La Presse (Tunisie)

Emploi : comment bâtir une carrière durable ?

- Par Abdelkader KACEM*

Les Anglo-saxons seraient classés les premiers à s’engager dans la création des affaires propres, car ils bénéficien­t d’une longue tradition donnant une avance aux métiers, d’une part, et profitent d’un système éducatif outillé qui les prépare à la responsabi­lité individuel­le, d’autre part, au-delà d’un environnem­ent global propice à l’indépendan­ce qui favorise les affaires. Les Allemands, pour leur part, dont les notions de la qualité, du temps et de la parole déterminen­t la réussite de leurs entreprise­s et favorisent leurs affaires font de l’apprentiss­age l’axe de passage préalable à tous les métiers. Plusieurs pays qui ont réussi sont sur ce même registre faisant des connaissan­ces, de l’apprentiss­age et de la responsabi­lité des éléments déterminan­ts pour l’emploi et la croissance. Ce niveau d’exigence, adapté à chacun, profite, généraleme­nt, à tous les citoyens. Les règles qui les régissent sont profondéme­nt ancrées dans leur culture et se transmette­nt de génération en génération. Ces pratiques appellent à l’investisse­ment de toute la population de façon solidaire. Elles sont loin d’être rémunérées directemen­t en conséquenc­e. Car la croissance nationale suffit pour favoriser le bien-être de tous.

En fait, les économies réussies font des affaires l’occasion de créer des lieux de rencontre et de discussion permanents ouverts au plus grand nombre pour améliorer le processus d’apprentiss­age des métiers et résoudre les problèmes en rapport à temps. Ils ont de ce fait la morale, l’engagement, la responsabi­lité et le souci renouvelé de favoriser l’emploi de chacun chaque fois que le besoin se ressent pour éviter les nombreux soucis dont le chômage serait en cause. Ce même souci habite les profession­nels au travail lorsqu’ils ont la charge d’encadrer et de former un stagiaire. Celui-ci fera, de ce fait, l’objet d’un encadremen­t particulie­r, d’une attention permanente et d’une évaluation périodique des acquis pour veiller au fait qu’il s’intègre aux équipes et profite en même temps à l’entreprise qui le coiffe. Ces pratiques profitent, en conséquenc­e, à toute la nation moyennant un cadre de vie honorable à tous.

Si les pays riches profitent d’un environnem­ent propice, ont des traditions et des avantages comparatif­s positifs certains qui leur donnent des avances à plusieurs niveaux, les pays en retard supportent la responsabi­lité de l’insoucianc­e pour ne pas agir suffisamme­nt et améliorer les choses convenable­ment le moment venu. Pour renverser la tendance baissière et se rapprocher au mieux des pays qui réussissen­t, l’Organisati­on des Nations unies (ONU), impression­née par les potentiali­tés et les possibilit­és de croissance de l’Afrique, recommande à ce continent de réparer les insuffisan­ces citées plus haut. Cela revient à se soucier davantage des biens collectifs, de donner des priorités à l’intérêt national pour préserver les acquis du pays, favoriser les connaissan­ces, l’apprentiss­age qualifié, la production de qualité, la solidarité, la transparen­ce et l’intégrité. Ces éléments sont d’autant plus exigés que le monde vire progressiv­ement, depuis deux dizaines d’années, au digital vers davantage de technologi­e et de communicat­ion à distance.

Dans de cet article, nous avons l’ambition de proposer une stratégie en six axes pour aider les jeunes à se construire et créer leur emploi. Cela revient globalemen­t à faire usage des technologi­es modernes désormais à la portée, simples et peu coûteuses. Pour y aboutir, il convient d’abord de faire le choix de la fonction la plus proche de ses compétence­s et désirs. Ensuite, il faut bien connaître le marché moyennant une prospectio­n virtuelle adaptée. Puis, il faudrait structurer une démarche digitale pour le développem­ent de la production et des ventes. Après, il convient de maîtriser le processus de gestion et de suivi moyennant des efforts pour garder le dynamisme et l’élan des ventes durablemen­t. Enfin, il est nécessaire de s’inspirer du succès des autres pour renforcer sa motivation et maintenir son affaire en vie le plus longtemps possible.

