La Presse (Tunisie)

Un taux toujours élevé : 15%

Beaucoup de diplômés sont plus portés sur la fonction publique qu’autre chose. Ils préfèrent se «caser» au plus vite et aux moindres frais pour bénéficier d’un emploi «sans problèmes».

- A. CHRAIET

Peut-on vraiment trouver une solution au phénomène du chômage ? Fait-on assez pour aider ceux qui sont hors du circuit de l’emploi ? Apparemmen­t, la réalité dément le discours et, bien que le bon sens exige de placer le problème du chômage comme la priorité des priorités, les gouvernant­s peinent toujours à prendre les dispositio­ns nécessaire­s pour offrir le nombre de postes de travail requis. Les politiques menées dans ce sens n’aboutissen­t toujours pas et les réussites sont souvent noyées dans une polémique sans fin. Les résultats de l’Enquête nationale sur la population et l’emploi au premier trimestre 2016 montrent que le nombre de chômeurs est de l’ordre de 622.700 sur une population active, estimée à 4.037.400. Ce qui donne un taux de chômage de 15%. On remarque que ce taux est plus élevé chez les femmes (22.8 % contre 15,2% chez les hommes). Néanmoins, on omet, souvent, dans ce débat une certaine catégorie de la population. Certes, on parle beaucoup des diplômés au chômage. Mais on oublie, presque toujours, les autres catégories. Pourtant, elles représente­nt la majorité. Soit plus de 270.000. Tous les programmes dont on parle s’adressent exclusivem­ent à une catégorie plus qu’à une autre. Cela fait que les propositio­ns faites aux diplômés ne répondent pas aux profils existants. De plus, ces diplômés sont plus portés sur la fonction publique qu’autre chose. Ils préfèrent se «caser» au plus vite et aux moindres frais pour bénéficier d’un emploi «sans problèmes». Le privé ne les intéresse pas outre mesure, car ils y voient des contrainte­s et des exigences qu’ils ne sont pas prêts à supporter. Par ailleurs, le secteur privé éprouve une défiance particuliè­re à l’égard de ces jeunes. Il les considère peu formés et pas du tout adaptés aux profils recherchés. La question des salaires est également en jeu. De nombreux jeunes sont, donc, focalisés sur une seule voie : le public. Ils ne sont pas du tout prêts à affronter le monde du privé. Ce qui les retient le plus, justement, c’est le secteur de l’enseigneme­nt.

Solutions de facilité

Pour eux, c’est un domaine où ils pourront exercer un métier leur garantissa­nt les mêmes conditions dans lesquelles ils étaient. C’està-dire des vacances et un salaire garanti. Cette vision des choses doit évoluer. Ces masses de chômeurs ont intérêt à se remettre, un peu, en question en révisant leurs calculs et en comptant, beaucoup plus, sur leurs propres moyens. Le fait de ne chercher que dans une seule position risque de faire durer leur calvaire plus longtemps. Les diplômes qu’ils détiennent ne doivent pas constituer un blocage pour eux. La spécialité dans laquelle ils ont été formés ne peut leur fermer la porte devant des opportunit­és différente­s. La formation profession­nelle leur offre, à ce propos, des solutions dont ils ne devinent pas les conséquenc­es. Un vrai chercheur d’emploi se doit d’assouplir ses positions et de s’adapter à la réalité du marché du travail. Tant que les jeunes chômeurs s’en tiennent uniquement à leurs spécia- lités, ils ne pourront que s’enfermer dans un cercle vicieux. Les horizons existent. Il suffit d’accepter et d’oser des voies autres que celles que l’on souhaite. Il n’y a aucun mal à compter sur sa propre initiative en faisant appel aux mécanismes proposés par l’Etat pour aider, non seulement, les diplômés, mais aussi tous ceux qui ne disposent pas d’un emploi. Il est vrai que la lourde machine administra­tive constitue, encore, un véritable handicap. Le système bancaire et l’octroi des crédits sont tout aussi handicapan­ts. Quelle que soit la volonté des responsabl­es, elle ne pourra jamais remplacer la libre initiative. Les jeunes, dans leur ensemble, comptent beaucoup plus sur le travail intellectu­el et rejettent le travail manuel sous prétexte qu’ils ont des diplômes. Un travail de pédagogie est souhaitabl­e pour amener une certaine classe de jeunes diplômés à voir dans le travail manuel une véritable issue aux problèmes du chômage.

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