La Presse (Tunisie)

La victime vivait en exil depuis 2001

Plusieurs suspects ont été arrêtés par les autorités malaisienn­es… La Corée du Nord n’a fait aucune déclaratio­n concernant l’homicide

- Contre l’autopsie Visiter Disneyland

AFP — La Malaisie va remettre le corps du demi-frère en disgrâce du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, a promis, hier, un vice-Premier ministre, alors que la police a effectué trois arrestatio­ns en lien avec cet assassinat digne d’un roman d’espionnage. Kim Jong-Nam, 45 ans, avait été attaqué lundi par deux femmes qui lui auraient jeté un liquide au visage dans le hall de départ de l’aéroport internatio­nal de Kuala Lumpur. Il a succombé peu après lors de son transfert à l’hôpital. La Corée du Nord n’a fait aucune déclaratio­n concernant cet homicide imputé par Séoul à des agents de Pyongyang, mais des diplomates nordcoréen­s s’étaient opposés à l’autopsie pratiquée par les enquêteurs malaisiens, a indiqué la police de ce pays d’Asie du Sud-Est. Une suspecte détentrice d’un passeport indonésien a été arrêtée dans la nuit de mercredi à jeudi, peu après l’arrestatio­n de son petit-ami malaisien Muhammad Farid Bin Jalaluddin, selon des communiqué­s de la police. Le couple était interrogé, de même que la première femme interpellé­e mercredi, âgée de 28 ans et possédant un pas- seport vietnamien, a précisé la police. Selon des responsabl­es du renseignem­ent sud-coréens, Kim a bien été empoisonné à l’aide d’un liquide inconnu par des agents nord-coréens, à l’aéroport de la capitale malaisienn­e. Il s’apprêtait à prendre un avion pour Macao, région administra­tive de Chine où il a passé de nombreuses années en exil.

Des images de vidéo-surveillan­ce publiées par les médias malaisiens montrent une Asiatique présentée comme l’une des suspectes, vêtue d’un haut blanc frappé des lettres «LOL». Les enquêteurs ont obtenu une ordonnance de détention de sept jours pour la première suspecte, Doan Thi Huong, ainsi que pour la seconde, Siti Aishah, âgée de 25 ans et possédant un passeport indonésien. Le Malaisien arrêté apporte également sa contributi­on aux investigat­ions. Le corps de Kim était conservé, hier, dans un hôpital de Kuala Lumpur, après une autopsie dont les résultats n’ont pas été communiqué­s. La Corée du Nord a adressé via la police et l’hôpital une demande pour la restitutio­n du corps, a déclaré le vicePremie­r ministre malaisien, ajoutant que son pays était prêt à y répondre favorablem­ent. «Nous facilitons la requête de tout gouverneme­nt étranger, bien qu’il y ait des procédures à suivre. Notre politique consiste à honorer nos relations bilatérale­s avec tout pays étranger», a déclaré Ahmad Zahid Hamidi à des journalist­es. L’assassinat n’affectera pas les relations bilatérale­s, a-t-il encore dit. Mais Abdul Samah Mat, chef de la police de l’Etat de Selangor où est situé l’aéroport, a indiqué qu’aucune demande de restitutio­n du corps n’avait été reçue. Quand la Corée du Nord a protesté contre l’autopsie, «nous leur avons dit que la loi malaisienn­e s’appliquait», a déclaré à l’AFP un responsabl­e malaisien proche des investigat­ions.

Des représenta­nts de l’ambassade de Corée du Nord en Malaisie ont été vus près du départemen­t médico-légal de l’hôpital dans un véhicule diplomatiq­ue, mercredi aprèsmidi et à nouveau dans la nuit de mercredi à jeudi. Kim Jong-Nam, un temps pressenti pour être l’héritier du régime, était tombé en disgrâce après avoir été arrêté en 2001 à l’aéroport de Tokyo avec un passeport falsifié de la République dominicain­e. Il aurait alors affirmé qu’il voulait visiter Disneyland. Après cette mésaventur­e, Kim Jong-Nam avait vécu, de fait, en exil avec sa famille, à Macao, Singapour ou en Chine. Il se serait souvent rendu à Bangkok, à Moscou et en Europe. Vers la fin du règne de son père, il s’était montré critique sur la succession dynastique à la tête du régime nordcoréen. Il avait, en outre, émis de sérieux doutes quant aux capacités de son demi-frère quand celui-ci avait pris le pouvoir fin 2011. Les annonces de purges, d’exécutions et de disparitio­ns - certaines confirmées, d’autres non - sont depuis lors fréquentes. Kim Jong-Nam avait écrit en 2012 à Kim Jong-Un pour l’implorer de l’épargner, lui et sa famille, avaient affirmé mercredi des députés sud-coréens après une rencontre avec le patron des renseignem­ents du Sud.

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