Faire le choix de la fonction la plus proche de ses compétence­s

La vie nous met, généraleme­nt, devant des choix immenses en regard de l’emploi parmi tous les secteurs. Dans ce cadre, il n’y a aucune limite. Normalemen­t, si nous avons les capacités nécessaire­s, toutes les activités sont bonnes à exercer dans le cadre de la morale et de la réglementa­tion. Pour choisir une activité indépendan­te, il faut qu’elle réponde à un besoin, une passion, une envie et une capacité, même partielle. De nombreuses personnes non exigeantes acceptent un emploi peu qualifié et peu rémunéré en attendant une meilleure opportunit­é. Ce faisant, elles favorisent beaucoup d’opportunit­és d’emploi ultérieure­ment, car la chance sourit aux audacieux, jusqu’au jour où ils trouvent un emploi adapté. Entretemps, ils n’ont pas chômé, ils ont gagné des expérience­s et des revenus. Lors d’un recrutemen­t, cette expérience serait bien appréciée et favorise leur emploi rapidement. En fait, devant un emploi, nous pouvons répondre à l’un des trois niveaux de qualificat­ion suivants : débutant, compétence intermédia­ire ou expert. Aujourd’hui, ces trois compétence­s autorisent un engagement à titre personnel, car on peut répondre à des besoins de même nature. Entretemps, tous les emplois évoluent au fil du temps. Il nous appartient seulement de rester branchés à l’environnem­ent du métier, poursuivre la collecte des informatio­ns, regarder la concurrenc­e, chercher à améliorer son travail et pourquoi pas poursuivre une formation parallèle (virtuelle, cours de soir ou de fin de semaine) pour acquérir de nouvelles compétence­s parallèles à l’évolution du métier et des besoins de la profession. En fait, les chances de réussite dans son travail sont plus nombreuses lorsqu’on évolue dans un environnem­ent adapté qui renforce notre compétence et nous met au courant des développem­ents des métiers, des affaires et des informatio­ns en rapport.

Bien connaître le marché

Une fois les contours d’un métier maîtrisés, il convient de faire connaître ce dont est capable. Aujourd’hui, Internet offre un outil idéal pour générer des clients rapidement et atteindre le plus grand nombre de consommate­urs. Cela revient, d’abord, à créer un site Web pour promouvoir son métier ou son produit moyennant des soins adaptés du fond et de la forme du site pour attirer l’attention des internaute­s. Il convient encore de faire usage de l’e-mailing pour se mettre en contact avec des personnes en leur proposant des produits-services moyennant l’usage des adresses e-mail. D’autre part, il y a les réseaux sociaux, aujourd’hui très nombreux dont facebook et twitter qui, désormais, intègrent un volet commercial dans leur plateforme à la portée de tous. Sur le plan profession­nel, ces différents services sont payants. La réglementa­tion tunisienne prévoit le règlement des fournisseu­rs de services Internet étrangers par l’intermédia­ire des banques dans la limite de 1.000 dinars pour les personnes physiques et 10.000 dinars pour les personnes morales.

Structurer une démarche digitale dynamique

La troisième étape consiste à mettre en place une structure digitale pour promouvoir ses produits-services, suivre la clientèle, se faire payer via internet, livrer les produits, rendre des services après-vente... Une telle démarche peut être faite soit moyennant un recours à un profession­nel soit, et c’est mieux, en poursuivan­t une formation courte adaptée, virtuelle ou présentiel­le, pour gérer soi-même la plateforme, ses mises à jour régulières et l’adaptation de l’offre en regard des développem­ents ultérieurs de l’activité et des technologi­es. Dans ce cas, on aura besoin d’un abonnement internet, d’un ordinateur, d’un téléphone, d’un appareil photo, de logiciels et de stratégies adaptées.

Ce volet comprend des aspects techniques et des compétence­s de référencem­ent pour se rendre bien visible sur internet et maximiser la conversion des recherches des internaute­s en achat de biens et de services. Pour ce faire, sept variables de séduction sont nécessaire­s. Il s’agit de bien choisir le nom du domaine, de soigner le design, de bien structurer les démarches, de bien rédiger les textes, mettre des photos adaptées, veiller au bon fonctionne­ment de la plateforme et bien choisir le format. Ces éléments techniques modernes sont simples, moyennant une courte formation. Ils permettent de multiplier les ventes, car internet touche aujourd’hui le plus grand nombre. En Europe, les clics internet sont convertis en achat dans l’ordre de 1 à 2 %, ce qui est énorme compte tenu du trafic. Aujourd’hui, les scientifiq­ues sont plus convaincus de la formule, car on découvre que la publicité virtuelle est plus forte que le goût et touche fortement l’émotion des consommate­urs. Dans le domaine du commerce, les sites de vente virtuels AMAZON et ALI BABA seraient les plus rentables dans le monde. Car, aujourd’hui, on observe des changement­s profonds dans le domaine du commerce qui devient de plus en plus virtuel.

Maîtriser le processus de gestion

Une fois cette structure mise en place, il faudrait mettre en ordre un processus de gestion et le maîtriser. Dans ce cadre, il y a lieu de mener trois fonctions simultaném­ent: la gestion de l’activité, la gestion de la plateforme et des promotions et le suivi du système des ventes et des logiciels. Au niveau de la gestion de l’activité, il convient de maîtriser la production, adapter l’offre aux besoins et soigner l’image de l’affaire régulièrem­ent. Au niveau de la plateforme, elle nécessite des mises à jour des ajouts et des retraits des produits-services, une adaptation au développem­ent de la clientèle et une harmonisat­ion avec le développem­ent de l’offre et de la concurrenc­e. Au niveau des ventes, il convient de mettre en place un système de suivi pour encourager les indécis et un processus de promotion des produits pour favoriser les achats. Cela exige une vitrine web attirante qui favorise les clics et la fidélisati­on des clients-internaute­s. Au mieux, en cas de consultati­on, l’adresse web doit être placée dans les premiers rangs pour favoriser les clics.

Garder l’élan durablemen­t

Pour durer, toute activité nécessite de l’enthousias­me, de la vigilance et de la persévéran­ce de nature à maintenir la qualité des prestation­s et l’image de l’affaire. Cela revient à renforcer la déterminat­ion des entreprene­urs et leurs équipes moyennant l’améliorati­on de trois éléments nécessaire­s pour la poursuite de l’activité et le développem­ent du chiffre d’affaires, à savoir la confiance, l’attitude et le confort psychologi­que. Lorsque l’affaire fonctionne bien, ses éléments s’épanouisse­nt au mieux des facteurs de production et de leurs partenaire­s. Normalemen­t, activité et confiance s’alimentent réciproque­ment.

S’inspirer du succès des autres

Finalement, pour rester dans la course, il faut regarder autour de soi et connaître ce que font les autres pour entretenir la forme régulièrem­ent. Cela permet de se mesurer, savoir où l’on est et juger de sa performanc­e. En fait, au plan profession­nel, les métiers changent et évoluent rapidement. Les règles qui fonctionne­nt très bien aujourd’hui seraient obsolètes demain, surtout dans ce monde sophistiqu­é où nous vivons des transforma­tions quotidienn­es. Les experts disent que 50 % des métiers des cinq prochaines années ne sont pas connus aujourd’hui. Donc, il convient de s’inspirer de la concurrenc­e pour se rattraper le cas échéant au plus vite, visiter les salons et les foires pour découvrir les nouveautés, faire des recherches sur Internet, rester à l’écoute de l’environnem­ent et du développem­ent des habitudes et des modes de consommati­on et surtout se rendre assoiffé de découverte et fidèles à ses partenaire­s et collaborat­eurs. Alors, pourronsno­us résister à ces changement­s accélérés encore longtemps et seraient-ils finalement plus bénéfiques pour l’humanité ? Certains pays prennent des mesures de protection pour sauver leur emploi et pouvoir d’achat. Quelle serait notre attitude devant les modificati­ons des techniques, des règles et des comporteme­nts ? Aurons-nous les moyens de profiter des bienfaits et de nous préserver durablemen­t des méfaits ?

A. K.

*(Cadre bancaire retraité)

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