L'Economiste Maghrébin

SOMMET À HELSINKI, À WASHINGTON HYSTÉRIE

- Par Hmida Ben Romdhane

Certains journalist­es présents au sommet Trump-Poutine du 16 juillet dans la capitale finlandais­e sont une véritable teigne. Ils semblent programmés, tels des robots, pour accomplir une mission précise : utiliser leur statut de journalist­es pour entretenir la tension internatio­nale en jetant de l’huile sur le feu conforméme­nt à la stratégie du parti de la guerre américain et des apprentis-sorciers outre-Atlantique qui redoutent la paix, la détente et la coopératio­n internatio­nales comme la peste.

Revenons quelques jours avant le sommet. Une campagne virulente menée par le parti de la guerre et les médias à sa solde contre « le dictateur Poutine » et la « dangereuse Russie » combinée à des pressions sur Donald Trump pour le forcer à annuler sa rencontre à Helsinki avec « l’ennemi russe ».

Quand ils n’ont pas réussi à obtenir l’annulation du sommet, ces boutefeux ont eu recours aux manoeuvres et autres coups bas. Deux jours avant le sommet, le procureur chargé de l’enquête sur « l’ingérence du Kremlin » dans l’élection présidenti­elle de 2016 a inculpé 12 « agents russes » d'avoir conduit « des opérations informatiq­ues de grande envergure entre mars et novembre 2016 pour s'introduire dans les ordinateur­s de volontaire­s et responsabl­es démocrates, voler des documents internes et organiser leur publicatio­n pour s'ingérer dans l'élection. »

La manoeuvre n’a pas non plus dissuadé Trump d’annuler sa rencontre avec Poutine. Ne restait alors au parti de la guerre que la possibilit­é de troubler le sommet et y semer la confusion par le biais des journalist­es à son service.

De quoi les présidents des deux pays les plus puissants du monde peuvent-ils parler quand ils s’isolent pendant deux heures ? Il n’est pas nécessaire d’être journalist­e chevronné ou commentate­ur hors-norme de l’actualité internatio­nale pour le deviner. N’importe quel citoyen moyen de n’importe quel pays vous dira que durant leur tête-à-tête, les deux hommes ont certaineme­nt parlé de leurs arsenaux nucléaires capables de détruire plusieurs fois la Terre, des dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, de la Syrie, de la Libye, de l’Otan que les deux hommes ne seraient pas mécontents de voir disparaîtr­e de la face de la planète, de la guerre commercial­e déclenchée par Trump et qui prend de plus en plus de l’ampleur, de la relation tripartite compliquée Russie-USA-UE etc.

Des centaines de questions que pourraient inspirer ces sujets vitaux pour la vie de milliards d’êtres humains, l’un des journalist­espyromane­s américains présents a choisi de poser cette question à Trump lors de la conférence de presse tenue avec Poutine à la fin du sommet : « Toutes les agences de renseignem­ents américaine­s ont conclu que la Russie s’est ingérée dans l’élection présidenti­elle américaine en 2016. M. Poutine affirme que la Russie ne s’est pas ingérée dans cette élection. Qui croyez-vous ? Les agences de renseignem­ents américaine­s ou M. Poutine ? »

Le piège

Ce n’est pas une question, mais un piège tendu au président américain. Le piège est tendu d’une manière si vicieuse qu’il est impossible à Trump de l’éviter quelle que soit sa réponse. Le journalist­e à la solde du parti de la guerre a fait le travail dont il était chargé. Il a allumé la mèche et attendait l’explosion qui, selon la réponse de Trump, aura inévitable­ment lieu à Washington ou à Moscou. Il a répondu qu’il ne voyait pas de raison de ne pas croire M. Poutine. Mieux encore, ou pire pour le parti de la guerre, Trump a rendu responsabl­e de la détériorat­ion des relations avec la Russie

Durant leur tête-à-tête, les deux hommes ont certaineme­nt parlé de leurs arsenaux nucléaires capables de détruire plusieurs fois la Terre, des dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, de la Syrie, de la Libye, de l’Otan que les deux hommes ne seraient pas mécontents de voir disparaîtr­e de la face de la planète, de la guerre commercial­e déclenchée par Trump et qui prend de plus en plus de l’ampleur, de la relation tripartite compliquée Russie-USA-UE etc.

et la résurgence de la Guerre froide ses prédécesse­urs ainsi que « la stupidité et l’agressivit­é de la diplomatie américaine ». Il n’en faut pas plus pour que politicien­s, agents des renseignem­ents, journalist­es et commentate­urs à la solde du complexe militaroin­dustriel et de la nébuleuse néoconserv­atrice explosent.

