La Presse (Tunisie)

Les prophéties de Mme Mugabe

Pour l’épouse du président, même mort son mari serait quand même élu

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AFP — La Première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, en est convaincue: son époux Robert Mugabe, qui doit fêter la semaine prochaine ses 93 printemps, serait réélu à la tête du pays même s’il décédait avant les élections prévues en 2018. « Un jour, quand Dieu décidera que Mugabe doit mourir, nous présentero­ns son cadavre comme candidat sur les bulletins de vote», a lancé hier Mme Mugabe devant des supporters du parti au pouvoir à Buhera (est). «Vous verrez les gens voter pour le cadavre de Mugabe ! Je suis sérieuse ! Juste pour montrer à quel point ils aiment leur président», a-t-elle assuré. Grace Mugabe, 51 ans, est depuis deux ans la patronne de la Ligue des femmes de la ZanuPF, le parti au pouvoir. Cette position en fait une des favorites à la succession de son mari, même si elle nie publiqueme­nt toute ambition présidenti­elle. Ce n’est pas la première fois qu’elle envisage l’hypothèse d’une défaillanc­e de son époux. En novembre 2015, elle avait assuré qu’elle soutiendra­it son mari même s’il devait «se présenter en fauteuil roulant». La santé du plus vieux chef d’Etat en exercice de la planète et ses fréquentes visites à Singapour ou Dubaï pour se faire soigner alimentent de multiples rumeurs sur son état de santé. En 2011, WikiLeaks avait dévoilé un télégramme diplomatiq­ue américain datant de 2008, qui affirmait à l’époque que le président zimbabwéen souffrait d’un cancer de la prostate et qu’il n’avait plus que cinq ans à vivre. S’il a réussi à déjouer ce lugubre pronostic, Robert Mugabe a trébuché en 2015 à plusieurs reprises pendant différente­s sorties, relançant le débat sur sa forme physique. En septembre 2015, il avait lu pendant 25 minutes devant le Parlement un discours parfaiteme­nt identique à celui qu’il avait prononcé un mois plus tôt, manifestem­ent sans s’en apercevoir. L’an dernier, M. Mugabe avait assuré qu’il comptait bien diriger le pays jusqu’à ses cent ans. Déjà candidat déclaré à la présidenti­elle de 2018, il a toujours refusé de suggérer le nom d’un successeur. Sous ses 36 ans de règne, le Zimbabwe s’est terribleme­nt appauvri et traverse aujourd’hui une profonde crise économique qui suscite la grogne croissante de la population.

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