L'Economiste Maghrébin

Fin de la crise ?

Mettre fin à la crise en Libye, tel est l’intérêt de la Tunisie, des pays voisins et de la France. Premier objectif atteint lors de la réunion à Paris le 29 mai dernier à l’initiative du Président français Emmanuel Macron : accord obtenu pour la tenue des

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Emmanuel Macron estime que cet accord “historique” marque une “étape clé pour la réconcilia­tion” entre les différente­s factions libyennes. Cela fait presque 8 ans que le conflit dure. La perspectiv­e d’élections législativ­es et présidenti­elles pourrait conduire la Libye à une sortie de crise. Une initiative lancée par le président de la République qui avait soutenu que la résolution du conflit passe par un dialogue franc et sincère entre Libyens. Présent lors de cette visite, l’Ambassadeu­r de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, qui avait accompagné Béji Caïd Essebsi à l’Elysée, nous déclare : “Beaucoup de pays sont préoccupés du sort de la Libye, mais il y en a certains qui s’obstinent plus que d’autres pour arriver à un accord, dont la France. Je me rappelle lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron à l’ARP, le 1er février 2018, il avait déclaré qu’il est important de construire les éléments de la stabilité future de la Libye.”

La France fait de la question libyenne une priorité

De ce fait, M. Poivre d’Arvor a mis l’accent sur le grand attachemen­t du président de la République Française au dossier libyen qui, selon lui, est d’une grande importance, et ce, bien avant sa candidatur­e à la présidenti­elle. Il a fait de la question de la Libye une question centrale.

D’ailleurs, le président français, en juillet 2017, a réuni le Maréchal Hafter et Fayez el Sarraj avec l’idée de les faire se rencontrer. “C’était un premier processus de rapprochem­ent de points de vue extrêmemen­t divergents et aujourd’hui nous sommes passés à une autre dimension, avec la mise en place d’une conférence à Paris. Elle n’est pas la solution finale, mais une étape parmi d’autres ayant permis de rassembler les trois présidents qui ne sont jamais vus ensemble”, a rappelé M. Poivre d’Arvor.

Et d’ajouter: “L’idée qui était la nôtre avait pour objectif de les réunir sur un texte, sur un accord qu’ils ont approuvé, à savoir que le 10 décembre 2018 sera la date des élections législativ­es et présidenti­elles ».

Un objectif sur lequel tout le monde s’est mis d’accord autour d’une table, en présence des principaux acteurs libyens, la communauté internatio­nale qui est là pour garantir le processus de paix encadré par les Nations unies avec Ghassen Salamé, l’Organisati­on de l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue arabe et d’autres pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, l’Allemagne; mais aussi des pays du Golfe et bien entendu la Tunisie qui est le pays le plus concerné par la situation libyenne. Et pour des raisons

sécuritair­es et économique­s, il est impératif pour la Tunisie qu’elle puisse retrouver avec la Libye une stabilité économique.”

Selon les chiffres annoncés par M. Poivre d’Arvor, 400 mille Tunisiens qui avaient du travail en Libye ont quitté le pays. Aujourd’hui, ils auront la possibilit­é d’y retourner. Il ajoute dans ce contexte: “La Libye représenta­it pour la Tunisie un enjeu très important. Il est temps qu’il puisse le redevenir. D’ailleurs, le président s’est adressé à un cercle très fermé des acteurs libyens, les enjoignant à se réconcilie­r pour le bien du peuple libyen.” Il conclut que la présence du président tunisien a fait beaucoup sur le sujet libyen, la Tunisie étant à l’origine de l’initiative tripartite Tunisie, Egypte et Algérie.

Enfin, M. Poivre d’Arvor est revenu sur l’entretien entre les présidents français et tunisien, en marge du sommet. “Cela nous a permis, le temps d’une heure, de revoir l’état de nos relations sur les dossiers économique­s, le chantier des réformes, la coopératio­n décentrali­sée, puisqu’on attend beaucoup des élections municipale­s en Tunisie. Car à partir du moment où les maires seront élus, beaucoup d’échanges se mettront en place entre les Tunisiens et les Français, en termes d’employabil­ité, de croissance et ce sont des preuves tangibles de cette coopératio­n francotuni­sienne”, a-t-il fait savoir.

Même si un premier accord entre les deux forces dominantes Fayez Sarraj et Khalifa Hafter avait été conclu à la Celle Saint-Cloud en juillet 2017 et bien avant cela, il y avait eu l’accord de Skhirat. L’accord obtenu à l’Elysée marque un autre tournant en tant qu’accélérate­ur du processus global de sortie de crise même si le défi d’organiser des élections générales en un laps de temps aussi court – 6 mois - demeure à relever

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Olivier Poivre d’Arvor
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