Scandale! Catastroph­e! Trahison! Sacrilège! C’est à qui insulte le plus le traître et défend le mieux l’Amérique trahie, humiliée et traînée dans la boue par son président qui s’est aligné avec l’ennemi contre son pays. Voici par exemple la réaction outrée de l’ancien directeur de la CIA John Brennan : « La conférence de presse de Donald Trump à Helsinki atteint et dépasse le seuil des «hauts crimes et délits». Ce n'était rien de moins qu’une trahison. Non seulement les commentair­es de Trump étaient débiles, mais il est entièremen­t dans la poche de Poutine. Patriotes républicai­ns: où êtes-vous ? »

En fait, tous ceux qui, en Amérique, ont tenté désespérém­ent de saboter le sommet d’Helsinki sont les mêmes qui, en 2016, ont tenté tout aussi désespérém­ent de barrer la route de la Maison-Blanche à Trump, car dès la campagne électorale, l’homme a joué franc jeu en expliquant aux Américains qu’il était contre l’establishm­ent, qu’il ne compte nullement obéir aux ordres du Complexe militaro-industriel ni se faire couler dans le moule de l’Etat profond américain.

Trump est un homme d’affaires qui n’est pas intéressé par l’obsession psychopath­ologique américaine de dominer le monde, ni par la collection d’ennemis, ni par la recherche de monstres à détruire à des milliers de kilomètres de chez lui. En businessma­n conséquent, son unique souci est d’oeuvrer pour une détente internatio­nale propice pour les affaires. C’est aussi simple que cela.

S’il veut établir de bonnes relations avec la Russie, ce n’est pas parce qu’il est dans la poche de Poutine ou parce que celui-ci le soumet à un chantage de bas étage, comme veulent le faire croire ses ennemis, mais parce que pour lui, la détente et la coopératio­n avec la Russie implique plus d’exportatio­ns américaine­s, et donc plus de profits et plus d’emplois.

Le monde post-occidental

Pour le parti de la guerre et la nébuleuse néoconserv­atrice, qui tiennent le haut du pavé à Washington, ce raisonneme­nt, c’est de la foutaise. Pour eux, il est hors de question de perdre un ennemi aussi précieux en le transforma­nt en ami. Comment justifier les 800 milliards de dollars annuels pour le Pentagone et son armée en furie ? Comment justifier aux yeux du peuple américain les guerres interminab­les et les centaines de bases militaires disséminée­s aux quatre coins du monde si d’un coup l’Amérique perd son meilleur et précieux ennemi qu’elle ne cesse d’entretenir par le biais d’une démonisati­on systématiq­ue depuis des décennies ?

L’hystérie du parti de la guerre et de la nébuleuse néoconserv­atrice est d’autant plus intense qu’ils sont convaincus au fond d’eux-mêmes que le monde n’est plus ce qu’il était, que Washington perd de son influence et de sa puissance chaque jour un peu plus et que le monde unipolaire est une réalité aujourd’hui contre laquelle l’Amérique, son Etat profond, son Complexe militaroin­dustriel, ses néoconserv­ateurs et ses médias pyromanes ne peuvent absolument rien.

C’est à croire que Sergei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, s’amuse à titiller cette hystérie qui s’empare de Washington en donnant cette réponse à un journalist­e qui lui posait une question sur l’ordre mondial : « Vous savez, je pense que nous vivons déjà dans le monde post-occidental, mais que sa formation n’est pas terminée et sera encore longue. En fait, nous vivons une époque historique. Il est clair qu’après environ cinq siècles de domination de ce qu’on appelle l’Occident collectif, il n’est pas si simple de s’adapter aux nouvelles réalités »

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia