Un petit conte de fées
Une première dans la jeune histoire de Ben Guerdane : l’accès au play-off parmi les six meilleurs clubs du pays.
Un vent du Sud souffle sur le playoff. Après le CSSfaxien et l’ES Métlaoui, Ben Guerdane va rejoindre l’heureux sextette qui va lutter pour le titre de champion. Un peu à la surprise générale, compte tenu des moyens humains et financiers du club du Sud-Est qui ne sont pas supérieurs à ceux du Club Athlétique Bizertin, donné au départ largement favori pour composter le troisième billet au titre de la Poule A. Ben Guerdane comme Métlaoui : l’un et l’autre font office de petit poucet face aux mastodontes composant le «Big four» auxquels ils vont se coltiner au play-off. Le pot-de-terre contre le pot-de-fer, en quelque sorte, un duel a priori inégal pour plusieurs raisons : – Jusqu’à la mi-février, l’USBG a dépensé un budget de 1,3 million de dinars, le chiffre ayant été révélé par le président du club, Mehdi Dbouba. L’équivalent de ce que dépense un grand club, genre EST et ESS pour sa seule section de volley-ball, par exemple. L’équivalent aussi des gains annuels d’un Abdelmoumen Djabou, d’un Yoann Touzghar ou d’un Sabeur Khelifa au Club Africain, d’un Houcine Nater à l’Etoile du Sahel, ou encore d’un Eneramo à l’Espérance de Tunis. Ce sont, par conséquent, deux planètes totalement différentes, le «gap» financier étant accentué par les sources de financement sur lesquelles peut s’appuyer l’un ou l’autre. «Contrairement à plusieurs clubs du Sud qui ont derrière eux de solides entreprises publiques : la Compagnie des Phosphates de Gafsa, qui finance El Gaouafel de Gafsa et l’Etoile Sportive de Métlaoui, et le Groupement chimique tunisien qui apporte d’importants subsides au Stade Gabésien et à l’Avenir Sportif de Gabès, l’USBG ne doit compter que sur le soutien de ses propres enfants», relève le président «jaune et noir». En pleine crise du commerce avec la Libye qui transite par la ville frontalière, et on constitue la première activité économique, cela relève de la gageure de compter uniquement sur ses propres subsides. Cela donne naturellement davantage de mérite à l’effort financier consenti par l’équipe de Dbouba, laquelle débourse tout juste le budget d’un club de Ligue 2, ce qui jure avec les richissimes trésors de guerre déployés par les grosses écuries à la pointe du football national.
Les soldats de l’ombre
Le potentiel humain peut paraître dérisoire au regard de ce que possèdent les grands clubs comme vedettes millionnaires et valeurs confirmées, dont une kyrielle d’in- ternationaux. De Seïfeddine Charfi, formé au CA et qui a trouvé dans la ville du Sud-Est la scène rêvée pour étaler son talent, à Amine Abbès (ex-CSS) et Ahmed Mida (ex-SG) capables de se remotiver au contact d’un meneur d’hommes doublé d’un fin stratège, de Mourad Zahou, qui n’a pas son pareil pour faire d’une simple remise en touche presque un penalty, à Seïfeddine Jaziri, arrivé cet hiver du CA pour faire bénéficier l’USBG de sa vélocité et de sa roublardise, sans oublier un petit lutin nommé Jilani Ben Abdessalam que sait régulièrement sortir son coach de sa boîte de pandore en seconde période, c’est un effectif dépouillé des grandes vedettes desquelles on peut attendre des miracles, mais qui peut s’enorgueillir d’aligner des battants, des «soldats de l’ombre», le genre de joueurs généreux à l’envi et qui ne se font aucun complexe. Le coach Chokri Khatoui promet que les siens ne vont pas au playoff juste pour marquer le coup : «Nous serons durs à cuire et difficiles à manier, promet-il. Si nous en sommes là, c’est au prix du travail et du labeur, il n’y a aucun secret à cela» . La recette est simple. Puissent les seconds couteaux de notre foot s’en inspirer…