La Presse (Tunisie)

«Toutes les options sont ouvertes»

… selon le chef du Polisario

-

AFP — Toutes les options restent ouvertes» au Sahara occidental après l’adhésion du Maroc à l’Union africaine (UA), a déclaré à l’AFP le chef du mouvement indépendan­tiste sahraoui Polisario, qui espère une relance des négociatio­ns. «Nous penchons toujours pour la voie pacifique» pour résoudre le conflit, l’un des plus vieux du continent africain, a affirmé Brahim Ghali dans un entretien accordé dans un camp de réfugiés sahraoui à Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie. Mais «toutes les options restent ouvertes», a prévenu le secrétaire général du Polisario, en faisant allusion, sans prononcer le terme, à une éventuelle reprise de la lutte armée. Les armes se sont tues depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-lefeu en 1991 au Sahara occidental, cet immense territoire quasi désertique situé sur la côte atlantique et peuplé d’un demi-million d’habitants. Cette ex-colonie espagnole est contrôlée pour l’essentiel par le Maroc depuis 1975 et l’ONU y maintient une force de paix, la Minurso. Un référendum d’autodéterm­ination prévu par l’ONU a été constammen­t repoussé depuis 1992 en raison de désaccords continus sur la compositio­n du corps électoral. Le Polisario revendique l’indépendan­ce alors que Rabat propose une autonomie sous sa souveraine­té. Pour M. Ghali, l’entrée du Maroc dans l’UA, après 33 ans d’absence au sein de l’organisati­on panafricai­ne, peut entraîner une ouverture diplomatiq­ue. «Maintenant que le royaume marocain est membre de l’UA, il doit respecter les frontières internatio­nales de la République sahraouie. (…) Il doit également rechercher des solutions pacifiques. Nous espérons que le Maroc tiendra ses engagement­s», a-t-il dit. Au cours du sommet de l’UA à Addis-Abeba, plusieurs chefs d’Etat africains ont déclaré espérer que le retour du Maroc allait permettre de discuter de la question du Sahara occidental au sein de l’assemblée, «en famille». Les deux parties y sont représenté­es puisque la République arabe sahraouie démocratiq­ue (RASD), proclamée par le Polisario, a intégré l’OUA en 1984, ce qui avait provoqué le départ du Maroc. La RASD est un membre fondateur de l’UA créée en 2002.

Critiques de la France

«Nous sommes un peuple pacifique qui a patienté durant 26 ans pour une résolution pacifique du conflit», souligne M. Ghali. Mais ces «26 ans d’attente» ont «réduit la confiance du peuple sahraoui envers la communauté internatio­nale et le Conseil de sécurité» de l’ONU, regrette-t-il. «Les atermoieme­nts marocains et le fait que le Conseil de sécurité (de l’ONU) ne prenne pas ses responsabi­lités nous ont contraints à réfléchir aux différents moyens de recouvrer nos droits», selon lui. M. Ghali critique en particulie­r la France, qui est «malheureus­ement responsabl­e du prolongeme­nt des souffrance­s du peuple sahraoui». Car, selon lui, «la France a entravé la mise en place du processus onusien. Elle a menacé d’utiliser son droit de veto contre toute résolution du Conseil de sécurité condamnant les violations marocaines systématiq­ues des droits de l’Homme de la population sahraouie». Le chef du Polisario déclare espérer une relance des négociatio­ns sous l’impulsion du nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui «maîtrise le dossier sahraoui car il était responsabl­e du Haut Commissari­at aux réfugiés (HCR). «Nous espérons qu’il aura le soutien nécessaire du Conseil de sécurité pour animer les négociatio­ns qui permettron­t l’autodéterm­ination de notre peuple», ajoute-t-il. M. Ghali a pris la tête du Polisario après le décès de son chef historique Mohamed Abdelaziz en mai 2016. Il avait été auparavant «ministre de la Défense» et représenta­nt du mouvement à Alger, son principal soutien. Il est basé à Tindouf, au coeur d’une région où sont installés quelque 165.000 Sahraouis répartis dans cinq camps avec l’aide d’agences de l’ONU et d’ONG internatio­nales.

 ??  ?? Le chef du mouvement indépendan­tiste sahraoui Polisario, Brahim Ghalil, à Tindouf en Algérie
Le chef du mouvement indépendan­tiste sahraoui Polisario, Brahim Ghalil, à Tindouf en Algérie

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia