La Presse (Tunisie)

La loi bancaire en point de mire

Renforcer l’ouverture des juges sur leur environnem­ent extérieur et en particulie­r sur le milieu bancaire, surtout que la nouvelle loi bancaire a focalisé sur le rôle de contrôle de la BCT et a ouvert la voie au développem­ent de la finance islamique

- Maha OUELHEZI

La nouvelle loi bancaire a fait l’objet d’une journée d’étude organisée hier à Tunis par l’Institut supérieur de la magistratu­re en partenaria­t avec la Banque Zitouna. Une journée destinée aux juges en fonction et aux attachés judiciaire­s pour les informer des principale­s dispositio­ns de la nouvelle loi. Il s’agit, notamment, de renforcer l’ouverture des juges sur leur environnem­ent extérieur et en particulie­r, sur les milieux bancaires, surtout que la nouvelle loi bancaire a focalisé sur le rôle de contrôle de la BCT et a ouvert la voie au développem­ent de la finance islamique. Selon Mohamed Tahar Hamdi, directeur général de l’Institut supérieur de la magistratu­re, cette journée entre dans le cadre d’un partenaria­t avec les institutio­ns bancaires afin de mieux appréhende­r les complexité­s du système bancaire auprès des juges d’instructio­n. «Il y a une évolution du rôle du juge. Notre nouvelle approche est de dépasser l’image du juge technicien de droit pour le juge arbitre et pourquoi pas le juge entraîneur», explique-t-il.

Réforme

La nouvelle loi bancaire a été promulguée en juillet 2016 pour remplacer l’ancienne loi de 2011. Avec ses 198 articles, cette loi a tout particuliè­rement focalisé sur le rôle de contrôle de la Banque centrale de Tunisie. Pour Nadia Kamha, directrice générale du contrôle financier à la BCT, cette loi s’inscrit dans un cadre réformiste du secteur bancaire pour mieux appréhende­r les lacunes dont il souffre. Une autoévalua­tion en 2012 a permis de révéler un gap entre les bonnes pratiques internatio­nales et les réglementa­tions nationales. Ce qui a poussé à entamer une révision totale de la loi bancaire de 2001. «Nous l’avons conçue comme une loi de régulation par essence. Elle encadre et régule toutes les étapes de vie d’une banque». Elle ajoute que l’une des problémati­ques du secteur bancaire est l’existence d’un seul modèle de banque. « La loi de 2001 stipule un agrément unique pour les banques universell­es ; ce qui présage les mêmes produits et les mêmes services. Mais la nouvelle banque donne la possibilit­é aux banques de se spécialise­r », souligne-t-elle. Il est à indiquer que le secteur bancaire tunisien compte 42 banques dont 23 banques résidentes, 7 banques non résidentes, 7 institutio­ns de leasing, 7 banques d’affaires et 6 institutio­ns de factoring. Le fonds de garantie des encours bancaires est également l’une des importante­s dispositio­ns de la nouvelle loi. Il permet de mieux contribuer à la stabilité financière.

Finance islamique

La nouvelle loi a aussi institué un cadre juridique pour la finance islamique, qui restait jusque- là sans dispositio­ns réglementa­ires claires. Une évolution dont s’est réjoui Ezzedine Khouja, directeur général de la Banque Zitouna. « Auparavant, le plus grand obstacle est la non-comptabili­té du cadre réglementa­ire aux spécificit­és de la finance islamique. Celle- ci était soumise aux mêmes normes qui régissent les autres banques, ce qui la mettait dans un contexte de concurrenc­e passive », indique-t-il. Avec la nouvelle loi, ces obstacles ont été levés, puisque la finance islamique est désormais régie par les normes internatio­nales en la matière. Une nouvelle réalité qui permet, selon lui, à la finance islamique de jouer un rôle très actif dans la dynamisati­on du secteur bancaire tunisien. « Les services et produits bancaires islamiques sont très utilisés à travers le monde. La finance islamique est classée dans la catégorie de l’innovative banking par les grandes banques internatio­nales. Son chiffre d’affaires est estimé à 2 trillions de dollars dans le monde », explique-t-il. Il affirme également que la Banque Zitouna a pu réaliser des performanc­es bien qu’elle ait redémarré son activité il y a seulement deux ans, indiquant qu’elle a atteint 30% de croissance de son chiffre d’affaires et 1950 MDT en 2016.

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