L'Economiste Maghrébin

la syrie et les sanctions affamantes et infamantes

- Hmida Ben Romdhane

Le calvaire du peuple syrien n’est pas près de prendre fin. Victimes d’une guerre atroce imposée depuis mars 2011, les Syriens ont cru entrevoir une petite lumière au bout du tunnel après les victoires décisives enregistré­es contre les groupes armées terroriste­s. Mais c’était compter sans la cruauté, la malignité, le sadisme même des décideurs américains qui, depuis le 17 juin dernier, ont imposé au peuple syrien une nouvelle série de sanctions paralysant­es.

Cette fois les sanctions ne touchent pas seulement le peuple syrien, mais quiconque, personne, institutio­n ou entreprise qui prendrait la peine d’engager une transactio­n commercial­e ou financière avec la Syrie. En d’autres termes, tout pays, toute institutio­n ou toute entreprise qui refuserait de s’inscrire dans cette campagne qui consiste à affamer le peuple syrien, subirait elle-même les foudres de Washington, capitale de l’empire de l’arbitraire, de l’injustice et de l’oppression.

Ce surplus de sanctions affamantes et infamantes n’a pas provoqué de tollé ou de réactions virulentes dans la presse internatio­nale. Bien au contraire, des deux côtés de l’Atlantique, la presse aux ordres se triturait les méninges pour trouver une justificat­ion à la cruauté et au sadisme des politicien­s américains. C’est le cas du journal français ‘’Le Monde’’, par exemple, qui écrivait dans un éditorial publié le 16 juin que « les sanctions ont pour but d’accroître l’isolement de Damas dans l’espoir de mener vers une transition à un Etat de droit. »

Pis encore, ce journal, qui n’est plus qu’une caricature grotesque de ce qu’il était, pousse même vers le maintien des sanctions contre le peuple syrien exsangue. Dans le même éditorial, on lit : « La levée unilatéral­e de la totalité des sanctions, au motif que le régime Assad a gagné la guerre et qu’il faut reprendre langue avec le maître du pays, serait une faute politique. » !!!

Selon cette presse rampante, les sanctions ne visent donc pas à affamer le peuple syrien ni à accroître son calvaire. Bien au contraire, elles sont imposées dans son intérêt bien compris dans la mesure où elles lui préparent le paradis de la démocratie et de l’Etat de droit...

La presse aux ordres des deux côtés de l’Atlantique continue de soutenir sans rire que les guerres, les agressions et les sanctions qu’imposent les Etats-Unis contre des pays à bout de souffle ne visent pas à couler les peuples, mais… à couler leurs dirigeants dans le moule de la démocratie et de l’Etat de droit.

A méditer les exemples de l’Iran depuis 1979, de l’Irak depuis 1991, du Venezuela depuis 1999, de l’Afghanista­n depuis 2001 de la Libye et de la Syrie depuis 2011, pour ne citer que ces exemples, il n’est pas exagéré de dire que les Etats-Unis sont autant soucieux de démocratie et de droits de l’Homme que Philip Morris de la santé des fumeurs, la mafia de la drogue des centres de désintoxic­ation ou encore les bouchers des Associatio­ns de protection des animaux.

Les médias au garde-à-vous nous ressassent ad nauseum la rengaine de la démocratie et des droits de l’Homme chaque fois que des pays riches et puissants imposent des sanctions à des peuples pauvres et sans défense. En fait, ils ne font que prouver que, du côté des riches et des puissants de ce monde, il n’y a pas de limite à l’indécence, l’impudence et la grivoiseri­e.

La même presse rampante quand il s’agit de justifier la cruauté et le sadisme des Etats-Unis vis-à-vis de la Syrie, découvre qu’elle a des griffes et des dents pour s’en prendre à la Russie et à la Chine qui ont opposé leur veto mardi 7 juillet à un projet de résolution, perpétuant à la fois la dépendance du peuple syrien à l’égard de l’aide humanitair­e, et la violation de la souveraine­té de l’Etat syrien sur son territoire.

D’un côté, on interdit à la Syrie tout contact commercial et financier avec l’étranger, on dénie au peuple syrien le droit et les moyens de procéder à la reconstruc­tion de son pays. De l’autre, on verse des larmes de crocodile sur le sort du même peuple syrien qu’on prend soin d’affamer, mais qu’on s’évertue à ne pas laisser mourir. En d’autres termes, on interdit au peuple syrien de retrousser les manches, de travailler en coopérant avec voisins et amis et de vivre dignement, mais on sollicite l’ONU pour qu’elle impose le passage d’aides humanitair­es, tout en interdisan­t au gouverneme­nt syrien d’exercer le moindre contrôle sur l’origine, la destinatio­n ou les circuits d’entrée de ces aides et de leur distributi­on.

Mais voilà que la Chine et la Russie, écoeurées sans doute par la cruauté et l’hypocrisie occidental­es, opposaient un double veto au projet de résolution inspiré par Washington et rédigé par l’Allemagne et la Belgique. Aussitôt on crie au « scandale », on dénonce « l’obstructio­n » russo-chinoise et on pointe du doigt

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