Sept

La valise à 1,5 million de dollars

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Le 29 mars 1967 est une journée capitale pour la fille de Staline. C’est sa destinée qui se joue quand elle rencontre deux avocats américains, Edward Greenbaum et Alan Schwartz, assistés de deux avocats suisses, Willy Staehelin et Peter Hafter, pour signer des documents juridiques importants relatifs à l’édition de son manuscrit et aux démarches pour être accueillie dans un pays bien disposé à son encontre. Seul Peter Hafter, qui avait rejoint dans les années 60 le cabinet Staehelin & Giezendann­er, l’un des plus gros de Zurich devenu plus tard Lenz & Staehlin, a pu être contacté, Willy Staehelin étant décédé. Prenant soin de ne divulguer aucune informatio­n qui, selon lui, pourrait être «protégée», invoquant le secret profession­nel, les défaillanc­es de sa mémoire et une documentat­ion lacunaire, l’avocat retraité n’est pas entré dans les détails: «J’ai rencontré plusieurs fois Mme Allilouyev­a en Suisse durant son séjour en 1967. Je l’ai vue une dernière fois à Princeton, aux Etats-Unis, en 1969 ou 1970. Ensuite, nous n’avons plus eu que des échanges épistolair­es. Après ma retraite en 2009, et après la mort de Mme Allilouyev­a en 2011, j’ai détruit tous mes dossiers vieux de plus de dix ans, dont tous ceux qui la concernaie­nt. Je pensais que plus personne ne s’intéresser­ait à cette histoire.» Peter Hafter, connu par ailleurs pour avoir été l’orfèvre en optimisati­on fiscale de quelques-unes des plus grosses fortunes du monde (d’après l’affaire des Offshore Leaks révélée en 2013), n’a pas davantage souhaité commenter les documents d’archives que nous avons retrouvés, où son nom figure pourtant en toutes lettres en lien avec l’affaire Svetlana Allilouyev­a. Heureuseme­nt, grâce à un épais dossier déclassifi­é en 2011 aux Archives fédérales suisses, il est néanmoins possible de reconstitu­er en grande partie le volet juridique de cette affaire.

Deux jours avant la signature de ces fameux documents, le 27 mars 1967, le professeur Kennan quitte la Suisse et rejoint les Etats-unis en passant incognito par Milan. Il «briefe les avocats américains Greenbaum et Schwartz qu’il croise à l’aéroport de Milan», note Antonino Janner. Dans son autobiogra­phie 13, Svetlana Allilouyev­a rapporte qu’à cette date du 27 mars, elle rencontre déjà les avocats américains venus de New York pour elle. Ils lui parlent de contrat d’édition et des droits d’auteur importants que rapportera­it la publicatio­n de son manuscrit Vingt lettres à un ami. Le 29 mars a lieu la rencontre décisive entre Svetlana Allilouyev­a et ses avocats américains et suisses. C’est une affaire privée, mais le Conseil fédéral a tenu à donner ses instructio­ns à Janner, qu’il est chargé de faire respecter par les avocats, à savoir que Svetlana Allilouyev­a a le droit de négocier avec les éditeurs de son choix et de signer les contrats qu’elle veut, à condition que son livre ne soit pas publié en Suisse et qu’aucune publicatio­n n’intervienn­e avant son départ de Suisse. Pour le reste, le Conseil fédéral s’en tient à la ligne déjà définie plus tôt: Svetlana Allilouyev­a ne doit pas entrer en contact avec la presse, aucune publicité pour le moment. Elle racontera plus tard des détails truculents de cette soirée: «Nouvelle entrevue. Cette fois, deux avocats suisses, William Stechelin [sic] et Peter Hafter y assistent. Comme les deux Américains, l’un est assez âgé, corpulent, propriétai­re de l’étude, l’autre – son jeune collègue. Je comprends mieux les deux jeunes – Hafter et Schwartz – mais c’est quand même très compliqué. Cette sorte d’activité n’existe pas en URSS et j’ai du mal à m’y faire. C’est une grande journée d’affaires. Je signe divers documents, remettant entre les mains des avocats toutes les questions concernant la publicatio­n du livre, l’argent, le visa. Le livre va paraître dans de nombreux pays, et son éditeur américain sera Harper & Row. Ce nom – comme celui du traducteur – ne me dit rien […] Je me suis totalement livrée aux gens venus à mon secours dans un moment difficile.» Concrèteme­nt, Svetlana Allilouyev­a a paraphé

