La Presse (Tunisie)

Conjurer le mauvais sort

Samedi prochain, il faudra au Club Tunisie passer le cap, jusque-là traumatisa­nt des quarts. Il part avec les meilleurs atouts

- Tarak GHARBI

Nous y voilà! La Tunisie négocie le moment-clé de la Coupe d’Afrique des nations, là où elle a échoué dans les trois dernières éditions, chutant à chaque fois alors qu’elle commence à nourrir les espoirs les plus fous. Elle sait s’extirper avec plus ou moins de facilité de la phase des poules avant de rendre les armes aux portes du dernier carré. Tel un Sisyphe du ballon africain, le team national voit avec une exaspérant­e régularité tous ses efforts de porter le rocher au sommet de la montagne voués à l’échec. Il y a par conséquent crainte de voir les Aigles de Carthage encore une fois succomber à la malédictio­n des quarts. Pour conjurer le mauvais sort, il n’y a sans doute pas meilleure opportunit­é que celle qu’offre la 31e édition, d’autant plus que l’éliminatio­n du Gabon, pays organisate­ur, évite aux nôtres de devoir compter avec les cadeaux et les coups de pouce régulièrem­ent concédés à la nation organisatr­ice, telle une dette de laquelle doit s’acquitter bon an mal an la confédérat­ion africaine et son corps arbitral. Le quart de finale de samedi prochain (17h00) à Libreville est, de surcroît, placé sous le signe de la revanche. Car, le Burkina Faso, c’est aussi la psychose des quarts, mais en des temps qui peuvent paraître immémoriau­x. Au siècle précédent, en fait, quand le club Tunisie drivé par... Henry Kasperczak avait affaire au pays organisate­ur de l’édition 1998. Les copains de Zoubeïr Beya revinrent en toute fin de rencontre au niveau des Etalons, portés par tout le stade de Ouagadougo­u. Avant de tomber dans une crispante loterie des tirs au but (8 à 7 pour les locaux). Pourtant, cette équipe-là faisait nourrir beaucoup d’espoirs. A juste titre, du reste d’autant qu’elle se préparait à participer en Coupe du monde, en France après une absence de deux longues décennies. Et puis, cette même génération avait tiré le foot national de sa léthargie post-CAN 1994 en accédant, à la surprise générale, à la finale de l’édition suivante en Afrique du Sud. Sa jeunesse, sa fraîcheur, son audace et sa générosité avaient alors surpris et ébahi l’Afrique du football. En tout cas, face aux Etalons qui n’ont rien à voir avec le Zimbabwe, 103e mondial, la musique va changer, et les exigences de la rencontre évoluer. D’abord, parce que la qualité est tout autre. Ensuite, compte tenu du fait que les homme de Paulo Duarte partiront au coup d’envoi sans aucun handicap majeur, contrairem­ent aux Warriors qui étaient tenus avant-hier de l’emporter pour espérer une qualificat­ion providenti­elle. Par conséquent, les paramètres des deux rencontres n’ont rien de commun. Il faudra tout de même se méfier de ce Burkina capable de venir à Radès pour s’imposer (2-1) du temps du Français Roger Lemerre

aux éliminatoi­res de la CAN. Eh bien, le Portugais Paulo Duarte était déjà là aux commandes techniques des Burkinabé.

Montée en puissance

Vieille connaissan­ce du public tunisien pour avoir veillé aux destinées techniques du Club Sportif Sfaxien, la saison dernière, Duarte a sans doute sa petite idée sur nos internatio­naux, du moins ceux qui évoluent dans la compétitio­n locale. Il peut compter sur une belle brochette de talents purs : les Bancé, Pitroïpa, Alain Traoré… Le B.F. est aujourd’hui 73e au classement mondial Fifa. La qualité du cru actuel lui a permis de disputer la finale de la CAN 2013. Il en est aujourd’hui à sa neuvième phase finale continenta­le, terminant la première phase en tête du groupe «A», devant le Cameroun et le Gabon. C’est un rival physique, mais également technique qui impose le respect. Le quart de finale de samedi promet des étincelles. En tout cas, cela n’a rien à voir avec le Zimbabwe laminé avant-hier par des Aigles qui montent en puissance comme en témoigne la qualité collective exprimée en première période. S’appuyant sur un tandem de classe, Youssef Msakni-Naïm Selliti, la manoeuvre offensive monte en puissance. L’efficacité, aussi, qui constitua le talon d’Achille dans le match inaugural face au grand favori de l’édition en cours, le Sénégal. Le plus réjouissan­t dans l’affaire, c’est que le team national a bel et bien retenu la leçon de la défaite devant les Lions de la Teranga. Chemin faisant, l’ensemble progresse à vue d’oeil, bénéfician­t d’une impor- tante marge dont personne ne peut deviner les limites. Sauf au niveau défensif où les carences persistent et les erreurs ont tendance à se répéter. Pourtant, toutes les formules, à trois axiaux, à quatre défenseurs… ont été testées. Visiblemen­t sans grosse réussite. Si elle entend aller loin dans cette édition qui n’a pas encore livré ses secrets ni donné des tendances, l’équipe de Kasperczak doit serrer les boulons et éviter les erreurs primaires qu’elle a tendance à concéder. De toute façon, la campagne gabonaise nourrit aujourd’hui un enthousias­me sans précédent qui accompagne la montée en puissance des Aigles de Carthage, capables de créer l’exploit et de surprendre les observateu­rs qui ne les voyaient pas vraiment conviés à une si belle fête. Toujours est-il qu’il leur faut auparavant passer le mur (psychologi­que) des quarts de finale.

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Dans le sillage de Wahbi Khazri, généreux et dynamique, l’équipe de Tunisie a réellement un coup à jouer
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