«Mindblow»
En repensant aux télécrochets des années 2000, on se demande parfois ce que deviennent ces candidats, refoulés par un jury sans pitié. Se remet-on jamais d'une humiliation télévisée? Pour Markus, la réponse est non. À 40 ans, ce vendeur d'électroménager demeure hanté par sa participation, vingt ans plus tôt, à une émission de talents. Après avoir ingéré un calmant, il se ridiculise face caméra. Bientôt, son casting raté devient un mème.
Ce faux pas le ronge, mais ce qui est fait est fait… enfin, c'est ce qu'il croyait. A la suite d'un coup de jus, Markus (Dimitri Stapfer) va pouvoir communiquer, par SMS, avec la version de lui-même de 20 ans. A qui il donne immédiatement ce conseil: ne prend aucune pillule avant l'audition! Le jeune Markus obtempère et séduit les juges. De quoi faire basculer son existence.
Et de changer radicalement le cours des choses, comme le veut le b.a.-ba du voyage temporel. D'un claquement de doigts, le Markus du futur est propulsé superstar, mais pas sans dommages. Il en a épousé une autre, tandis que dans cette nouvelle réalité, son meilleur ami est SDF et sa soeur croupit en prison. Lorsque ces derniers, dans le passé, apprennent ce que ce nouveau destin leur réserve, ils tentent à tout prix de revenir à l'ordre établi.
Après le drame familial Neumatt, la comédie policière Tschugger ou la série d'espionnage Davos 1917, la SRF souhaitait continuer, avec Mindblow, à «proposer des nouveautés» au public. Reste que la série, signée du réalisateur zurichois Eric Andreae, n'est de loin pas la première fiction à explorer le fantasme de la deuxième chance. Cet effet papillon,
Mindblow le développe de manière assez classique, à la sauce dramédie. Une innovation bluffante toutefois: pour toutes les séquences de 2003, les équipes ont rajeuni l'acteur principal grâce à l'IA.
Les personnages, explorés autant que les confusions temporelles le permettent, sont touchants car pétris par les mêmes choses que nous: la cruauté du temps qui passe, les regrets, l'orgueil. Et la peur, dixit Markus, de se «réveiller à 40 ans avec une vie de merde». Mindblow n'est probablement pas la série suisse qui restera dans les mémoires, mais un joli rappel que rien n'est jamais déterminé… et un trip nostalgique dans les années 2000.
Une série d’Eric Andreae (2024), sur Play Suisse. Dffusion des derniers épisodes le 30 avril dès 21h10 sur RTS 2.