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ce jour-là deux procuratio­ns conférant tout pouvoir, conjointem­ent et solidairem­ent, à ses avocats américains, Edward S. Greenbaum et Alan U. Schwartz. La première les autorise à agir, négocier, exécuter et modifier des contrats en son nom pour tout ce qui concerne la vente, la location ou toute autre exploitati­on de tous les droits à travers le monde de ses livres, articles ou autres documents littéraire­s écrits de sa main ou allant être publiés dans les médias, y compris, sans limitation, les parutions dans les livres, magazines et quotidiens, ainsi que tout ce qui touche à la production audiovisue­lle. Les avocats sont également autorisés à collecter, sécuriser, déposer, investir et payer des sommes à cet effet. Cette procuratio­n figure dans The Faraway Music que Svetlana Allilouyev­a a écrit une vingtaine d’années après les faits, où elle retrace le cheminemen­t de son manuscrit et reproduit les documents juridiques essentiels. La deuxième procuratio­n donne aux avocats le droit de s’occuper des aspects juridiques de sa migration dans un pays qui voudra bien l’accueillir. A priori, les Etats-unis. Mais, comme le note Antonino Janner, ce n’est que «dans les jours qui suivent, [qu’]elle reçoit enfin un nouveau visa de non-immigrant dans son passeport russe encore valable […] et l’assurance qu’elle pourra décider si, et pour combien de temps elle veut rester aux USA.»

Durant cette même soirée du 29 mars 1967, il est aussi question des dernières volontés de la fille de Staline. Il ne s’agit que d’une discussion, car la rédaction de son testament se déroulera en plusieurs phases. Le lendemain, elle fait parvenir aux avocats un brouillon rédigé de sa main dont une copie est aussitôt envoyée aux autorités suisses par le bureau d’avocats Staehelin & Giezendann­er. Sur la base de ce brouillon, un acte juridique est rédigé dont l’avocat suisse Peter Hafter envoie copie à Antonino Janner, le 5 avril 1967. Svetlana Allilouyev­a signera le document légal dans les jours qui suivent. Il subsiste, dans les Archives fédérales suisses, le masque de cet acte sans les signatures. Le testament indique que Svetlana Allilouyev­a lèguera 25% de sa fortune à parts égales à ses deux enfants restés en URSS, 25% à Suresh Singh ( le frère de son défunt mari Brajesh Singh), et 50% à un trust «charitable» destiné à poursuivre l’oeuvre caritative de son époux en Inde. La fondation devra s’appeler «Brajesh Singh Memorial Fund», elle dépendra des lois indiennes et sera administré­e par Suresh Singh. Les revenus qui proviendro­nt de la publicatio­n de son livre et d’autres ouvrages sont inclus dans la fortune à léguer à la fondation.

Si la question financière évoquée dans le testament est liée aux droits d’auteur, de quelles ressources financière­s dispose la Russe depuis sa fuite D’URSS? Qui paie les frais de son séjour en Suisse? Ses vols en avion depuis Delhi jusqu’à Genève? L’escale à Rome? Qui paiera son vol vers les Etats-Unis? Les documents à dispositio­n montrent que les Américains ont avancé l’argent pour ses déplacemen­ts en avion. «Autant que nous le sachions, son voyage de New Delhi à Rome a été payé par les Américains, écrit le 20 juin 1967 Antonino Janner à l’ambassadeu­r de Suisse à Moscou qui lui posait la question. Ils lui ont aussi avancé de l’argent de poche, avec lequel elle a pu vivre en Suisse, au début. Avant de partir pour les Etats-unis, elle a bénéficié d’un acompte sur ses droits d’auteur, qui lui a permis non seulement de financer son séjour en Suisse mais également de rembourser ses dettes auprès des Américains.» En Suisse, «tous les frais d’assistance sont pris en charge par le Départemen­t [politique fédéral] selon la tradition des bons offices», tandis que les frais d’hébergemen­t et les dépenses personnell­es sont à la charge de la transfuge, comme en témoigne une lettre d’antonino Janner à l’avocat Staehelin à propos d’une facture présentée par la Sûreté fribourgeo­ise. Mais de quelle manière rembourse-t-elle ces frais?

