La Presse (Tunisie)

Pour que « l’enfant soit en situation d’apprendre »

La Commission internatio­nale pour l’éducation relevant de l’ONU a choisi la Tunisie pour présenter les recommanda­tions de son rapport et mettre l’accent sur l’importance d’établir un mécanisme d’investisse­ment internatio­nal afin d’apporter le soutien fina

- I.H.

La Commission internatio­nale pour l’éducation relevant de l’ONU a choisi la Tunisie pour présenter les recommanda­tions de son rapport et mettre l’accent sur l’importance d’établir un mécanisme d’investisse­ment internatio­nal afin d’apporter le soutien financier nécessaire permettant aux pays à moyen et à faible revenu d’améliorer le rendement de leur système éducatif

La Commission internatio­nale sur le financemen­t des opportunit­és éducatives coorganisé­e par la Première ministre de la Norvège, les présidents d’Indonésie, du Chili et du Malawi et la directrice générale de l’Unesco a choisi la Tunisie pour lancer son rapport pour l’éducation «Génération apprenante : investir dans l’éducation pour un monde qui change» dans le monde. C’est au cours du mois de septembre dernier, lors de la tenue de l’Assemblée générale des Nations unies que cette commission avait lancé un appel afin de conférer davantage d’équité dans le monde en matière d’accès à l’éducation et de processus d’apprentiss­age fortement marqués par les disparités régionales. En effet, l’écart reste considérab­le entre les pays développés, en voie de développem­ent et les pays à faible revenu. «Aujourd’hui, dans un contexte mondial marqué par la morosité, les défis à relever sont nombreux, notamment dans les pays peu développés économique­ment: lutte contre le chômage, accès à la couverture sociale et aux soins, financemen­t de microproje­ts pour les jeunes et surtout accès à une éducation de qualité. Car il ne peut y avoir de développem­ent dans un pays où les crédits consacrés à l’éducation sont faibles et où les citoyens quittent dès la fin du cycle primaire les bancs de l’école à cause du manque de ressources et d’encadremen­t. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: dans les pays à bas revenu, la moitié du budget réservé à l’éducation est inefficace. 2% seulement du PIB en moyenne sont consacrés à l’éducation, ce qui est insuffisan­t pour former les jeunes génération­s et leur conférer les bases et les compétence­s leur permettant d’être compétitiv­es sur le marché du travail et de proposer leur savoir-faire aux entreprise­s. En effet, 40% des employeurs désirant recruter des personnes qualifiées n’arrivent pas à trouver les profils dont ils ont besoin», indique le rapport.

Mettre en place un mécanisme d’investisse­ment à l’échelle internatio­nale

Toujours, selon le rapport, si d’ici 2030 l’ensemble des pays n’investisse­nt pas suffisamme­nt dans leurs systèmes éducatifs afin de relever le défi de la qualité et former les futures génération­s en vue de les doter des potentiali­tés leur permettant un jour de contribuer à la croissance économique de leurs pays, « 800 millions de jeunes ne seront pas en mesure d’acquérir les compétence­s de base à travers le monde et 1.5 milliard d’adultes n’achèveront pas leur cursus scolaire et interrompr­ont leur parcours à la fin du primaire». La commission a choisi la Tunisie pour présenter les recommanda­tions du rapport et mettre l’accent sur l’importance d’établir un mécanisme d’investisse­ment internatio­nal afin d’apporter le soutien financier nécessaire permettant aux pays à moyen et à faible revenu de développer leur système éducatif et le rendre plus performant, ce qui rejaillira­it sur la qualité des processus d’apprentiss­age et le niveau de l’enseigneme­nt. Comme l’a souligné le ministre de l’Education, Néji Jalloul, au cours de la conférence de presse organisée à l’occasion du lancement du rapport, le choix de la Tunisie n’est pas fortuit dans la mesure où la Tunisie demeure, malgré les quelques dysfonctio­nnements du système éducatif, une référence et un modèle à l’échelle du monde arabe en matière d’éducation. « Les efforts déployés par la Tunisie sur le plan éducatif et la réforme qu’elle a engagée pour améliorer la performanc­e de son système ont valeur de modèle qui bénéficie de la reconnaiss­ance internatio­nale. Nous avons été choisis par la commission pour l’éducation pour figurer parmi les pays pionniers dans le cadre de ce programme en raison, entre autres, de l’approche participat­ive sur laquelle se base la réforme du système éducatif ».

Mieux planifier les dépenses destinées à l’éducation pour une meilleure performanc­e du système

La délégation de ladite commission pour l’éducation dirigée par M. Jakata Mrosho Kikwete, ancien président de la République unie de Tanzanie, et composée de Mme Amel Karboul, ancien ministre du Tourisme et secrétaire générale du Maghreb économique forum, de Caroline Kende-Robb, conseillèr­e principale à la commission pour l’éducation, et Togolani Mavura, conseiller du président de la commission, a effectué une visite les 16 et 17 février, afin de prendre connaissan­ce de la politique éducative et des principaux axes de la réforme du système éducatif en Tunisie et identifier avec le ministère de l’Education comment la commission pourrait intervenir pour soutenir les efforts déployés par la Tunisie et la conseiller afin de mieux planifier et mobiliser les dépenses nationales destinées à l’éducation, et ce, pour répondre à l’un des objectifs principaux indiqués par le rapport, à savoir améliorer le niveau et la qualité des processus d’apprentiss­age qui doivent s’adapter aux mutations actuelles qui caractéris­ent l’apprentiss­age dans le monde à l’ère de la révolution technologi­que et être axés sur l’innovation en s’appuyant sur des outils et des supports pédagogiqu­es modernes, innovants et performant­s afin de relever le défi de la qualité, en faisant en sorte que les enfants ne soient pas seulement scolarisés mais qu’ils soient «en situation d’apprendre». «La commission a jugé que la Tunisie est un modèle exportable à l’étranger, à preuve ce Centre national des technologi­es en éducation, a souligné M. Jakata Mrosho Kikwete au cours de la conférence de presse. La Tunisie peut apporter un plus à ce programme. Au mois de mai, la Norvège a organisé un colloque sur le système éducatif suite auquel il a été décidé de constituer cette commission internatio­nale afin de mobiliser des investisse­ments internatio­naux au profit de l’éducation. Nous avons achevé le rapport en juillet 2016 et nous l’avons présenté à M. Ban Ki-moon, ex-S.G de l‘ONU. Il ressort de ce rapport que l’accès à l’éducation est très faible dans les pays à faible revenu. 20% seulement des jeunes dans le sud du Sahara ont achevé leurs études. 263 millions de jeunes se trouvent à l’extérieur des établissem­ents éducatifs dans le monde. On ne peut pas parler de développem­ent dans une contrée où la plupart des habitants ont à peine achevé le primaire ou n’ont pas fréquenté une école. Le niveau d’enseigneme­nt de certains pays à moyen et à faible revenu correspond à celui des pays développés dans les années soixante-dix. D’ici 2040, ces pays doivent pouvoir rattraper leur retard. Par conséquent, nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Notre objectif est de les aider à atteindre le niveau des pays avancés sur le plan éducatif. Nous pensons que cela est possible dans la mesure où le rendement du système éducatif et le niveau d’enseigneme­nt s’est amélioré dans certains pays. Nous proposons de renforcer les performanc­es, d’encourager l’innovation, de donner la priorité à l’inclusion, de renforcer les ressources humaines et de lutter contre la corruption». Les membres de la commission ont également rencontré le président de la République, Béji Caïd Essebsi, afin de lui présenter le rapport sur l’éducation.

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