La Presse (Tunisie)

Interdicti­on de voyager pour un avocat

Plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ont déjà été interdits de sortie du territoire dans le cadre d’une enquête sur les financemen­ts étrangers illégaux de la société civile

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AFP — Les autorités égyptienne­s ont empêché hier un célèbre avocat des droits de l’Homme de quitter le pays, la dernière d’une série d’interdicti­ons visant des militants de l’opposition au moment où le pouvoir est accusé de réprimer la société civile. Negad El-Borai a indiqué à l’AFP qu’il faisait l’objet d’une enquête judiciaire pour l’établissem­ent «illégal» d’un cabinet d’avocats impliqué dans l’élaboratio­n d’un projet de loi contre la torture, mais aussi d’une enquête controvers­ée sur les financemen­ts étrangers de la société civile. Un responsabl­e de la sécurité à l’aéroport du Caire a confirmé à l’AFP que M. Borai avait été interdit de voyager. «Je devais aller en Jordanie pour rejoindre ma femme. On m’a dit que j’étais sur la liste des personnes interdites de voyager, mais on ne m’a pas donné de raisons», a expliqué l’avocat. Dans le cadre d’une vaste enquête sur les financemen­ts étrangers illégaux de la société civile ouverte en 2011, plusieurs défenseurs des droits de l’Homme ont déjà été interdits de sortie du territoire, et sept ONG ont vu leurs avoirs gelés ces derniers mois. Ces interdicti­ons de voyager «s’inscrivent dans le cadre d’une vaste campagne de répression à l’encontre des voix critiques indépendan­tes», avaient estimé Amnesty Internatio­nal et Human Rights Watch (HRW). Les Nations unies s’étaient déclarées «extrêmemen­t préoccupée­s» après le gel des avoirs de plusieurs défenseurs des droits de l’Homme et de certaines ONG. Les enquêtes sur la société civile avaient créé des tensions diplomatiq­ues entre Washington et Le Caire en 2011 après que la police eut décidé de fermer plusieurs ONG, tentant d’arrêter plusieurs de leurs employés américains. En 2014, un tribunal a condamné 43 Egyptiens et étrangers dans ce dossier, avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison.

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