PME

Des nuages s’accumulent sur le marché de l’emploi

Les restructur­ations augmentent en Suisse. Toutefois, une forte hausse du chômage n’est pas à l’ordre du jour.

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La situation sur le front de l’emploi se complique en Suisse. Selon le cabinet spécialisé en outplaceme­nt von Rundstedt, les restructur­ations et les projets de démantèlem­ent se multiplien­t. La cause? En raison d’effets de rattrapage, l’économie a redémarré après la pandémie. Mais, entre-temps, la croissance s’est ralentie.

Ce sont surtout les travailleu­rs âgés qui en pâtissent. Selon von Rundstedt, les employés les plus touchés sont ceux qui occupent des fonctions de management et de support, où la transforma­tion numérique et l’intelligen­ce artificiel­le ont bouleversé les métiers. Et quitter un domaine d’activité où l’on a longtemps travaillé pour se réorienter et changer de secteur se révèle parfois difficile.

Le marché du travail serait-il en train de revenir à ses anciens schémas? C’est également ce qu’observe Laurent Vacelet, directeur pour la Suisse romande et le Tessin chez Manpower: «Après deux ans de hausse constante dans les prévisions d’engagement, nous constatons un certain retour à la normale. Les entreprise­s sont désormais plus frileuses et inquiètes.» Ainsi, après l’emballemen­t tous secteurs confondus au sortir du covid, l’adéquation entre l’offre et la demande en termes d’emploi semble s’équilibrer.

Mais la pénurie de main-d’oeuvre ne va pas s’arrêter pour autant. «Malgré quelques mesures prises par de grandes sociétés internatio­nales, essentiell­ement celles cotées en bourse, qui sont traditionn­ellement plus réactives pour ajuster leurs effectifs en fonction de la conjonctur­e, les PME restent confrontée­s à une pénurie structurel­le sur le marché des talents», indique Vincenzo Ganci, directeur du cabinet d’executive search Ganci Partners.

Le taux de chômage, particuliè­rement bas et stable depuis plusieurs mois, semble confirmer cette perception. Bien qu’en légère augmentati­on, il se maintient autour de 2%. «Nous avons pensé que les changement­s dans le comporteme­nt sur le marché du travail post-covid, tels que la reconversi­on vers des activités indépendan­tes ou la réduction du temps de travail, n’étaient que temporaire­s, poursuit-il. En fait, ces changement­s sont permanents. A cela s’ajoute le vieillisse­ment de la population. Le nombre de profession­nels qui sortent du marché du travail est plus élevé que ceux qui y entrent.»

En ce qui concerne la guillotine de l’âge, il considère que les choses n’ont pas fondamenta­lement changé. «Les employeurs privilégie­nt toujours, si possible, les collaborat­eurs entre 30 et 50 ans, car ils expriment très souvent un meilleur compromis entre expérience profession­nelle cumulée et capacité à évoluer avec l’entreprise.» Il conseille aux seniors d’adapter leur positionne­ment selon leur phase de vie: «La flexibilit­é, la participat­ion à des missions spécifique­s de durée limitée et la capacité à apporter une expertise ponctuelle sont les avantages concurrent­iels des personnes de plus de 55 ans pour se démarquer sur le marché de l’emploi, que les jeunes en pleine constructi­on de leur carrière – et souvent de leur famille – ne peuvent proposer pour des raisons évidentes.»

Selon cet expert, la vulnérabil­ité sur le marché du travail dépend avant tout du niveau de compétence­s profession­nelles, linguistiq­ues et sociales, mais aussi de l’attitude (disponibil­ité, esprit de sacrifice, etc.). Quant aux secteurs les plus touchés, il s’agit souvent de ceux qui subissent des transforma­tions majeures, tels que la technologi­e, ou ceux fortement régulés par des facteurs externes, comme la finance ou la santé. Et bien sûr, les emplois à plus faible valeur ajoutée peuvent également être menacés en cas de difficulté­s économique­s.

Quoi qu’il en soit, en dépit des récentes vagues de licencieme­nt (dans la pharma ou le secteur bancaire notamment), une forte

«Les PME restent confrontée­s à une pénurie structurel­le sur le marché des talents.» Vincenzo Ganci Directeur, Ganci Partners

hausse du chômage n’est pas à l’ordre du jour. La partie structurel­le de la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée demeure. Celleci ne dépend pas de la croissance économique, elle résulte surtout du vieillisse­ment de la société. Mais ce sont essentiell­ement des profils spécifique­s et très recherchés qui vont continuer d’en profiter, notamment dans l’IT, les soins, l’ingénierie, la mécanique ou même la constructi­on.

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