L'Economiste Maghrébin

ZoUhair el kadhi : « la bCT doiT resTer Très prUdenTe

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De son côté, Zouhair El Kadhi, directeur général de l’Itecq, a indiqué que suite à cette augmentati­on de 100 points de base du taux d’intérêt directeur de la BCT, beaucoup d’économiste­s et d’experts se sont posé la question : pourquoi une hausse aussi importante ?

Dans ce sens, il faut, de prime abord, revenir sur quelques principes économique­s. Aujourd’hui la situation économique en Tunisie est très complexe. Il y a une inflation assez importante, à hauteur de 7,8% à fin juin 2018. Et si on regarde le taux d’intérêt nominal, on remarque que le taux d’intérêt réel est en zone négative. De ce fait, la BCT doit, selon ses dires, gérer une situation assez difficile. Elle doit, ainsi, maintenir l’inflation sous contrôle et chercher à ne pas trop pénaliser une croissance encore fragile. La Bct agira sur les taux tant que l’inflation continue sur sa tendance haussière.

Et d’ajouter qu’actuelleme­nt, le taux d’intérêt réel est donc négatif si bien que même une nouvelle hausse laisserait les taux réels en zone négative. Ceci signifie que si nous déposions aujourd’hui de l’argent sur un compte épargne, nous perdrions de l'argent puisque le taux d'inflation est supérieur au taux d'intérêt nominal perçu. La perte est

bien sûr d'autant plus forte si l'argent n'est pas rémunéré et il est évident que le pouvoir d’achat des Tunisiens a baissé du fait de la hausse de l’inflation.

M. El Kadhi a estimé que contrairem­ent à ce qui se dit, le taux d’intérêt réel devrait en toute logique permettre une meilleure allocation de l’épargne, et par conséquent, une augmentati­on de l’investisse­ment.

Il est, cependant, vrai que les conditions de financemen­t sont difficiles, notamment pour les petites et moyennes entreprise­s (PME), et le fait d’augmenter le taux d’intérêt rendra certaineme­nt la situation encore plus complexe par le renchériss­ement du coût du crédit. L'augmentati­on du taux d’intérêt directeur peut donc avoir des conséquenc­es négatives sur l’investisse­ment car les investisse­urs, notamment locaux, s’intéressen­t surtout aux taux nominaux qui, selon eux, vont toucher directemen­t le coût des crédits. Mais cet impact n’est au final pas aussi important que ce que beaucoup de personnes pensent car, outre le fait que c'est le taux réel qui compte, dans le contexte actuel de la Tunisie, l’investisse­ment est plutôt déterminé par une certaine stabilité macroécono­mique et politique ainsi qu’une visibilité à long terme.

Au final, Zouhair El Kadhi a estimé qu’il s'avère que la BCT n’a pas beaucoup de choix. Elle est obligée d’augmenter le taux d’intérêt directeur et sera probableme­nt obligée de l’augmenter davantage dans les mois qui viennent afin de lutter contre l’inflation. Quoi qu'il en soit, un taux d’intérêt réel négatif est le fruit d’un déséquilib­re persistant et indique que la tendance au ralentisse­ment économique est toujours en cours. De plus, une telle situation encourage les agents économique­s à détenir de la liquidité ou un actif liquide comme l’or. La BCT doit, donc, rester très prudente et continuer à injecter de la liquidité dans le système bancaire

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