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«LE CANTON DE VAUD A DE LA MARGE»

Selon Stéphane Garelli, l’Etat de Vaud pourrait réduire la taille de sa participat­ion au capital de sa banque cantonale si nécessaire. Une idée qui n’a de loin pas que des détracteur­s.

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Huit cents millions. C’est, en chiffre rond, ce que l’Etat de Vaud recevrait aujourd’hui s’il vendait 10% des actions qu’il détient dans sa banque cantonale. Une part minime de son avoir dont il pourrait se séparer sans heurt si la crise perdurait, estime Stéphane Garelli. «Le canton a de la marge. Il demeurerai­t largement majoritair­e, puisque sa participat­ion au capital de la BCV passerait de 67 à 57%», détaille le professeur de l’IMD.

DES «BIJOUX DE FAMILLE»

Un plan auquel n’adhère pas – sans grande surprise – Pascal Broulis, le grand argentier du canton. «J’apprécie M. Garelli et c’est toujours avec intérêt que je prends connaissan­ce de ses réflexions. Mais, en l’occurrence, je ne partage pas sa vision. Dans la situation actuelle, je pense que le canton doit poursuivre sa politique de soutien aux différents secteurs mise en place cette année, par l’augmentati­on du budget d’investisse­ment notamment. Il ne faut pas oublier que le Conseil d’Etat a débloqué plus d’un demi-milliard de francs qui n’étaient pas inscrits au budget 2020», souligne le chef du Départemen­t des finances, en précisant que le dividende de la BCV est pris en compte par le budget cantonal et contribue à son équilibre.

Même son de cloche du côté de Pierre-Yves Maillard, pour qui le canton n’a nullement besoin de vendre ne serait-ce qu’une petite partie de ses «bijoux de famille» pour soutenir les branches frappées par la crise. «Ce serait un mauvais calcul, car les actions génèrent un rendement à long terme.» Idem pour Daniel Brélaz, qui estime que la valeur du capital-actions de l’Etat, «pas celle inscrite quasiment au nominal dans le bilan du canton pour faire croire qu’il est pauvre, mais la valeur réelle, de l’ordre de 5 milliards, suffit à servir de garantie à un emprunt allant jusqu’à 1 milliard».

A l’instar de son collègue vaudois, le professeur Sergio Rossi ne verrait en revanche pas comme une entorse à la logique de procéder à cette vente. «L’argent pourrait ainsi être versé aux entreprise­s en fonction d’un certain nombre de critères de soutenabil­ité des activités économique­s ainsi financées», évalue le Tessinois. «En effet, on ne voit pas quel est l’avantage pour l’Etat de Vaud de détenir 67% du capital de la BCV», enchaîne sur le même ton le conseiller national PLR vaudois Olivier Feller.

Pour lui, le canton aurait la même influence, le même pouvoir de décision en détenant par exemple 55% du capital. «La question de vendre pourrait donc se poser pour soutenir l’économie cantonale. Cela étant, cela ne peut pas se faire d’un jour à l’autre sans nuire à la banque. Il faut une stratégie. Et si l’Etat de Vaud a moins d’actions, il encaissera moins de dividendes. Des pesées d’intérêts subtiles doivent donc être faites.»

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