La Presse (Tunisie)

A quoi ça sert un derby sans enjeu ?

Sans enjeu, mais pas sans intérêt, la rivalité entre le CA et l’EST est toujours hors norme. Seuls les joueurs sur le terrain peuvent la comprendre.

- Jalel MESTIRI

ENTRE LE CLUB AFRICAIN ET L’ESPéRANCE, il n’y a pas de simples matches. Pour deux “empires”, un derby va au-delà du football. Même en l’absence d’enjeu, tout est souvent réuni pour le spectacle. Chaque fois, le duel entre les deux équipes va bien au-delà de ce qu’on peut imaginer. Une opposition digne de ce nom ne doit pas être galvaudée. Encore moins banalisée. Surtout quand il s’agit de deux équipes dont l’histoire est aussi faite de rivalité sportive. Le football a besoin de ce genre d’antagonism­e. De cette passion qui ne meurt jamais. De cet enjeu qui dépasse le résultat, le classement. Un bon exemple de l’amour du football. Un bon exemple aussi de l’amour de la suprématie. Indépendam­ment de l’intérêt du résultat, de l’enjeu, un derby fait toujours monter d’un cran l’intérêt d’un match en lui-même et son intensité. Un vrai sommet pour une énième épreuve. Les frères-ennemis jouent dans la même cour. Pas de bon derby sans un bon «teasing». Déjà, avant le match, il faut en avoir l’envie et en donner sans modération. Que ce soit le dimanche, ou en cours de semaine. Tout le monde s’y retrouve. Si les médias que nous sommes s’y impliquent, les voix montent de partout, sans oser vraiment avancer des pronostics. Il n’y a pas de mal à cela, puisque le beau jeu excusera certaines ‘’dérives’’, mais pas toutes. Toujours est-il que la rivalité entre le CA et l’EST est hors norme et les seuls qui peuvent la comprendre, ce sont les joueurs sur le terrain. Les ingrédient­s d’un bon match sont toujours là. Rien ne saurait remplacer un derby. Le spectacle sur le pré vert, mais aussi dans les gradins. Le derby tient toujours ses promesses. Et ça, c’est essentiell­ement l’affaire des acteurs sur le terrain. Engagement physique, friction et implicatio­n, comme si on disputait un match de vie. L’explosion de joie de Sabeur Khelifa est très significat­ive. Des buts ? C’est souvent mieux. Une domination de l’un ou de l’autre ? Oui et indépendam­ment du nom du vainqueur. Le score, ça passera, mais un bon derby est toujours accroché, équilibré. C’est là qu’intervienn­ent les gestes décisifs, les arrêts décisifs, les frappes, là, ça paraît impossible. Le dernier ne s’oubliera pas. Il avait encore une fois tenu ses promesses, même en l’absence d’enjeu. D’une certaine manière, on n’a laissé aucune miette, tout en donnant à ce beau duel ses lettres de noblesse. Chaque équipe, chaque joueur a rempli son rôle. Enfin, peu importe de quelle façon. Au risque même de casser le rythme, mais tout en suscitant des réactions enflammées. Enfin, si une petite polémique peut faire couler beaucoup d’encre et de salive le lendemain, on a toujours la cerise sur le gâteau du derby. Des intentions de jeu avant de penser au résultat. Et forcément, qui dit suprématie de l’un, dit envie d’en découdre de l’autre. A chacun son territoire, même si, au fil des années, les moeurs évoluent. Un rapport de force loin d’être démesuré. Loin des stats du passé et du présent…

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