Thomas Grand aplatit l'anxiété de la paternité
Qu'est-ce que c'est que cette horreur, se demandet-on en plongeant dans cet album, où un vieil ogre logé en bordure de la ville dans une forêt est surpris par une petite fille alors qu'il est en train d'aplatir — littéralement — un garçon à l'aide d'une machine. Comme la jeune protagoniste, on tente de comprendre : si le vieil homme met les enfants à plat et s'il les range entre les pages d'un livre comme dans un herbier, c'est en fait, à ses yeux, pour les protéger d'un monde dangereux. Mais la petite fille n'est pas d'accord avec cette approche, et un bouleversement s'ensuit…
Connu jusqu'ici comme graphiste, mais aussi comme créateur de chansons, le Carougeois Thomas Grand entraîne son monde dans cette étrange rêverie en publiant son premier album, Le vieux qui aplatissait les enfants. Le livre mêle l'aquarelle, l'acrylique, l'encre, le crayon de couleur, et les souvenirs de la période où Thomas Grande est devennu papa. « L'élément déclencheur a été la naissance de ma fille en 2017. De nature plutôt anxieux, je pourrais facilement vivre dans un cabane au fond des bois. (…) Puis, des montagnes de questions ont surgi dans ma tête sur ce que c'est que de devenir “parent”. Comment tenter de donner des ailes à nos enfants ou en tout cas essayer de ne pas les leur couper par maladresse ou peur de les perdre », raconte-t-il sur le site des éditions Askip. Installées à Lausanne, celles-ci ont pour particularité de ne sortir qu'un livre par an, en abordant « chaque projet comme une aventure » et en faisant en sorte que leurs livres « soient racontés, regardés, manipulés par de grandes et petites mains le plus longtemps possible ».