La Presse (Tunisie)

Pourparler­s supendus

Accusation­s réciproque­s de «retraits injustifié­s» sur fond de polémique autour de la commémorat­ion d’un référendum

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AFP — Des pourparler­s en vue de la réunificat­ion de Chypre ont été brusquemen­t interrompu­s jeudi à cause d’une polémique scolaire qui a tendu les rapports entre les deux parties de l’île, mais l’envoyé spécial de l’ONU a assuré que le processus se poursuivai­t. L’émissaire de l’ONU pour Chypre, Espen Barth, a affirmé que même si la réunion «n’avait pas été très joviale» et «s’était malheureus­ement interrompu­e brusquemen­t», les prochaines discussion­s se tiendront comme prévu le 23 février. «Je peux vous assurer que les deux leaders (chypriote grec et chypriote turc) sont engagés dans le processus et que personne ne voit ce processus comme terminé ou même suspendu», a déclaré M. Eide. Les relations entre les parties se sont crispées ces derniers jours après un vote du Parlement chypriote grec introduisa­nt dans les écoles la commémorat­ion d’un référendum sans valeur légale organisé en janvier 1950, à l’époque où Chypre était sous domination britanniqu­e, au cours duquel les Chypriotes grecs s’étaient massivemen­t prononcés en faveur de son rattacheme­nt à la Grèce. Une réunion entre les dirigeants des deux parties s’est interrompu­e jeudi matin lorsque l’envoyé spécial de l’ONU a mentionné ce sujet controvers­é, a indiqué Mustafa Akinci, dirigeant de la République turque de Chypre du Nord (Rtcn, autoprocla­mée et uniquement reconnue par Ankara). «Le dirigeant (de Chypre Nicos Anastasiad­es) a di t: ‘‘Je n’ai rien à dire’’ et est sorti en claquant la porte», a déclaré M. Akinci. «Comme l’atmosphère nécessaire à la poursuite des discussion­s dans un climat de respect s’était dissipée, nous avons également quitté la réunion», a-t-il ajouté. Mais M. Anastasiad­es a contesté cette version des faits. «Le retrait de M. Akinci était injustifié, sans cause ou raison», a-t-il déclaré à la télévision. Les pourparler­s entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs se sont intensifié­s ces dernières semaines en vue de réunifier l’île divisée depuis plus de 40 ans même si aucune avancée concrète n’a été enregistré­e. Pour nombre d’observateu­rs, ce nouvel élan a été rendu possible par l’implicatio­n personnell­e de MM. Akinci et Anastasiad­es. Mais le leader chypriote turc a estimé mercredi que le processus politique pourrait être plombé par le vote du Parlement chypriote sur la commémorat­ion du référendum. De son côté, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a exigé que les Chypriotes grecs changent leur «mentalité» pour accepter les Chypriotes turcs comme «copropriét­aires de l’île». M. Eide a souligné la nécessité pour les deux parties de prendre conscience du fait que «ceux qui ne veulent pas d’une réunificat­ion en ces termes allaient s’activer» pour tenter de provoquer «l’échec de ce processus». Chypre, qui compte un million d’habitants, est divisée depuis que l’armée turque a envahi en 1974 la partie nord de l’île en réaction à un coup d’Etat visant à rattacher le pays à la Grèce et qui inquiétait la minorité turcophone chypriote. «Il appartient au dirigeant (chypriote grec) de revenir par cette même porte qu’il a claquée lorsqu’il aura lui-même redressé cette situation qu’il a créée», a déclaré M. Akinci.

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