La Presse (Tunisie)

La liste Taboubi haut la main

Dans sa première déclaratio­n après sa victoire, Noureddine Taboubi refuse d’évoquer la «trêve sociale», il préfère la possibilit­é de «créer un environnem­ent social propice»

- Karim BEN SAID

«Tu as déjà entendu parler de la machine Ugtt ? Eh bien, elle a bien fonctionné », nous lance une congressis­te à l’annonce de la victoire de la liste dite « consensuel­le » menée par Noureddine Taboubi, nouvel homme fort de l’organisati­on. Les congressis­tes votaient en théorie pour des personnes, mais « la machine » a finalement complèteme­nt laminé la liste concurrent­e menée par Kacem Afaïa et dans laquelle figures de grands noms du syndicalis­me, à l’instar de Lassâad Yaâcoubi, secrétaire général du syndicat de base de l’enseigneme­nt. « Les personnes viennent et repartent mais il ne reste que la grandeur de notre organisati­on » , commente humblement le nouvel homme fort de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, officielle­ment secrétaire général, mais il rassure, tout en restant dans la droite ligne de la centrale syndicale fondée par Farhat Hached. «Nous ne sommes pas en guerre contre le pouvoir, déclare- t- il aux médias. Si tout se passe bien tant mieux, sinon, nous nous dresserons contre ceux qui voudraient nuire aux intérêts des travailleu­rs». Il refuse de parler de «trêve sociale», préfère évoquer la possibilit­é de « créer un environnem­ent social propice». S’il est assuré de devenir le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi n’a pas bénéficié d’un vrai plébiscite de la part de ses camarades, puisque, selon le dépouillem­ent des votes, il ne serait que deuxième, derrière le secrétaire général adjoint sortant, Bouali Mbarki. Un résultat qui pourrait éventuelle­ment peser sur la balance des pouvoirs à l’intérieur du bureau exécutif. Dans sa victoire, la liste de «l’Union syndicale» hisse une femme, malgré la nonapplica­tion du système des quotas pour ce congrès. Une femme et pas n’importe laquelle, Naïma Hammami, veuve de Abderrazek Ham- mami. « Par la seule force de notre action militante, nous avons réussi à imposer une femme au bureau exécutif, au prochain congrès il y en aura deux, voire plus », nous confie fièrement une des congressis­tes qui n’a cessé tout au long du congrès de clamer : «Partenaire­s dans le militantis­me, partenaire­s dans la prise de décision ». Les larmes d’un syndicalis­te sont rares et celle de Belgacem Ayari ont marqué la clôture des travaux du 23e congrès de l’Ugtt. « Le 26 janvier est un grand jour, il y a 39 ans, jour pour jour, l’Ugtt de Achour décrétait la grève générale, aujourd’hui, regardez comment la centrale a évolué, nous sommes en train de vivre l’une des meilleures époques du travail syndical », déclare-t-il en pleurs. Du côté des perdants, on tente de faire bonne figure. Dans le hall de l’hôtel, Lassâad Yaâkoubi affiche un sourire de circonstan­ce et enchaîne les déclaratio­ns pour affirmer que « ce sont les règles du jeu démocratiq­ue » et que tous les syndicalis­tes s’aligneront derrière la nouvelle équipe dirigeante.

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(Photo A. BELAïD)

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