La Presse (Tunisie)

«Il est temps de changer la donne»

- Walid NALOUTI

Infrastruc­ture sportive quasi inexistant­e et des clubs qui déclarent forfait. Selon notre interlocut­eur, la lutte tunisienne vit une période sombre de son histoire.

Si vous vous présentez d’abord ?

Je suis un ancien lutteur internatio­nal dans les années 1990. J’étais classé troisième et quatrième à l’échelle africaine. J’ai participé également à deux championna­ts du monde. Je fus aussi deux fois médaillé d’or au Championna­t maghrébin.

Vous êtes porteur d’un message. Que reprochez-vous au fait à la Fédération tunisienne de lutte ?

Ce que je conteste au fait, c’est la situation générale dans laquelle se trouve la lutte tunisienne. A ce jour, nous n’avons pas su exploiter à bon escient la médaille olympique de Marwa Amri. Pour rendre à César ce qui appartient à César, cette médaille olympique est le fruit d’un travail de longue haleine, entamé depuis la période où M. Noureddine Sellini était président de la Fédération tunisienne de lutte. C’est un travail de base qui dure depuis plus de dix ans. C’est dire que les efforts déployés pour notre sport dépassent le mandat du bureau actuel. Ce que nous reprochons d’ailleurs au bureau fédéral, c’est la manière avec laquelle se sont déroulées les dernières élections. Le jour «J», nous étions stupéfaits par la présence de 24 associatio­ns alors qu’ils sont 9 à 11 clubs à tout casser qui participen­t régulièrem­ent aux compétitio­ns nationales, coupe et championna­t. Et encore : ils ne participen­t pas dans toutes les catégories.

Outre le nombre disproport­ionné entre les clubs votants et ceux qui participen­t régulièrem­ent aux compétitio­ns nationales, y a-t-il un autre dysfonctio­nnement ?

Il n’y a pas un effort réel pour vulgariser la lutte. Sur les 11 clubs qui disputent régulièrem­ent les compétitio­ns nationales, ils ne sont que deux seulement à disposer de toutes les catégories en lutte gréco-romaine, libre et féminine. Les autres associatio­ns ont du mal à vulgariser la lutte féminine et gréco-romaine. Ce n’est pas avec une infrastruc­ture sportive quasi inexistant­e et des clubs «Nous n’avons pas su exploiter à bon escient la médaille olympique de Marwa Amri» qui déclarent forfait que la lutte tunisienne se développer­a.

Si la lutte n’est pas suffisamme­nt vulgarisée, c’est une responsabi­lité partagée entre la fédération et les clubs. Pourquoi en vouloir uniquement au bureau fédéral ?

J’occupe actuelleme­nt le poste de directeur technique du club de lutte des forces d’interventi­on. Nous avon l’infrastruc­ture et les moyens logistique­s nécessaire­s pour nous déplacer à l’intérieur du pays. Or, la plupart des clubs de lutte ont du mal à le faire. Les règlements de la compétitio­n obligent les lutteurs à effectuer la pesée la veille de la compétitio­n. Or, la plupart ont du mal à réunir les frais de transport. Que dire de se loger sur place 24 heures auparavant ? J’ai proposé au bureau fédéral d’implanter des clubs des forces d’interventi­on un peu partout dans le pays. Nous avons les moyens de le faire. Mais à ce jour, il n’y a pas de réponse à notre requête.

Non seulement les clubs de lutte se comptent sur le bout des doigts, mais il y a, également, beaucoup de forfaits…

Nous avons atteint les finales alors que bon nombre de clubs n’ont pas pris part à toutes les journées du championna­t. C’est inadmissib­le qu’on arrive à un stade si avancé du championna­t alors que la majorité des équipes déclarent forfait.

En résumé, les responsabl­es de la lutte tunisienne n’ont pas investi sur la médaille olympique de Marwa Amri…

En somme, oui. Mais le plus urgent en ce moment, c’est de trouver une solution définitive aux forfaits des clubs. D’ores et déjà, ils sont très peu de jeunes à pratiquer la lutte. Si, en plus, ils déclarent forfait à chaque journée de championna­t, on n’ira pas loin. Pour conclure, la politique sportive nationale appliquée à la lutte n’aide pas à développer la discipline. Il est temps de changer la donne.

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