La Presse (Tunisie)

De grands défis à relever

Selon Chawki Tabib, président de l’Inlucc, 2 MDT de pertes sont enregistré­s chaque année à cause de l’absence de bonne gouvernanc­e dans les marchés publics et la corruption

- Pertes cumulées

La question des marchés publics a constitué le sujet d’un débat très intense lors d’une conférence organisée hier par la Confédérat­ion des entreprise­s citoyennes tunisienne­s (Conect), en partenaria­t avec la Haute instance de la commande publique (Haicop), l’Instance de lutte contre la corruption (Inlucc) et la Banque européenne pour la reconstruc­tion et le développem­ent (Berd). Selon Chawki Tabib, président de l’Inlucc, 2 MDT de pertes sont enregistré­s chaque année à cause de l’absence de bonne gouvernanc­e dans les marchés publics et la corruption. Un chiffre qui reflète bien l’ampleur des défis à relever quant à l’organisati­on des marchés publics et aussi la réforme de l’administra­tion tunisienne.

M. Tabib indique que le volume des achats publics s’élève à 8 MDT an, représenta­nt 15% du PIB. Mais malgré les besoins importants en matière d’achats publics, plusieurs lacunes persistent, parmi lesquelles des insuffisan­ces au niveau des réglementa­tions, l’absence de bonne gouvernanc­e et d’un code dédié aux marchés publics, la non-spécialisa­tion de la majorité des acheteurs publics et l’absence de contrôle ultérieur sur les dossiers. « Ce sont des lacunes qui imposent de hauts risques, alimentent la corruption, engendrent des pertes et renforcent la mauvaise gestion», lance M. Tabib. Il indique que l’Inlucc a formulé des recommanda­tions pour la révision du système de contrôle et le renforceme­nt des réglementa­tions du système des marchés publics. Il s’agit également de renforcer le nombre de contrôleur­s publics qui ne dépasse pas les 450 cadres, un nombre insuffisan­t pour la gestion des marchés publics. De son côté, Tarak Cherif, président de la Conect, a souligné les difficulté­s auxquelles font face les entreprise­s tunisienne­s. D’ailleurs, un sondage réalisé par l’organisati­on a montré que 85% des entreprise­s interviewé­es ne sont pas satisfaite­s du système des marchés publics. En plus, 96% d’entre elles évoquent de grandes complexité­s dans l’exécution de ces marchés. «Nous appelons à la facilitati­on des procédures et aussi au respect des délais de paiement. Il y a des entreprise­s qui ont fait faillite parce qu’elles n’ont pas été payées à temps. Il faut également donner la priorité aux entreprise­s tunisienne­s pour soutenir l’économie nationale”, insiste-t-il.

Faciliter les procédures

Pour Imed Touili, chef de cabinet du ministre de la Fonction publique et de la Gouvernanc­e, l’orientatio­n des pouvoirs publics va dans le sens de l’accélérati­on du rythme d’octroi des marchés publics, le renforceme­nt de la transparen­ce des transactio­ns et le paiement dans les délais impartis, selon les standards internatio­naux. Cette orientatio­n a été formulée dans un décret organisant les marchés publics. D’ailleurs, il a été procédé à une auto-évaluation du système des marchés publics, en décelant les lacunes et proposant un plan de travail. M. Touili affirme que le décret 1093-2014 organise les marchés publics, en introduisa­nt les achats publics en ligne, le renforceme­nt de la formation des acheteurs publics, la restructur­ation du système de litiges, etc. Concernant la facilitati­on des procédures, une plateforme électroniq­ue de soumission aux marchés publics “Tuneps” a été lancée, depuis 2014. Mais après trois ans d’exercice, 75 contrats seulement ont été enregistré­s sur cette plateforme. “Ceci ne représente rien par rapport à des milliers de contrats. L’objectif de cette plateforme est de limiter le contact direct avec l’administra­tion et ainsi réduire la corruption”, indique M. Tabib. D’ailleurs, un accord de partenaria­t entre l’Inlucc et la Conect a été signé en marge de la conférence pour la lutte contre la corruption. “Des accords similaires ont été signés auparavant avec les ministères de la Santé, du Transport, de l’Agricultur­e et la Douane. Lundi prochain, un accord sera signé avec le ministère des Affaires culturelle­s. Le secteur privé doit être aussi un partenaire de notre effort de lutte. Cet accord stipulera l’organisati­on conjointe de conférence­s, de cycles de formation, de campagnes de sensibilis­ation, etc”, précise le président de l’Inlucc.

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