Rétablir d’urgence notre compétitivité
L’instauration par la loi de finances d’une contribution exceptionnelle de 7,5% sur le bénéfice des sociétés, au profit du budget de l’Etat pour l’année 2017, vient de susciter, de la part des Chambres mixtes de commerce et d’industrie tuniso-française, tuniso-britannique, tuniso-allemande, tuniso-italienne et tunisosuisse, une énergique réaction, en date du 24 janvier, indiquant que cette disposition «porte atteinte à la crédibilité du site Tunisie». Et elles proposent une séance d’audition à l’Assemblée des représentants du peuple, pour y exposer la «situation des entreprises étrangères implantées en Tunisie». Car elles sont catégoriques, cette mesure «va sans doute générer quelques millions de dinars à l’Etat, mais sape la relation à long terme du pays avec les investisseurs et nuit à la crédibilité de la Tunisie en tant que site attractif pour les investissements et la création d’entreprise». D’autant que la décision est une charge additionnelle intervenue à quelques jours de la clôture de l’exercice 2016.
Ce nouveau coup porté à la compétitivité du site Tunisie d’investissement et d’affaires succède à l’instauration d’un impôt sur le bénéfice des sociétés à hauteur de 10%, qui, sous Ben Ali, avait été sans cesse ajourné, alors même, pourtant, que le site était très bien positionné à l’échelle internationale.
Le gouvernement Chahed, conscient de la nécessité de doper décisivement notre compétitivité, a proposé un amendement exonérant provisoirement les sociétés étrangères exportatrices mais l’ARP l’a rejeté.
De sorte que ces entreprises se voient désormais affublées d’une imposition pouvant atteindre au total les 22,5% de leurs bénéfices qui viennent affaiblir tout espoir de compétitivité, à un moment où l’investissement, les réserves en devises et la balance commerciale ont plus que jamais besoin d’un sérieux coup de pouce.
Et les entreprises exportatrices étrangères d’évoquer les divers impacts négatifs des nouvelles réalités fiscales sur leurs capacités en matière d’investissement, d’opérations d’extension, de création d’emplois et au niveau de leur compétitivité propre.
Or, en matière de compétitivité globale, la Tunisie perd encore trois places dans le classement de Davos (2016-2017) et se retrouve en 95e position mondiale, après avoir été, l’an passé, 92e.
Le même rapport de Davos place la Tunisie à la troisième position au niveau du Maghreb, devancée par le Maroc (70e mondial), et même l’Algérie (87e). Alors que, dans le temps, notre pays était 32e mondial et toujours premier au Maghreb.
Au lieu d’agir à reprendre sa place traditionnelle en matière de compétitivité, la Tunisie ne cesse de dégringoler dans ce classement Davos où elle a perdu pas moins de 60 places depuis l’année 2010. Sachant que le dernier rapport incrimine tout d’abord les problèmes de bureaucratie, puis l’instabilité politique et la corruption. En attendant de montrer du doigt, l’an prochain, la fiscalité.
A moins d’un haut-le-corps de l’ensemble de la classe politique : gouvernement, parlement, partis et organisations nationales, qui s’appliquerait à redresser très rapidement et décisivement la situation, à l’occasion du débat parlementaire sur les avantages fiscaux. Il y va du destin des 34 milliards de dinars promis lors de la Conférence internationale pour l’investissement «Tunisia 2020», et de celui de notre Tunisie modèle démocratique.