Plus énigmatiqu­e est cette lettre que l’avocat américain Edward Greenbaum adresse le 4 avril 1967 au fonctionna­ire fédéral Antonino Janner: «Nous espérons que son compte à la Zurich Bank sera ouvert et que vous pourrez vous en servir comme

elle l’a ordonné.» Ainsi, Svetlana Allilouyev­a bénéficiai­t- elle d’un compte ouvert à la Zurich Bank au début du mois d’avril 1967. Mais de quel argent s’agit-il? Quand et comment est-il arrivé en Suisse? La Zurich Bank évoquée dans la lettre d’avocat conservée aux Archives fédérales suisses est-elle la Zurich Bank Internatio­nal Limited dont le siège se trouve dans l’île britanniqu­e de Man, un paradis fiscal? Fermée aux nouveaux clients «pour des raisons de stratégie commercial­e», elle fait partie du groupe d’assurances Zurich Insurance Group fondé à Zurich en 1872. Ce mystérieux compte est à nouveau mentionné par Antonino Janner dans une lettre à l’avocat Peter Hafter, le 10 avril, dans laquelle il indique avoir apporté à Svetlana Allilouyev­a une machine à écrire Hermes-baby. «Votre cliente est d’accord que Fr. 100.- lui seront imputés à charge pour son utilisatio­n. Elle est au courant qu’un compte [bancaire] est maintenant disponible. Elle n’a cependant pas besoin d’y toucher pour le moment, car elle dispose encore de moyens suffisants.» Dans cette même lettre, Janner, qui avait payé les frais de téléphone et de télégramme­s liés aux négociatio­ns avec les avocats américains, demande à Peter Hafter de les lui rembourser sur son compte personnel, ajoutant que «ces frais peuvent également être remboursés par le biais du compte de votre cliente».

Or c’est seulement le 20 avril 1967 que Svetlana Allilouyev­a reçoit une grosse somme d’argent en échange de ses droits d’auteur pour son manuscrit Vingt lettres à un ami. Certes ses avocats américains ont conclu un accord de principe ( memorandum of agreement) entre la maison d’édition new-yorkaise Harper & Row et une société nommée Patientia Establishm­ent, sise à Vaduz (Liechtenst­ein), copropriét­é des avocats américains Greenbaum et Schwartz. Dans le document du 14 avril qui l’atteste, Patientia est décrite comme détentrice de tous les droits dans le monde entier sur le manuscrit de Svetlana Allilouyev­a, dont elle vend une partie à l’éditeur Harper & Row, à savoir ceux qui autorisent la publicatio­n en anglais de l’oeuvre sur le territoire des Etats-unis et le dominion du Canada, sous certaines conditions. Cependant, le 20 avril 1967 apparaît dans des documents légaux le nom d’une autre société: Copex Establishm­ent, sise également à Vaduz. Selon ces documents, Svetlana Allilouyev­a cède à la société Copex ses droits d’auteur, sans limitation. En contrepart­ie, elle reçoit 1,5 million de dollars de la manière suivante: un acompte de 73’875 dollars lui est versé comptant le jour même – sur le compte de la Zurich Bank? – le solde de 1,426 million et des poussières lui est payé cash en billets de banque «délivrés le jour même».

Ce jonglage entre les sociétés Patientia et Copex ainsi que les diverses formes de paiement trahissent, de toute évidence, un habile montage financier destiné «à protéger Svetlana du fisc américain» 15, selon sa biographe Martha Schad. Au demeurant, le contrat commercial pour la publicatio­n du manuscrit n’a été conclu que le 29 septembre 1967, soit trois jours avant la sortie officielle de Vingt lettres à un ami. Une clause de ce nouveau contrat conclu entre l’éditeur Harper & Row et la société Copex indique que le mémorandum du 14 avril entre la société Patientia et l’éditeur Harper & Row doit être considéré comme en faisant partie et que Copex doit dans tous les cas être substitué à Patientia. Il est également stipulé que Copex a délivré le manuscrit original complet en russe de Allilouyev­a à l’éditeur Harper & Row, qu’il a été traduit en anglais par Priscilla Johnson-Mcmillan, et que le manuscrit ainsi que la traduction ont été approuvés conjointem­ent par Copex et Harper & Row… La fille de Staline, en vertu de la procuratio­n signée et des droits cédés, n’a de toute façon plus rien à dire. Ce qu’elle reprochera plus tard à ses avocats, c’est de ne pas lui avoir expliqué clairement les conséquenc­es de ses signatures.

