Pourquoi les matières premières montent
Contrairement aux performances négatives des marchés actions et obligataires depuis le début de l’année, la dynamique haussière sur les matières premières est restée intacte. Nous pensons qu’il existe des facteurs de soutien tant à court terme qu’à long terme qui devraient continuer à porter ce segment de marché.
Tout d’abord, l’environnement économique reste favorable aux matières premières. La récession tant attendue depuis 2023 n’a pas eu lieu ni dans les pays développés ni dans les pays émergents. Ainsi même la croissance du produit intérieur brut chinois reste soutenue malgré les problèmes dans le secteur immobilier. L’inflation, quant à elle, se révèle plus persistante au niveau global et en particulier aux Etats-Unis.
L’environnement géopolitique est un autre facteur de soutien pour les matières premières. Le conflit Russie-Ukraine continue depuis plus de deux ans sans l’espoir d’une sortie prochaine de crise. L’Iran est devenu plus menaçant face à Israël et la menace chinoise sur Taïwan pourrait revenir.
L’or, mais pas seulement
Cet environnement est favorable aux métaux précieux, en premier l’or, mais pas exclusivement puisque, depuis le début de l’année, le cuivre progresse de 17%, le pétrole Brent de 14%, l’argent de 12%. Le minerai de fer est certes en baisse depuis le début de l’année mais a rebondi de près de 14% en avril. Comme ces derniers mois le billet vert est resté très ferme, la diversification apportée par les matières premières pour un investisseur européen a été particulièrement forte.
Les matières premières bénéficient aussi de deux facteurs de soutien à long terme qui aident tant sur l’offre que la demande: les investissements dans l’extraction des ressources naturelles et la transition énergétique. Les entreprises pétrolières et minières doivent maintenir des niveaux d’investissements minimaux pour garantir la pérennité de la production.
Après les excès jusqu’en 2013, les investissements rapportés au chiffre d’affaires ont fortement baissé jusqu’en 2022. Si un léger rebond du ratio a eu lieu depuis 2023, on reste sur des niveaux historiquement bas et la mise en place de nouveaux projets miniers prend plusieurs années entre l’étude géologique, l’obtention des autorisations et la construction de l’infrastructure nécessaire à l’exploitation. Ainsi, l’offre de matières premières reste contrainte alors que la demande continue d’être soutenue.
En effet, la lutte contre le réchauffement climatique requiert la construction d’une infrastructure sobre en carbone et passe par une électrification accrue des activités humaines. Or, l’électrification de l’économie est gourmande en cuivre aussi bien dans la phase de production, de stockage et de distribution de l’électricité, ainsi qu’en autres minerais et terres rares pour ce qui concerne les batteries des véhicules électriques.
L’environnement économique, les tensions géopolitiques, le sous-investissement des entreprises depuis dix ans et la transition énergétique sont tous des facteurs qui devraient encourager les investisseurs à augmenter leur allocation stratégique dans les matières premières.
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