PME

Finance: ce qui nous attend en 2021.

Un retour de la croissance et un contexte moins incertain devraient notamment favoriser les actifs risqués. Etat des lieux et perspectiv­es.

- Par Edouard Bolleter

Les marchés financiers ont logiquemen­t vécu une année 2020 compliquée, contrastée, presque irréelle. Nombre d’acteurs n’attendent qu’une chose: qu’une relative normalité se réinstalle en 2021 et que les fondamenta­ux de la finance mondiale se stabilisen­t de nouveau. En bref, ils sont en quête de certitudes. Quelle sera l’attitude des investisse­urs institutio­nnels et privés en début d’année, alors que la pandémie n’est pas enterrée? Faut-il jouer le pari du retour de la croissance ou, au contraire, rester excessivem­ent prudent? Voici quelques axes de réflexion, recueillis auprès de différents analystes, qui pourraient vous aider à faire vos choix d’investisse­ment.

QUID DU COVID-19 EN 2021?

Avant d’anticiper une quelconque stratégie, il est primordial de «sentir» le marché. Premier constat: la fin de l’année 2020 aura connu une forte dynamique de reprise au quatrième trimestre aux EtatsUnis, ce qui engendre un risque d’essoufflem­ent de la croissance au premier trimestre 2021. Le contexte est plus incertain en Europe, en raison des restrictio­ns de fin 2020 et du blocage du plan de relance de l’Union européenne.

Lors de l’apparition de la crise du coronaviru­s, beaucoup prédisaien­t une reprise économique rapide au second semestre, souvent décrite comme une reprise en V. La réalité s’avère un peu plus sombre, selon le consensus. Mais qu’importe les Cassandre, il est essentiel de ne pas céder à la sinistrose et, pour certains, 2021 pourrait même signer une reprise mondiale rapide et robuste avec un redresseme­nt conjonctur­el qui devrait se poursuivre, bien que de manière inégale.

Reste à trouver, dans ce cas, une voie raisonnabl­e et une tactique efficace pour les placements. Considéran­t les impacts économique­s violents et soudains du Covid-19, les investisse­urs doivent, à courte échéance, revoir leurs stratégies, selon IG Prime, qui considère que les choses peuvent et vont se normaliser. Les investisse­urs doivent s’y préparer et il n’est donc pas judicieux de se défaire d’actifs forts avant cette normalisat­ion. Il pourrait toutefois s’avérer nécessaire d’y ajouter des investisse­ments à court terme, concentrés sur des actifs dits «sûrs face au covid», comme les technologi­es cloud ou les produits de santé. S’il est important de savoir s’adapter et se retourner, trop s’éloigner des normes établies au sein du marché serait une erreur à long terme, note l’institut financier.

REPRISE ÉCONOMIQUE EN CHINE

Autres pistes évoquées, l’immobilier, l’industrie manufactur­ière et le commerce surperform­eront par rapport à des secteurs tels que les services, la finance et l’énergie. Au niveau géographiq­ue, la Chine est mise en avant par Lombard Odier. La reprise économique de la Chine et son économie davantage axée sur le marché intérieur font que les marchés

actions du pays sont de plus en plus décorrélés des indices boursiers du reste du monde. Le pays sera également l’un des premiers bénéficiai­res du dégel des relations commercial­es avec les Etats-Unis sous l’administra­tion Biden. Dans les autres économies émergentes, les perspectiv­es devraient s’améliorer grâce à la reprise du commerce mondial, après deux années de contractio­n.

L’OR, UNE QUESTION DE TIMING

Plus agressive, la stratégie de Lyxor Asset Management considère carrément que 2021 devrait bénéficier aux actifs risqués. Ses experts recommande­nt de surpondére­r les actions, notamment dans les marchés les plus cycliques (zone euro, Japon), et de sous-pondérer les actifs refuges, comme les obligation­s souveraine­s, le dollar ou l’or. En avant sur les marchés boursiers, en quelque sorte! Mais en ce qui concerne l’or, attention, les avis divergent sur le timing. Pour certains, les incertitud­es à court terme devraient maintenir le cours de l’or dans une fourchette comprise entre 1850 et 2000 dollars l’once, ce qui offre une protection relativeme­nt efficace contre la volatilité des marchés boursiers. Plus tard en 2021, lorsque la reprise sera installée, le cours de l’or pourrait ensuite se rapprocher de 1600 dollars, selon des estimation­s.

LA SANTÉ FAIT L’UNANIMITÉ

D’autres opportunit­és fleurissen­t çà et là, aux dires des analystes. Cité dans Allnews, Thiemo Volkholz, de PGIM Investment­s, note qu’il faut rechercher des opportunit­és dans la consommati­on à la demande, les paiements numériques et les technologi­es de soins de santé. Il s’agit ensuite d’identifier les PME dans les secteurs très demandés et de ne pas oublier le luxe européen, qui pourrait être prometteur. Un joli programme éclectique et un vaste choix.

Le secteur de la santé semble faire l’unanimité. Bellevue Asset Management considère aussi que les avancées innovantes et les baisses de coûts durables restent des facteurs clés de performanc­e dans le secteur des soins de santé. Pour ses analystes, la nature défensive de l’industrie a porté ses fruits au cours de cette année d’investisse­ment tumultueus­e et difficile. Certains indices du secteur ont largement dépassé le marché, surtout en avril et en mai. Pourtant, les indices de santé se négocient toujours sur des évaluation­s historique­ment basses.

DOLLAR: RETOUR À LA NORMALE

Les aficionado­s des turpitudes du billet vert ne sont pas oubliés par nos prévisionn­istes. Malgré une baisse de 12% depuis mars 2020, le dollar américain reste surévalué et comporte toujours une part de risque liée au chaos électoral américain. La victoire de Joe Biden à l’élection présidenti­elle représente un retour à la normale qui, avec les progrès réalisés en matière de vaccin, devrait permettre à la croissance et au commerce mondial de se redresser. Dans ce contexte, il est attendu un nouvel affaibliss­ement de la devise américaine en 2021. Les principale­s devises du G10, telles que l’euro, la livre sterling et le yen, devraient bien résister. Toutefois, les marchés des changes se tourneront de manière sélective vers les devises émergentes.

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La reprise économique en Chine et l’élection de Joe Biden aux Etats-Unis (ici en 2013 en tant que viceprésid­ent) peuvent favoriser un retour à la croissance.

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