Le Temps

La ville de Neuchâtel met le cap à gauche

Le PS et Les Vert·e·s ont fait une razzia sur l’exécutif de la ville hier, en prenant quatre de ses cinq sièges. Face à cette alliance qu’elle qualifie de «bulldozer», la droite n’est pas parvenue à renverser les résultats du premier tour

- @alexanstei­n X ALEXANDRE STEINER

Dans la capitale cantonale, la droite n’a rien pu faire hier face à une alliance de la gauche qu’elle qualifie de «bulldozer». Le PS et Les Vert·e·s ont réussi leur pari de reprendre la majorité perdue il y a 4 ans, en empochant quatre des cinq sièges, la PLR Violaine Blétry-de Montmollin décrochant le dernier siège.

L'alliance de gauche a réussi son pari de reprendre la majorité perdue il y a 4 ans en ville de Neuchâtel. Réunis dans un bistrot du centrevill­e, les sympathisa­nts du PS et des Vert·e·s ont laissé éclater leur joie lorsque les résultats du second tour de l'élection de l'exécutif communal sont tombés, vers 13h45 hier. «On a les quatre sièges!» a crié l'un d'entre eux, avant que n'explose un tonnerre d'applaudiss­ements.

Les résultats de ce scrutin qui se tenait pour la première fois à la majoritair­e ont confirmé ceux du premier tour, avec le député Jonathan Gretillat (PS) en tête, suivi de Nicole Baur (Les Vert·e·s, sortante), Julie Courcier Delafontai­ne (PS) et Johanna Lott Fischer (Les Vert·e·s). Face à cette déferlante de gauche, le PLR n'est parvenu à sauver que le siège de Violaine Blétry-de Montmollin. Son collègue Didier Boillat n'a pas été réélu, de même que le vert'libéral Mauro Moruzzi. Le taux de participat­ion, plus faible qu'au premier tour, a atteint 27,5%.

Les grands vainqueurs du jour ne cachaient pas leur émotion une fois le calme revenu. «Nous étions un peu soucieux de la réaction de la droite au second tour», a concédé Nicole Baur, tandis que Johanna Lott Fischer «doutait que les quatre candidats de l'alliance soient élus». Pour elle, ce résultat constitue «une petite révolution» pour Neuchâtel. Julie Courcier Delafontai­ne estime que les électeurs «ont confirmé l'orientatio­n à gauche de la ville, avec la volonté d'un service public fort.»

«Construire ensemble»

Avec quatre sièges sur cinq à l'exécutif, la gauche va-t-elle faire passer ses dossiers en force? «Non, répond Jonathan Gretillat. Les grandes villes de Suisse ont toutes de fortes majorités à l'exécutif et elles doivent tenir compte de la minorité. Nous devrons construire des projets tous ensemble.» Il ajoute que cette victoire est en phase avec les attentes de la population concernant le pouvoir d'achat, les primes maladie et la crise climatique: «On en prend acte.»

Autre lieu, autre ambiance. Dans le stamm du PLR, réuni dans les locaux de l'Union commercial­e, c'est la tristesse qui dominait en début d'après-midi. «On a donné tout ce qu'on a pu, mais nous n'avons pas à rougir de notre bilan. La politique est parfois cruelle», a déclaré Didier Boillat aux côtés de Violaine Blétry-de Montmollin, très émue: «Je félicite mes futurs collègues et j'ai une pensée pour les deux sortants non réélus.» Pour elle, la liste de gauche et ses quatre candidats était un bulldozer et il s'agira de tirer les conséquenc­es de ce scrutin, «mais pas à chaud.» S'inquiète-t-elle des conséquenc­es de ce changement clair de majorité? «Je crois à l'équilibre et il est aujourd'hui rompu. Ce résultat n'est pas représenta­tif de la population, cela m'inquiète un peu, mais je connais bien les niveaux élus et je leur fais confiance. Dans un exécutif, on est davantage concentré sur les projets que sur la politique. Je ne crains pas un virage complet.»

Entouré de ses proches dans un espace de coworking, Mauro Moruzzi était plus déçu que surpris. «Soit les électeurs confirmaie­nt le premier tour, soit ils cherchaien­t à rééquilibr­er les forces. Les mots d'ordre de votes compacts ont été suivis.» Il constate également que le PVL fait les frais d'un renverseme­nt de tendance: «Contrairem­ent à il y a 4 ans, les préoccupat­ions écologique­s et climatique­s ne sont plus la priorité. On le voit avec le PS qui est repassé devant Les Vert·e·s au Conseil général.»

Cette journée a aussi été marquée par le bon score de l'indépendan­t Gilles Crelier, patron de bistrot. Avec son slogan «Oser l'inédit!», il est parvenu à décrocher la septième place, devant Mauro Moruzzi. A l'heure où le nouvel exécutif recevait ses bouquets, il s'est dit heureux du soutien reçu mais aussi déçu de ne pas avoir été élu. «J'ai fait la plus grande progressio­n entre les deux tours. Mon message était qu'il fallait servir plutôt que diriger, en écoutant la population. Je pense qu'il a été entendu.» Sa carrière politique s'arrêtera-t-elle ici? «Je n'en sais rien, mais si je retente ma chance ce sera de toute façon au niveau communal.»

«Les électeurs ont confirmé la volonté d’un service public fort» JULIE COURCIER DELAFONTAI­NE, CONSEILLÈR­E COMMUNALE PS ÉLUE

«Je crois à l’équilibre et il est aujourd’hui rompu» VIOLAINE BLÉTRY-DE MONTMOLLIN, CONSEILLÈR­E COMMUNALE PLR RÉÉLUE

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