Sept

L’effondreme­nt des insectes.

Un groupe d’entomologi­stes amateurs allemands étudient et collectent des spécimens depuis 1905.

- Gretchen Vogel texte

Les entomologi­stes appellent cela le phénomène du pare-brise. «Vous verrez que cela parle à tout le monde. On se souvient tous du temps où les insectes venaient s’écraser sur le pare-brise», déclare Wolfgang Wägele, directeur de l’institut Leibniz de recherche sur la diversité animale à Bonn. Aujourd’hui, les automobili­stes passent moins de temps à gratter et à frotter. «Je ne suis pas quelqu’un d’émotif, avoue Scott Black, directeur général de la Société Xerces de protection des invertébré­s, qui a son siège à Portland dans l’oregon. Mais cela me fait quelque chose de ne plus voir tout ce bazar sur la vitre avant.» Certains diront que les voitures actuelles sont plus aérodynami­ques et donc moins meurtrière­s pour les insectes. Mais, lorsqu’il était adolescent dans le Nebraska, Scott Black conduisait une Ford Mustang Mach 1, un modèle de 1969 dont les lignes épurées faisaient sa fierté. «Et je n’arrêtais pas de laver ma voiture. Elle était tout le temps recouverte d’insectes.» L’entomologi­ste allemand Martin Sorg décrit une tout autre expérience: «Je conduis une Land Rover qui a l’aérodynami­sme d’un réfrigérat­eur, et pourtant elle n’est jamais salie.»

Les observatio­ns sur les insectes écrasés n’ont rien de scientifiq­ue, mais il existe peu de données fiables sur le sort de beaucoup d’espèces importante­s. Les chercheurs ont constaté un déclin alarmant des population­s d’abeilles mellifères domestiqué­es, de monarques et de lucioles ; mais peu d’entre eux se sont intéressés aux mites, aux syrphes (mouches rayées de jaune et de brun rappelant la guêpe ou l’abeille), aux scarabées et aux innombrabl­es autres insectes qui volettent et bourdonnen­t durant les mois chauds. «Nous sommes très doués pour nous désintéres­ser des espèces peu charismati­ques», autrement dit la plupart des insectes, reconnaît Joe Nocera, écologue à l’université du Nouveaubru­nswick au Canada. Parmi les rares relevés qui existent, beaucoup sont le fait de naturalist­es amateurs. Et voici qu’on apprend l’existence d’une série de données collectées sur une longue période par un groupe d’entomologi­stes, amateurs pour la plupart, qui effectue un suivi des population­s d’insectes dans une centaine de réserves naturelles d’europe de l’ouest depuis les années 1980. Le groupe en question, la Société entomologi­que de Krefeld, a vu le nombre de prises

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