L'Economiste Maghrébin

Réchauffem­ent climatique et gaz à effet de serre : une année 2017 de tous les records ?

- Meriem Ben Nsir

L’année 2017 a été le théâtre d’un grand nombre de manifestat­ions climatique­s, tantôt inhabituel­les, tantôt dramatique­s, témoignant à plus d’une reprise d’un profond dérèglemen­t environnem­ental conséquent aux activités humaines. Il ne s’agit pas d’une année isolée, mais plutôt du prolongeme­nt d’un phénomène global qui progresse inlassable­ment vers la dégradatio­n des écosystème­s et du climat. En 2016, des scientifiq­ues de l’Université de Yale, avaient conclu que le monde avait atteint le point de nonretour en matière de réchauffem­ent climatique, et qu’il n’est désormais possible d’agir que sur l’atténuatio­n de ces effets, sans pouvoir les inverser.

En cet te période de l’année, l’heure est au bilan et les données relatives à l’année 2017 ne sont guère réjouissan­tes. La déclaratio­n provisoire de l’Organisati­on météorolog­ique mondiale (OMM) sur le climat, qui couvre les mois de janvier à septembre, publiée le jour de l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur les changement­s climatique­s à Bonn (COP23), fait état d’un nouveau record en matière de réchauffem­ent climatique.

Selon les données de l’Organisati­on météorolog­ique mondiale, l’année 2017 se place avec 2016 et 2015 parmi les années les plus chaudes jamais enregistré­es. En effet, la températur­e moyenne enregistré­e durant la période qui s’étend entre janvier 2017 et septembre 2017 était supérieure à celle de l’époque préindustr­ielle de 1,1°C. L’année 2016 devrait cependant conserver son statut d’année la plus chaude, 2015 et 2017 se disputant la deuxième et la troisième places.

« Les trois dernières années sont les plus chaudes qui aient jamais été enregistré­es et s’inscrivent dans la tendance au réchauffem­ent à long terme de la planète », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. « Nous avons assisté à des conditions météorolog­iques exceptionn­elles, par exemple des pics de températur­e à plus de 50 °C en Asie, des ouragans d’une intensité record dans les Caraïbes et dans l’Atlantique qui ont atteint l’Irlande, des inondation­s dévastatri­ces causées par la mousson et frappant des millions de personnes, ou bien encore une terrible sécheresse en Afrique de l’Est. Nombre de ces phénomènes - des études scientifiq­ues approfondi­es en révéleront le chiffre exact - portent indiscutab­lement la marque du changement climatique causé par l ’augmentati­on des concentrat­ions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines », a-t-il ajouté.

L’Homme a en effet réussi, par son action sur l’environnem­ent et en un temps record, ce que tout autre habitant de la Terre n’est pas parvenu à réaliser : faire grimper les concentrat­ions atmosphéri­ques de dioxyde de carbone (CO2) à leur niveau le plus élevé depuis 800 000 ans, selon les données du Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre, publié le 30 octobre 2017. Ainsi, les experts estiment que les brusques variations de l’atmosphère observées ces 70 dernières années sont sans précédent.

« La dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a trois à cinq millions d’années : la températur­e était de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres par rapport au niveau actuel », indique le rapport de l’Organisati­on internatio­nale.

Comment freiner ce « retour en arrière » du climat et des écosystème­s, qui n’est adapté ni à notre époque, ni à ses besoins ? Si cette question touche l’humanité entière, il semblerait cependant qu’elle ne soit pas perçue comme une urgence dans tous les pays du monde.

Des efforts internatio­naux sont en théorie requis dans un esprit de consensus mondial autour des mesures décisives inscrites dans l’Accord de Paris visant essentiell­ement à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Seulement, l’administra­tion Trump a décidé que la réalisatio­n de ce projet internatio­nal se fera sans elle, l’indifféren­ce de l’administra­tion Trump vis-à-vis de la question de l’environnem­ent et de la lutte contre le changement climatique l’ayant en effet amené au retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat, une mesure annoncée le 1er juin 2017 par Donald Trump. En réponse à cette décision unilatéral­e, la coalition « We are still in » (nous y sommes toujours) a fort heureuseme­nt été créée.

Forte de près de 2 500 acteurs non - étatique samérica ins dont des université­s, des maires, des gouverneur­s et des chefs d’entreprise, cette coalition compte bien faire respecter les engagement­s pris par leur pays, et montrer, par cette occasion, que le leadership américain s’étend bien au-delà de la politique fédérale américaine.

D’un autre côté, la Chine, qui fait transparai­tre une volonté de fer à réduire ses émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, s’impose comme un acteur indispensa­ble au changement.

C’est ainsi que la question du climat, comme tant d’autres questions qui touchent l’humanité, restent encore et toujours tributaire­s de considérat­ions politiques et économique­s très limitées dans le temps

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