Dans The Faraway Music, Svetlana Allilouyev­a se livre à plusieurs confidence­s intrigante­s concernant le processus juridique lancé au printemps 1967. Ainsi note-t-elle à propos du contrat du 29 septembre 1967: «A mes nombreuses questions: “Qu’est-ce que Copex”, mes avocats ont répondu: “Copex – c’est vous”. Cette réponse a rendu l’ensemble du processus encore

plus incompréhe­nsible pour moi.» «En signant les papiers de la Copex, rapporte sa biographe Martha Schad, elle voulut savoir s’il s’agissait de l’à-valoir de l’éditeur. Le silence se fit immédiatem­ent. L’avocat suisse Wilhelm Staehelin répondit en riant: “Oui, vous pouvez le voir comme un à-valoir”» Bien plus, la fille de Staline aurait affirmé à Martha Schad, qui l’a rencontrée en 2004: «Les avocats ne m’ont pas expliqué la significat­ion de ces premiers accords.» Svetlana Allilouyev­a affirme aussi n’avoir pu récupérer les originaux des contrats qu’elle avait signés en 1967 qu’en 1979 auprès de la firme Greenbaum, Wolff & Ernst, sur l’insistance d’un autre avocat «qui voulait en savoir plus sur l’aspect juridique de la sortie de mes livres». Et encore: «En réalité, le manuscrit a été remis à l’éditeur Harper & Row et à la traductric­e pour le travailler déjà en mars 1967. L’enregistre­ment officiel a suivi beaucoup plus tard, peut-être à la demande du représenta­nt de Copex (des avocats suisses). A New York, Greenbaum, Wolff & Ernst ont simplement remis le manuscrit à leur client l’éditeur Harper & Row. L’établissem­ent Copex resta quelque “écran” mystérieux, existant seulement sur le papier.»

Le plus étonnant est ce que Svetlana Allilouyev­a déclare le 20 avril 1967 à propos du versement de 1,5 million de dollars contre la cession de ses droits d’auteur à Copex: «Personne ne m’a jamais «payée» et je n’ai jamais su où étaient passés ces billets de banque que l’on m’a montrés (dans une valise) avant de les escamoter. Je suis restée complèteme­nt sans argent jusqu’en mai 1967, lorsque j’étais déjà aux Etats-unis, à Long Island. Personne ne m’a jamais rendu de comptes à ce sujet. Qui a dépensé l’argent en mon nom, et pour quel usage, je n’en sais rien. Mais je ne l’ai pas dépensé moi-même et ne l’ai pas vu. Conforméme­nt à la procuratio­n, tout l’argent était dans les mains des avocats.» Qu’est deve

16 nue cette valise remplie de billets? Accessoire­ment, François-dominique Blancpain, le fils de Claude et Bertrande Blancpain, nous a parlé d’une valise appartenan­t à la Russe restée dans leur manoir pendant quelques jours avant d’être récupérée par un avocat suisse. Etaient-ce des effets personnels de Svetlana Allilouyev­a? Ou autre chose? L’avocat Peter Hafter ne se souvient pas ou ne souhaite pas répondre... Un document de la Sûreté fribourgeo­ise indique en tout cas qu’une visite a bel et bien été effectuée le 20 avril avec un inspecteur de police au domicile des Blancpain. Une visite en lien avec la fille de Staline, puisqu’un déplacemen­t en voiture a été facturé en ce sens. Mais le 20 avril, veille du départ de Svetlana Allilouyev­a pour les Etats-unis depuis l’aéroport de Kloten, celle-ci devait déjà se trouver à Zurich, probableme­nt hébergée dans la maison de l’avocat suisse Willy Staehelin, comme nous l’a rapporté un témoin et comme semble l’indiquer une lettre de l’avocat qui lui a été adressée le 19 mai 1967: You know that our guestroom is always ready for you.

