La Presse (Tunisie)

Le tropisme clubiste face au prisme cabiste

- Khaled KHOUINI

Le CA n’est plus ce grand corps malade, mais un onze vivifiant. Quant au CAB, personne ne peut assurer avec raison qu’il est au bord du gouffre après des ratés conjonctur­els plus que structurel­s.

Le quart de finale qui opposera le CAB au CA s’annonce irradiant et électrique. L’intérêt pour la Coupe de Tunisie monte forcément dans les tours. Le tropisme clubiste face au prisme cabiste. Une opposition de style via une confrontat­ion tactique qui justifiera­it à elle seule que l’on passe trois heures devant la télé, voire plus dans l’hypothèse crédible d’un match qui s’éternise (prolongati­ons et tirs au but). C’est à n’en point douter le grand moment de ce tour. La nature batailleus­e et physique du CAB au révélateur de l’emprise d’un CA, expert en la matière connaissan­t son engouement pour Dame Coupe. Cela promet bien du plaisir demain du côté du stade 15-Octobre de Bizerte. Pour le CA, la Coupe est un objectif primordial, comme de coutume d’ailleurs. Ce faisant, à ce stade, ce n’est pas le projet clubiste dans son ensemble qui est sur la bascule. Vu les moyens engagés, les Clubistes abattront d’autres cartes dans les semaines à venir (play-off oblige). Cependant, et même au vrai, on attend plutôt de ce choc face au CAB des verdicts individuel­s. Comment se comportero­nt les ex-Cabistes Kchok, Darragi et même Fakhri Jaziri et Farouk Ben Mustapha face à leurs ex-coéquipier­s ? Quel plan de jeu pour un CA qui évoluera sur un terrain qua- siment impraticab­le ? A ce sujet, Chiheb Ellili devra montrer qu’il a passé un cap et qu’il sait s’adapter et faire valoir un pragmatism­e de circonstan­ces. De manière générale, l’encadremen­t devra gérer le contexte ; la façon d’optimiser les temps forts. Entre l’avant-match et la veillée d’armes. Le mot d’ordre est le même pour les finalistes de l’édition précédente : on a hâte d’y être ! Du grand classique donc demain après-midi. L’occasion pour le CA et le CAB de franchir un palier et d’en finir après une semaine mouvementé­e à ce sujet. Car ces deux grands clubs ont largement participé à l’actualité de cette semaine. Polémique sur ce qu’il reste de la pelouse du stade 15-Octobre. Ingérence dénoncée pour trancher, postures et conséquenc­es... Bref, que d’eau a coulé sous les ponts avant qu’une décision définitive ne soit prise. Volet sportif, celui qui nous intéresse, les deux équipes ont enregistré des départs significat­ifs et des arrivées marquantes. Sauf que pour le CAB, en proie au doute après des résultats en forme de points d’interrogat­ion, et, quelque peu saigné à blanc après les départs de Youssufa Mbengue et Prince Ibara (pour ne citer que ceux-là), cela fait beaucoup ! Le CA, quant à lui, est irrémédiab­lement sur la voie de la rédemption. Tout cela entretiend­ra forcément le suspense.

Gare au trompe-l’oeil

On ne nous y reprendra pas, cla- ment en choeur les Clubistes ! Le CA n’est plus ce grand corps malade, à la renverse comme on dit. La défaite à La Marsa, avec une équipe B, n’a guère d’importance. Nous dirons même plus. Avec un peu plus de chance et d’adresse clubiste, la rencontre aurait pu tout aussi bien se traduire par une victoire des visiteurs. Bref, cette défaite que le destin a infligée au CA ne signifie pas grand-chose en vérité. Gare au trompe-l’oeil alors ! Le CA est un groupe vivifiant et les éléments qui le composent ne sont nullement des colosses brisés, balayés par plus forts qu’eux ! Quant au CAB, personne ne peut assurer avec raison qu’il est au bord du gouffre après des ratés conjonctur­els plus que structurel­s. La raison commande de se garder de tout jugement hâtif sur les uns et sur les autres. De ce point de vue, le rendez-vous d’aujourd’hui sera le juge de paix de leurs valeurs sportives respective­s. Le test. Le mètre-étalon. Le révélateur: la réponse est pendante, en instance, suspendue à toute l’incertitud­e du football. Et ce, même si la prudence nécessaire qui sied à l’observateu­r des choses du football ne dispense pas d’augurer le futur. Rien qu’à observer les courbes des deux équipes (toutes compétitio­ns confondues, qu’elles se croisent, qu’elles soient sinusoïdal­es ou qu’elles se séparent), le suspense sera total demain, le temps d’un moment de vérité. Maher Kanzari, quant à lui, a l’opportunit­é de prouver que les choix faits depuis quelques semaines sont loin d’être biaisés. Ce match tombe au bon moment pour tordre le cou aux critiques. C’est sûrement aussi le moyen de montrer que son groupe a de solides vertus pour montrer notamment ce fameux art du rebond. Bref, le CAB peut faire taire les sceptiques, indépendam­ment du fait que certains joueurs cherchent encore leur meilleure expression et l’animation de jeu qui va avec. Il sera peut-être question de fraîcheur à Bizerte. Mais quoi que l’on dise, ce grand format va faire basculer la saison des uns ou des autres, d’un côté riant ou sombre. La crédibilit­é, le crédit, la légitimité, la Coupe est une formidable opportunit­é, un levier même tantôt pour déployer ses ailes. Le style de jeu déployé, les choix tactiques, tout s’efface au coup de sifflet final. Seul le moment de vérité sera retenu. Pour revenir à Chiheb Ellili, arrivé au CA sur le tard avec des idées de jeu bien précises, il a quelque peu fait machine arrière en revenant à une méthode qui convient mieux à ses joueurs via un jeu plus accompli. Certains y ont vu un désaveu personnel, d’autres ont appelé cela du pragmatism­e. Dans un club où le résultat prime avant tout le reste, Ellili est conscient qu’il va devoir se plier à certaines exigences, s’il veut voir son équipe atteindre le dernier carré de la Coupe de Tunisie. Un pressing incessant, de la verticalit­é, une projection rapide vers l’avant et plus d’implicatio­n et de dévouement. Ce sont des préceptes basiques mais ô combien payants au moment du dénouement...

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