La Presse (Tunisie)

Les sécuritair­es, les militaires et les terroriste­s…

- Par Mahmoud HOSNI M.H.

Pour la quatrième fois consécutiv­e, le projet de loi relatif aux élections municipale­s est de nouveau reporté, faute d’un consensus autour de l’article relatif à la possibilit­é pour les sécuritair­es et les militaires d’avoir droit d’élire lors des municipale­s. Ainsi, ce projet a peu de chance d’être adopté avant le 27 janvier, date limite fixée par la Constituti­on (un délai de trois ans). Les avis des coalitions parlementa­ires sont divergents. Si certains sont pour le droit des sécuritair­es et des militaires à élire les conseils municipaux, d’autres — comme Ennahdha — sont contre, invoquant le fait que ces deux corps constituen­t les remparts de la sécurité du pays et devaient, de ce fait, être tenus à l’écart de toute allégeance et de tout parti pris, c’est-à-dire au-dessus des luttes partisanes.

Un argument qui ne résiste pas à l’examen, dès lors que ces deux corps sont tenus au strict rôle de vote et non de participat­ion aux élections ni aux campagnes. Car en fin de compte, les militaires et les sécuritair­es sont tenus au-dessus des enjeux politiques, n’en demeurent pas moins des citoyens à part entière vivant dans la cité et exprimant, à travers leur vote, une participat­ion citoyenne pour la gestion du quotidien et des problèmes de leur cité. Ils sont, de ce fait, tenus à accomplir leur devoir et leur droit d’habitants de la cité.

On saisit, dès lors, cette crainte injustifié­e de certains partis politiques de la participat­ion de l’armée et des sécuritair­es à un simple droit de vote qui plus est se limite au choix des édiles pour la gestion des affaires de la cité.

Il y a là un amalgame grave entre la participat­ion à l’activité publique et à la vie publique et un simple droit de vote.

Pourtant, ces mêmes partis politiques n’ont pas été prompts à réclamer la dissolutio­n du parti Ettahrir, proche des extrémiste­s, et qui a proféré des menaces claires à l’endroit des sécuritair­es et de tous ceux qui défendent le pays contre le terrorisme. Et seule la voix des sécuritair­es s’est élevée pour demander des poursuites à l’encontre de ce parti, à la suite des menaces proférées et réclamé sa dissolutio­n.

Cela nous rappelle un peu cette attitude, aussi paradoxale, des Tunisiens qui rendent hommage aux sécuritair­es martyrs et qui, le lendemain, lancent des pierres à ceux qui essaient de maintenir l’ordre et de protéger les institutio­ns publiques et les lieux privés contre toute tentative de casse et de déprédatio­ns.

Il y a là matière à interrogat­ion sur la confusion dans les esprits des politicien­s — et aussi des citoyens — quant à la place réelle des sécuritair­es dans le paysage national : aujourd’hui portés aux nues et le lendemain jetés aux gémonies.

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