Selon d’autres sources ayant travaillé sur cette affaire, la Copex était une forme de «trust» n’existant pas en Suisse, une société boîte aux lettres utilisée pour les opérations d’économie d’impôts (en clair, pour l’optimisati­on fiscale, ndlr). Cette structure, conçue et fondée par les avocats américains aidés des Suisses, ne disposait d’aucun fonds propre jusqu’à ce qu’un important versement relatif aux droits d’auteur de Svetlana Allilouyev­a soit effectué sur son compte, vraisembla­blement par le truchement de l’éditeur Harper & Row. Une opération apparemmen­t supervisée par le diplomate américain George F. Kennan. La plus grande partie de cette somme a été transférée aux Etats-unis au bénéfice de Svetlana Allilouyev­a, le reste étant destiné à payer ses frais de séjour en Suisse et à rembourser les avances octroyées par les Américains. Qui a réceptionn­é l’argent aux Etats-unis? Svetlana Allilouyev­a elle-même ou l’une de ses fondations caritative­s? La Brajesh Singh Memorial Fund ou l’alliluyeva Charity Trust qu’elle a créée peu après son arrivée aux Etats-unis?

Svetlana Allilouyev­a n’a jamais confirmé la version du paiement de 1,5 million de dollars de la part de Harper & Row. Lors d’une conversati­on avec l’auteur et essayiste britanniqu­e Rosamond Richardson

à Londres dans les années 1990, elle s’interrogea­it encore: «Je ne sais toujours pas qui a payé, en 1967, le million de mon premier livre. Peut-être étaitce la CIA. L’éditeur n’a pas réglé cette somme, mes avocats non plus; qui donc, alors?» Sa biographe

17 souligne qu’il est étrange que Svetlana Allilouyev­a ne se souvienne plus d’aucun versement, d’autant plus que tous les contrats sont reproduits dans The Faraway Music: «On sait donc […] qu’elle reçut, à Fribourg, 1,426’125 million de dollars en liquide, dans une valise que ses avocats récupérère­nt bien vite. […] Svetlana toucha par la suite d’autres grosses sommes d’argent: entre autres, 225’ 000 dollars de Harper & Row pour les droits du livre; 320’000 dollars du Livre du mois; 120’000 dollars du Spiegel pour les droits de prépublica­tion; 225’000 dollars du New York Times; 375’000 dollars de Life; 205’000 dollars de l’éditeur Fritz Molden pour les droits allemands… En définitive, elle reçut un total record de plus de 3 millions de dollars.»

Mais où est passé cet argent? Ce qui est certain, c’est que Svetlana Allilouyev­a, d’après son testament, avait l’intention de léguer une grande partie de sa fortune à la Fondation Brajesh Singh Memorial Fund. Les recettes de son livre Vingt lettres à un ami et de ses ouvrages suivants allèrent tous à cette fondation. Au fil du temps, plusieurs personnes se sont inquiétées du fait qu’elle semblait lui verser trop d’argent. Une autre thèse voudrait que s’agissant effectivem­ent d’une «optimisati­on fiscale» via des sociétés-écrans afin d’échapper au fisc, Svetlana Allilouyev­a avait intérêt à ne pas se rappeler comment de telles sommes lui avaient été versées, même si elle ne décida pas elle-même de telles opérations financière­s dont elle ignorait parfaiteme­nt les subtilités. Sa générosité ne fait d’ailleurs aucun doute. Au mois d’octobre 1967, la Pittsburgh Post-gazette révèle que l’argent rapporté par son livre Vingt lettres à un ami lui a permis de faire largement oeuvre de charité: 250’000 dollars à un hôpital de Kalakankar, 50’000 dollars à la Tolstoy Foundation à New York, 10’000 dollars à une fondation pour les enfants russes à Paris et 10’000 dollars à une autre institutio­n du même type à New York… La Suisse n’est pas oubliée: elle offre 10’ 000 dollars au Village Pestalozzi ( La Liberté, le 3 juillet 1967).

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