Le cercle vicieux de la corruption et de l’inégalité
Dans son rapport annuel sur la corruption qui a été publié hier, Transparency International a mis l’accent sur la corrélation et le renforcement mutuel de la corruption et de l’inégalité sociale tout en s’alarmant de la croissance du nombre de politiciens populistes dans nombreux pays. « Ce fléau, indique le rapport, conduit à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournit un terreau fertile à la montée des politiciens populistes ». Sur les 176 pays figurant dans l’indice de perception de la corruption 2016, 69% enregistrent une note inférieure à 50 points sur une échelle allant de zéro à 100. Ce chiffre montre bien que la corruption est omniprésente dans le secteur public à travers le monde. « Cette année, les pays ayant perdu des places dans le classement sont plus nombreux que ceux qui en ont gagné, ce qui démontre la nécessité d’une action urgente », s’alarme l’organisation dans son rapport. Expliquant ce phénomène, Transparency International indique que la corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre créant ainsi un cercle vicieux entre la corruption, la distribution inégale du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse. « Comme l’a mis en évidence l’affaire des ‘‘Panama Papers’’, il est encore trop facile pour les riches et les puissants d’exploiter l’opacité du système financier mondial afin de s’enrichir au détriment du bien public », souligne le rapport. De son côté, le président de ladite organisation, José Ugaz, a déclaré : « Dans de trop nombreux pays, les besoins les plus élémentaires des citoyens ne sont pas satisfaits et ces derniers se couchent tous les soirs le ventre creux à cause de la corruption, alors que les puissants et les corrompus jouissent d’un mode de vie somptueux en toute impunité. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’attendre. La corruption doit être combattue d’urgence afin que la vie des gens s’améliore dans le monde entier ». Ugaz a appelé a opérer des réformes systémiques profondes qui, d’après lui, peuvent « compenser le déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses en habilitant les citoyens à mettre fin à l’impunité généralisée de la corruption, à demander des comptes aux puissants et à avoir véritablement leur mot à dire dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne ». Ces réformes, indique le rapport de Transparency International, doivent inclure la divulgation par le biais de registres publics du nom des propriétaires d’entreprises, ainsi que des sanctions pour les facilitateurs professionnels qui se rendent complices de transferts transfrontaliers de flux d’argent obtenu de manière frauduleuse. Le rapport cite le Danemark et la Nouvelle-Zélande comme meilleurs cas avec une note de 90 points suivis de près par la Finlande, 89, et la Suède, 88 points. Pour la dixième année consécutive, la Somalie est le pays le moins performant de l’indice avec 10 points seulement ! Aussi, six parmi les dix derniers du classement sont des pays arabes, à savoir : la Somalie, le Soudan du Sud, avant-dernier, la Syrie, l’Irak, le Yémen et la Libye.