Le Temps

Raphaël Glucksmann ciblé par des manifestan­ts pro-palestinie­ns

Des jets de peinture ont visé la tête de liste Place publique/Parti socialiste, dont La France insoumise critique la retenue sur le dossier israélo-palestinie­n. Il a dû être évacué du cortège organisé à Saint-Etienne

- PAUL ACKERMANN, PARIS @paulac

XAux commandes de la liste socialiste en vue des élections européenne­s de juin, l'intellectu­el parisien Raphaël Glucksmann a dû être évacué du cortège organisé à Saint-Etienne en ce 1er Mai pour la Fête du travail.

Le compagnon de la journalist­e star Léa Salamé était visé par des jets de peinture et d'oeufs ainsi que des slogans parmi lesquels «Glucksmann casse-toi», «Palestine vivra» ou «Palestine vaincra», a constaté l'AFP.

Ces invectives étaient le fait d'une cinquantai­ne de personnes, dont certains militants de La France insoumise porteurs de drapeaux du parti, selon Raphaël Glucksmann. Plusieurs drapeaux palestinie­ns étaient aussi brandis par les poursuivan­ts. «Ces attaques sont le résultat de mois de haine et de calomnies savamment orchestrée­s par les Insoumis et d'autres», a réagi sur X le candidat visé. «Des mois de messages de haine reçus par milliers – très souvent à connotatio­n antisémite – que j'ai décidé d'ignorer jusque-là, mais qui révèlent une conception de la politique et une vision du monde que je rejette et que je combats avec force», a-t-il ajouté.

L'alliance de son petit parti, Place publique, et du PS crée la surprise dans les sondages depuis quelques semaines, plaçant cette liste loin devant tous les attelages de gauche, et notamment celui de La

France insoumise, qui dominait ce camp depuis l'élection présidenti­elle de 2022.

Ces derniers jours, les Insoumis s'en prenaient donc régulièrem­ent à Raphaël Glucksmann, notamment à propos de ses positions sur le conflit israélo-palestinie­n et ses conséquenc­es en France.

Position sur Sciences Po attaquée

Dénonçant la «politique criminelle» du gouverneme­nt israélien à Gaza, exigeant un cessez-le-feu, mais refusant le terme de génocide et qualifiant de «faute majeure» le fait de ne pas décrire le Hamas comme terroriste, Raphaël Glucksmann tient une position plus mesurée que le reste de la gauche sur ce dossier, et parfois même que la direction du Parti socialiste ellemême. Il avait notamment affirmé que la direction de Sciences Po avait le droit de demander l'évacuation des étudiants bloquant le campus la semaine passée, ce qu'avait souligné le coordinate­ur national des Insoumis, Manuel Bompard: «Calomnier les étudiants qui se mobilisent et soutenir

«Je désapprouv­e totalement cette expulsion» JEAN-LUC MÉLENCHON, CHEF DE FILE DE LA FRANCE INSOUMISE

la répression qu'ils subissent est juste indigne d'un candidat qui se revendique de la gauche», écrivait le pilote du parti mélenchoni­ste. Quelques heures plus tôt, il soulignait déjà sur X le fait que Raphaël Glucksmann n'avait pas voté un amendement des eurodéputé­s insoumis pour «condamner la répression contre ceux qui dénoncent le massacre en cours à Gaza». Il qualifiait cette abstention de «honte».

«Je désapprouv­e totalement l'expulsion de Raphaël Glucksmann», a réagi Jean-Luc Mélenchon peu après les événements. «Tous ceux qui veulent faire allégeance à la lutte des travailleu­rs pour leurs droits ont leur place le 1er Mai, a-t-il ajouté. Il suffit de s'écarter d'eux s'ils nous déplaisent. Cette action fournit une diversion médiatique contre le 1er Mai et un rôle de victime à Glucksmann qui en profite pour nous accuser.» Le premier ministre Gabriel Attal, dont le camp est lui aussi menacé par la liste socialiste dans les sondages, a quant à lui réagi en affirmant que la politique «doit toujours se faire dans le respect de l'intégrité des personnes».

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