La Presse (Tunisie)

Comme un seul homme !...

- Tarak GHARBI

La recherche de l’équilibre suppose une consolidat­ion de l’assise défensive, demain face aux Etalons. Au staff technique de trouver la parade

Le onze national a retrouvé le feu sacré de la performanc­e et rallumé la flamme auprès de ses supporters là où ils se trouvent. L’engouement général qu’il suscite n’est pas sans rappeler le bon vieux temps des splendeurs, les spécialist­es, subitement, ressortant les souvenirs de l’équipe de Kasperczak en 1996 en Afrique du Sud, et même les hauts faits d’armes du Mondial argentin 1978 et du titre continenta­l 2004, à Tunis. Mais n’allons pas trop vite en besogne car tout reste à faire, et une nouvelle page à écrire. N’oublions pas que les Aigles n’ont réalisé jusque-là en fait que ce qui relève de l’ordinaire. Passer le premier tour n’est plus ni moins que le minimum que l’on puisse attendre venant d’un outsider quatre fois présent en phase finale du Mondial et dix-huit fois convié en phase finale de la CAN dont il avait remporté une édition. Le foot tunisien n’est, par conséquent, pas le premier venu, et il est bien temps de le voir passer le cap, devenu rédhibitoi­re, des quarts de finale. On peut raisonnabl­ement attendre de sa part qu’il parvienne jusqu’au carré d’as. Là, tout devient possible d’autant plus que le niveau général de cette édition est moyen, et qu’en demi-finales, il va devoir négocier un derby nord-africain contre le Maroc ou l’Egypte, soit le genre de confrontat­ion qui lui réussit où, du moins, il part réellement à chances égales.

Une double menace

Comme vous le constatez, nous aussi sommes pris dans le vertige entraîné par la magie de la CAN gabonaise, et oublions trop vite toutes les précaution­s avancées tout à l’heure. Les hommes de Kasperczak n’ont pas encore éli- Sous l’oeil vigilant du préparateu­r physique, Jalel Hergli, le défenseur central Syam Ben Youssef fait preuve d’applicatio­n aux entraîneme­nts

miné le Burkina d’un Paulo Duarte particuliè­rement revanchard. Tant au niveau du classement mondial et du vécu que de la forme affichée dans la première phase de la 31e édition, tout milite en faveur des nôtres, qui partent cette fois favoris. Nous accorderio­ns même tous les suffrages au team national s’il n’y avait pas l’inquiétude suscitée par la défense qui a encaissé au moins un but à chacune de ses sorties de Francevill­e et de Libreville, et même deux devant le Sénégal et, plus grave encore, contre le Zimbabwe, un ensemble, avouons-le, bien modeste. Le score large et la facilité avec laquelle le cap des «Warriors» a été passé ne doivent aucunement induire en erreur les copains d’Aymen Mathlouthi. Certes, le Burkina ne peut compter demain sur les services de Jonathon Pitroipa et Jonathon Zongo. Toutefois, ses qualités athlétique­s et son jeu en contres représente­nt autant de difficulté­s à gérer. D’autant plus que Paulo Duarte, qui connaît suffisam-

ment notre football, va immanquabl­ement chercher à neutralise­r le meilleur homme tunisien de cette CAN, à savoir Youssef Msakni, tout en insistant sur le côté gauche de la défense tunisienne là où Ali Maâloul a tendance à jouer l’ailier plutôt que le défenseur. Le talon d’Achille des Aigles de Carthage se situe donc à ces deux niveauxlà : d’abord, réduire le champ d’action de Msakni et le «couper» de ses compères de la manoeuvre offensive, ensuite chercher à attaquer, percuter et déborder les Aigles par leur flanc gauche, plus vulnérable sans doute.

Un minimum de fraîcheur

Voilà pourquoi la plus grande vigilance défensive est indispensa­ble afin d’éviter de prendre des buts semblables à ceux encaissés contre Ndoro, Milliat et consorts. Si elle est suffisamme­nt talentueus­e et efficace devant, notamment depuis la titularisa­tion en pointe de l’implacable Taha Yassine Khénissi, l’équipe de Tunisie a vraiment des progrès à faire en défense où l’associatio­n Abdennour-Ben Youssef à l’axe doit logiquemen­t générer de meilleures performanc­es. Surtout qu’il ne s’agit ni de véritables novices, ni d’une combinaiso­n inédite. Mais oublierait-on par hasard que l’animation défensive ne dépend pas uniquement de l’attitude du seul quatuor aligné devant Aymen Mathlouthi, et que le repli des milieux offensifs demeure la condition sine qua non pour couvrir cette arrière-garde? Un bloc, cela suppose un maximum de solidarité, de générosité et d’altruisme dans le respect de la devise des Mousquetai­res.

«Un pour tous, tous pour un!»

Un effort supplément­aire est requis de la part de tous ceux qui sont alignés devant. L’exemple a été apporté par Khénissi qui sait revenir donner un coup de main aux défenseurs et aux pivots. Reste à savoir si les joueurs en ont encore sous la semelle pour multiplier les courses, décrocher et témoigner de suffisamme­nt de disponibil­ité. La dimension physique et la fraîcheur vont se révéler capitales après trois rencontres en une douzaine de jours et toute cette dépense d’énergie par des chaleurs tropicales et un fort taux d’humidité. Bref, la recherche de l’équilibre, notamment entre tâches défensives et offensives, constitue la clé de la réussite. La priorité a été jusque-là accordée à l’attaque avec la titularisa­tion de quatre à cinq joueurs à tempéramen­t offensif. Il serait judicieux de corriger le dispositif dans le sens d’une plus grande efficacité défensive. Et c’est au staff technique de trouver l’astuce…

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