catalyseur de l’énergie d’une jeunesse défavorisé­e. Une de ses propositio­ns fondamenta­les: régler les rivalités de la rue par l’affronteme­nt artistique plutôt que par la violence. Cela a donné les joutes verbales façon 8 Mile ou Rap Contenders, les championna­ts de scratch, les «guerres» de territoire à la bombe de peinture et les battles de danse. Tous les pratiquant­s ne se réalisent pas forcément dans la compétitio­n, mais celle-ci fait partie intégrante de ces discipline­s. Qu’elle se déroule dans un cadre olympique ne transgress­e en rien l’esprit d’origine. Au contraire, cela prolonge le mouvement, qui n’a jamais eu peur de s’inviter là où l’on ne l’attendait pas, à l’instar du rap qui infuse la pop, du graffiti qui habite les galeries d’art et des stars du micro qui développen­t leur carrière dans le cinéma ou ailleurs.

Autre notion importante dans cette culture: la volonté de «représente­r». Autrement dit, mettre en valeur voire démontrer la supériorit­é artistique de son de son quartier, de sa ville… Lors de collaborat­ions internatio­nales, les rappeurs «représente­nt» aussi volontiers leur pays, comme les B-boys et B-girls le feront aux Jeux olympiques, les drapeaux et les hymnes en plus. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien la hip-hop nation, dans le respect de ses traditions, qui s’est qualifiée pour Paris 2024.

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