La Presse (Tunisie)

Des chercheurs de la FAO forment les Tunisiens et les Libyens

Alors qu’on n’a pas détecté, jusque-là, la présence de la très dangereuse bactérie, ravageant le sud de l’Italie depuis 2013, les Tunisiens et les Libyens se forment pour lutter contre la Xylella Fastidiosa, bénéfician­t de l’expertise acquise par les Ital

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Une quarantain­e de responsabl­es et spécialist­es de la protection des végétaux représenta­nt la recherche, le développem­ent, ainsi que des pépiniéris­tes des différente­s régions oléicoles de Tunisie et de Libye ont profité dernièreme­nt d’une formation dédiée aux formateurs sur la bactérie «Xylella Fastidiosa», ou Syndrome du déclin rapide de l’olivier. En effet, l’Organisati­on des Nations unies pour l’Alimentati­on et l’Agricultur­e (FAO) vient d’organiser un atelier de formation de cinq jours sur les méthodes de détection et de lutte contre sa propagatio­n notamment dans les champs d’oliviers, et ce, avec l’apport de l’Institut agronomiqu­e méditerran­éen (IAM) de Bari, de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et avec l’appui du ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche. Dix participan­ts libyens et 35 autres tunisiens ont pris part à cette session de formation englobant les techniques de détection précoce, de diagnostic, de surveillan­ce et de mesures phytosanit­aires. Le coordinate­ur du Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique du Nord et représenta­nt de son bureau en Tunisie, Me Lamourdia Thiombiano, a affirmé, vendredi lors de la cérémonie de clôture de la session de formation, que cet atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du projet de la FAO ayant pour but le renforceme­nt des capacités pour prévenir et empêcher l’introducti­on et la disséminat­ion de la bactérie ravageuse, la Xylella Fastidiosa. «Ce projet régional, a-t-il expliqué, est un projet dont l’exécution est sur le long terme et nous valorisons l’apport de l’UMA et de son secrétaire général dans l’implémenta­tion de ce projet qui est important pour toute la région». D’après Noureddine Nasr, chargé de la production et la protection des végétaux au Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, l’atelier de Tunis a débouché sur trois actions concrètes. Il s’agit de la création d’un réseau régional: le réseau des équipes du projet de renforceme­nt des capacités pour empêcher l’introducti­on et la disséminat­ion de la bactérie «Xylella Fastidiosa» avec un consultant et un coordinate­ur (national) dans chaque pays. Noureddine Nasr a affirmé qu’il est prévu d’entamer les activités du projet le plus vite possible, «avant même la fin de cette année». La bactérie, d’après lui, n’a jamais été détectée en Tunisie et nous voulons prendre toutes les mesures nécessaire­s et sensibilis­er tous les agriculteu­rs pour protéger nos oliveraies dans tout le territoire tunisien. Ce sont des mesures de précaution qui permettrai­ent d’identifier les éventuels arbres contaminés et d’intervenir rapidement pour empêcher une éventuelle contaminat­ion à plus large échelle.

10 millions d’oliviers en 5 ans

Le coordinate­ur du Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique du Nord a souligné que tout un programme est concocté par la FAO avec l’UMA pour renforcer les capacités des pays du Maghreb pour lutter contre la maladie causée par la Xylella Fastidiosa et protéger ainsi les oliviers et la production. Le projet a commencé avec la Tunisie et la Libye et il va conti- nuer avec le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. L’expert onusien a affirmé que la situation en Italie est en train d’être maîtrisée et que plusieurs producteur­s et transforma­teurs dans le secteur de l’huile d’olive de la région ont visité les régions touchées pour comprendre les méthodes de prévention des risques et de lutte contre cette bactérie. En Italie, plus de trente mille hectares d’oliviers ont été ravagés notamment dans le Sud. L’un des vecteurs de transmissi­on de cette bactérie est un insecte et tout un travail de cartograph­ie est en train d’être mené pour identifier les zones où cet insecte piqueur de plantes est présent. Lamourdia a relevé l’importance de ce projet de lutte contre la bactérie sur le plan économique pour les pays de la Méditerran­ée, dont la Libye et la Tunisie. Cette dernière compte planter 10 millions d’oliviers en 5 ans et cette bactérie représente un danger sérieux pour cet ambitieux plan, d’où la nécessité de lutter contre son irruption. «Le danger de cette bactérie c’est qu’elle tue l’olivier et le seul remède c’est de couper l’arbre. Si l’olivier est attaqué, il meurt rapidement !»

, a-t-il précisé, en ajoutant que la FAO lutte contre les maladies transfront­alières que ce soit d’origines animales, dont la grippe aviaire, ou liées aux plantes.

Coopératio­n tuniso-libyenne

D’après le chercheur bactériolo­giste tunisien et directeur de la planificat­ion, le suivi et l’évaluation des programmes de recherche à l’Institutio­n de la recherche et de l’enseigneme­nt supérieur agricole relevant du ministère de l’Agricultur­e, Ali Rhouma, grâce aux outils d’identifica­tion et de diagnostic développés par les Italiens, on est capable de détecter l’existence de cette bactérie. Il affirme que la Tunisie est bien outillée actuelleme­nt pour effectuer ces travaux, même si les symptômes ne sont pas apparents. «La Tunisie possède déjà une expérience en matière de diagnostic et on peut effectuer une analyse rapide de n’importe quel échantillo­n importé ou local même si les symptômes de présence de la bactérie ne sont pas apparents» , a-t-il expliqué. Au niveau du ministère de l’Agricultur­e, on a dernièreme­nt interdit l’importatio­n de l’olivier et des espèces ornemental­es de toute provenance, et des plants fruitiers à partir des pays contaminés, qui sont actuelleme­nt l’Italie, l’Espagne, la France et l’Allemagne. Côté libyen, le pays compte 18 millions de pieds d’olivier, dont 8 millions productifs, notamment dans la région ouest, d’après Almabrouk Amer Asshleb, directeur du développem­ent et de la formation au Centre des recherches et des techniques biologique­s libyen et spécialist­e de la lutte contre les épidémies agricoles. Selon lui, la Libye, dixième producteur mondial, a entamé, depuis 2013, des actions de sensibilis­ation, de prévention et d’interdicti­on d’import de plantes. La Libye a valorisé la formation conduite par la FAO dans ce contexte difficile et a affirmé l’acquisitio­n de matériels de détection de la bactérie en question. M. Asshleb a souligné l’importance de coordinati­on entre la Tunisie et la Libye vu les risques communs et le devoir de continuer à travailler sur le long terme sur ce plan d’action.

Nizar HAJBI

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Olivier atteint par la Xylella Fastidiosa

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