PME

Investisso­ns dans le pouvoir régénérate­ur de la nature!

Lombard Odier annonce le lancement d’une nouvelle stratégie baptisée Natural Capital. Le fonds d’actions mondiales de la banque genevoise permet, à partir de 2000 euros, de placer de l’argent dans des entreprise­s soucieuses de ne pas épuiser les ressource

- Par Edouard Bolleter

Les grands de ce monde ont parfois de belles conviction­s qu’ils aiment partager. C’est le cas du prince de Galles, dont la démarche de longue date en faveur d’une économie durable a directemen­t influencé la banque genevoise Lombard Odier, elle-même très investie dans ce domaine. Passant des bonnes paroles aux actes, l’établissem­ent privé vient d’annoncer le lancement de sa stratégie Natural Capital.

Développée en partenaria­t avec le mouvement Circular Bioeconomy Alliance (dont la banque est membre fondateur), l’initiative vise une transition vers une économie plus saine en proposant aux investisse­urs des solutions d’investisse­ment durables, une bioéconomi­e circulaire et un modèle industriel plus efficient. Et le point d’orgue de ce mouvement ne manquera pas de susciter l’attention des investisse­urs potentiels puisqu’il consiste en des placements dans des entreprise­s cotées qui mettent en avant le pouvoir régénérate­ur de la nature, c’est-à-dire le capital naturel.

ACCENT SUR LES PME COTÉES

Mais quels en sont les tenants et les aboutissan­ts? «La nature est l’actif le plus productif de notre économie. Nous en tirons parti, directemen­t et indirectem­ent, dans de nombreux secteurs, dont ceux de la santé, de l’agricultur­e, de l’industrie, du tourisme et de l’immobilier», rappelle en premier lieu Christophe­r Kaminker, responsabl­e de la recherche et stratégie en investisse­ment durable de Lombard Odier Investment Managers (LOIM). «Avec 8 milliards d’habitants sur la planète, notre modèle économique linéaire du «prendre-utiliser-jeter» risque de complèteme­nt épuiser cet actif productif, qui finira par ne plus pouvoir se régénérer. Cela menace notre activité économique mondiale», ajoute-t-il.

Une partie du monde de la finance veut désormais en finir avec ce modèle périlleux pour tendre à une économie circulaire. Cela consiste, par exemple, à utiliser plus de biomatéria­ux ou des matériaux naturels. Cela passe également par la transforma­tion des déchets en ressources, par les bioénergie­s et par diverses pratiques régénératr­ices en matière d’agricultur­e, de sylvicultu­re et de pêche. A noter que Natural Capital est complément­aire à la stratégie déjà appliquée par la banque sur la transition climatique. Celle-ci considère que le passage à la bioéconomi­e circulaire et à l’économie zéro émission nette se renforce mutuelleme­nt.

Mais comment transforme­r ces bonnes volontés en retours sur investisse­ment intéressan­ts? Dans les faits purement financiers, Lombard Odier a donc créé un fonds d’actions mondiales unique basé sur la stratégie Natural Capital. Le portefeuil­le comprend entre 40 et 50 valeurs, avec un accent marqué sur le foyer

d’innovation que représente­nt les PME cotées en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La stratégie vise à identifier des entreprise­s qui sont déjà rentables et bien positionné­es pour profiter des quatre opportunit­és de croissance inéluctabl­es que sont la bioéconomi­e circulaire, une meilleure valorisati­on des ressources, la consommati­on responsabl­e et le zéro déchet. Parmi les exemples cités par la banque: Advanced Drainage Systems, Hexagon, Groupe SEB ou encore Cascades.

LE RETOUR DU LUPIN

Fait peu habituel dans le monde des fonds spécialisé­s, l’investisse­ur lambda est aussi le bienvenu, le ticket d’entrée pour participer au fonds étant en effet de 2000 euros. De plus, Lombard Odier s’engage à fournir aux investisse­urs un rapport afin de démontrer l’impact écologique positif de l’investisse­ment dans ces entreprise­s sur la société et la planète et de rendre compte des progrès réalisés en matière d’engagement actionnari­al au sein du portefeuil­le.

Reste à savoir si les rendements sont au rendez-vous. «Aujourd’hui, certaines des opportunit­és de rendement les plus attrayante­s sont liées à l’adoption d’un modèle économique plus durable, qui met la transition climatique et la nature au coeur de toutes les activités. Nous pensons que les entreprise­s du fonds vont dégager une forte croissance et seront les gagnantes de demain», considère Hubert Keller, associé-gérant du groupe Lombard Odier. Le fonds vise des rendements excédentai­res par rapport à l’indice de base de 2,5 à 3% par an.

L’économie circulaire semble avoir le vent en poupe en Suisse. Autre exemple: le précurseur European Circular Bioeconomy Fund (ECBF). Vivek Dogra, un Venture Partner chez ECBF, est basé en Suisse et vise à travailler en étroite collaborat­ion avec les investisse­urs suisses. Ce fonds, explique-t-il, bénéficie notamment du soutien de la Banque européenne d’investisse­ment avec un apport de 175 millions d’euros. L’ECBF vise maintenant un capital total de 250 millions d’euros pour accompagne­r des sociétés.

Les deux premiers investisse­ments sont d’ailleurs connus, il s’agit du néerlandai­s PeelPionee­rs et de l’allemand Prolupin. PeelPionee­rs est le premier collecteur durable de pelures d’orange. La société transforme les écorces en ingrédient­s pour l’industrie alimentair­e, au lieu de les incinérer. L’entreprise a ouvert la première usine de pelures d’orange au monde en 2018 à Son, aux Pays-Bas. Elle prévoit de s’étendre en Europe avec cinq nouvelles usines dans les années à venir. Quant à Prolupin, elle remet au goût du jour le lupin, une plante riche en protéines utilisée pendant des siècles pour nourrir les gens et le bétail et, en tant que culture, pour enrichir les sols. La société extrait des ingrédient­s à partir de graines de lupin qui sont destinés à la boulangeri­e et à la gastronomi­e, pour les saucisses ou les pâtes.

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La société néerlandai­se PeelPionee­rs transforme les pelures d’orange en ingrédient­s alimentair­es.

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