Le conflit s’installe entre les rebelles et l’ex-Front Al Nosra
Absente des pourparlers d’Astana, l’ancienne branche d’Al Qaïda est désormais en guerre contre cinq groupes rebelles
AFP — Six factions rebelles en Syrie se sont unies hier face à l’ex- branche d’Al- Qaïda, jusque-là leur alliée, aggravant la fracture entre les deux camps que des affrontements inédits opposent depuis trois jours. Cinq groupes, regroupant des milliers de combattants, ont rejoint les rangs d’Ahrar AlCham, un influent mouvement rebelle, ont-ils annoncé dans deux communiqués. Des combats se poursuivaient hier dans le nord-ouest entre des groupes insurgés et le Front Fateh Al-Cham, connu précédemment sous le nom de Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie. Ces violences se sont embrasées en début de semaine paral- lèlement aux négociations de paix d’Astana au Kazakhstan auxquelles ont participé des factions rebelles mais dont était exclu Fateh Al-Cham. Le groupe jihadiste les a alors accusées d’avoir conclu un accord pour «combattre Fateh Al-Cham et l’isoler» et a affirmé sa volonté de «faire avorter les complots». Dès mardi, les jihadistes ont attaqué une base contrôlée par le groupe rebelle Jaich Al-Moujahidine dans la province d’Idleb. Les combats se sont propagés dans cette région ainsi que dans celle voisine d’Alep. «Notre révolution bénie a été visée au cours des dernières heures par une série d’agressions qui ont pu aboutir à la confrontation totale» , a indiqué hier le communiqué d’Ahrar Al-Cham. Il avertit que «toute attaque contre les membres du mouvement ou ses bases sera considérée comme une déclaration de guerre». Parmi les cinq groupes rebelles, figurent Jaich Al-Moujahidine et Soukour Al-Cham. Depuis des années, Fateh AlCham est l’allié des rebelles face au régime, notamment dans la province d’Idleb (nord-ouest), dernier grand bastion des adversaires du président Bachar AlAssad. Cette alliance a été une source d’embarras pour les soutiens occidentaux des les rebelles dits modérés. Fateh Al-Cham est visé depuis des semaines par des frappes aériennes menées notamment par la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis, qui ont coûté la vie à plus de 130 de ses membres. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (Osdh), le groupe jihadiste soupçonne des rebelles d’avoir fourni des informations à la coalition sur ses positions. Aussi bien Fateh Al-Cham que le groupe Etat islamique (EI), son rival, sont exclus de la trêve depuis le 30 décembre. Le conflit syrien, qui a fait plus de 310.000 morts, s’est complexifié en près de six ans avec la montée en puissance de groupes jihadistes et l’implication des grandes puissances régionales et internationales.