Tarak Chérif : « Un noUveaU goUloT d’éTranglemenT qUi vienT s’ajoUTer aUx nombreUx handiCaps eT obsTaCles
TTarak Chérif, président de la Conect, d’habitude si nuancé est catégorique même si les autorités monétaires justifient la décision d’augmentation du taux d’intérêt directeur de la BCT par la nécessité de juguler la forte accélération du taux d’inflation constaté depuis le début de l’année en cours et qui a atteint 7,7% au mois de mai dernier, il n’en demeure pas moins important de souligner les lourdes et graves conséquences d’une telle décision sur l’activité économique dans le pays, notamment au niveau de l’investissement, des exportations et la création d’emplois.
Il précise que ces effets sont d’autant plus sensibles qu’en trois mois le taux d’intérêt directeur a subi deux fortes augmentations passant de 5 à 5,75% en mars dernier puis à 6,75% en juin 2018, soit une augmentation de 35%.
La conséquence immédiate est que le TMM a, selon ses propos, atteint au début du mois de juillet un seuil historique de 7,25%, le plus élevé depuis vingt ans. Et en ajoutant la marge bancaire qui est de l’ordre de 2 à 5% et les commissions, le taux effectif de financement pour les entreprises tunisiennes dépasserait les 10%, voire les 12% alors que ce taux est souvent inférieur à 3% et même à 1% pour nos concurrents dans de nombreux pays de la région, en particulier les pays de l’Union Européenne.
Le président de la Confédération patronale soutient qu’il s’agit d’un nouveau goulot d’étranglement qui vient s’ajouter aux nombreux handicaps et obstacles dont souffrent les entreprises tunisiennes concernant surtout le manque de visibilité, la lourde pression fiscale, les problèmes de logistique, le faible degré de productivité et de compétitivité, la lourdeur des procédures administratives et l’inadaptation des incitations et des encouragements.
L’investisseur doit, de ce fait, composer avec tous ces obstacles et identifier des projets à forte rentabilité dépassant les 20 à 25% dans un environnement ouvert et fortement concurrentiel pour pouvoir faire face à des coûts de financement aussi exorbitants. Autant dire mission impossible.
La situation est d’autant plus que, selon M. Chérif, qu’en ce moment de nombreux pays concurrents ont décidé de nouvelles facilitations logistiques et des incitations fiscales pour stimuler les investissements et renforcer leur degré de compétitivité et d’attractivité.
Face à cette situation, Tarak Chérif a la ferme conviction que la solution ne peut résider en une simple modulation d’outils et mécanismes monétaires et financiers qui ne peuvent que nous engager dans des spirales lourdes de conséquences. Elle doit être plus profonde et globale. D’où l’accélération de la mise en oeuvre des réformes stratégiques, l’amélioration de l’environnement des affaires dans le pays, la lutte contre l’informel et le commerce parallèle, la mise en oeuvre de mesures adéquates pour lutter contre la dépréciation du dinar et l’accroissement de la productivité et du degré de compétitivité des entreprises tunisiennes, autant d’actions qu’il convient d’engager sans délai.
Et tout report ou retard dans la mise en oeuvre de ces mesures ne peut qu’aggraver la situation et risque même d’être à l’origine d’un nouveau déclenchement du processus de hausse du taux d’intérêt directeur