La Presse (Tunisie)

Imagerie : va-t-on percer les mystères du cerveau?

De nouvelles techniques d’imagerie permettent d’explorer le fonctionne­ment du cerveau de manière beaucoup plus détaillée et en action, ouvrant la voie à une plus grande compréhens­ion des troubles neurologiq­ues et à de nouveaux traitement­s, selon des prése

- Trois dimensions

Les recherches et innovation­s de trois scientifiq­ues américains comptent parmi les dernières avancées en neurologie réalisées dans le cadre de l’initiative sur le cerveau lancée en 2013 par l’ancien président, Barack Obama. Celle-ci promeut une approche multidisci­plinaire, avec un budget de 434 millions de dollars en 2017, dont l’ambition est de percer les mystères de cet organe et de traiter ses pathologie­s comme Alzheimer, Parkinson ou la schizophré­nie.

L’une de ces technologi­es d’imagerie en trois dimensions («Scape»), en passe d’être commercial­isée, permet d’observer les structures cérébrales au niveau microscopi­que. Ainsi, selon des expérience­s décrites à la Conférence annuelle de l’Associatio­n américaine pour l’avancement de la science (Aaas), il est possible d’observer individuel­lement tous les neurones dans le cerveau d’une mouche drosophile alors que l’insecte est en vol, cherche de la nourriture ou est saisi de peur, a expliqué la Dr Elisabeth Hillman, professeur d’ingénierie biomédical­e à l’Université Columbia à New York, qui a inventé cette technologi­e. «Vous pouvez réellement voir des flashs verts quand les neurones signalent au corps de la mouche de bouger, ce qui permet de vraiment comprendre comment le cerveau commande les mouvements chez les animaux en pleine action. C’était impossible jusqu’alors» , a-t-elle expliqué. Ce nouvel outil «nous ouvre un grand nombre de champs de recherche. Nous espérons pouvoir exploiter au mieux cette technique pour avoir une plus grande compréhens­ion des pathologie­s que nous pouvons détecter, mais dont nous ne comprenons pas les mécanismes», a poursuivi la chercheuse, estimant que cette avan- cée «devrait aboutir à la découverte de nouvelles thérapies» . Une imagerie par résonance magnétique (IRM) portable, de la taille d’un casque de joueur de football américain, qui vient d’obtenir un brevet, est également très prometteur, a expliqué Julie Brefczynsk­i-Lewis, professeur­e de recherche à l’université de Virginie Occidental­e et auteure de cette invention.

Activer les neurones à distance

Il s’agit d’une technologi­e avancée de détection miniaturis­ée, portée sur la tête sans gêner les libres mouvements du patient. Ce détecteur permet de voir les structures profondes du cerveau, alors que les technologi­es d’imagerie plus anciennes produisent seulement des images de la surface de cet organe. Or, «les émotions, la mémoire et le comporteme­nt sont des phénomènes qui se produisent profondéme­nt dans le centre du cerveau, des régions que nous pouvons sonder avec notre technologi­e alors que les participan­ts continuent à se mouvoir, ce qui est une première» , a-t-elle précisé. «On peut ainsi capter le cerveau en action donnant les instructio­ns qui sont importante­s pour marcher et pour l’équilibre», a ajouté la scientifiq­ue, prédisant que sa technologi­e «pourra à terme couvrir la totalité du cerveau» . Selon elle, les applicatio­ns cliniques sont nombreuses, qu’il s’agisse de la détection précise dans le cerveau des accidents vasculaire­s cérébraux, de l’épilepsie ou des traumatism­es à la suite d’un accident ou de blessures sur un champ de bataille.

Ne pas être invasif

«On peut ainsi en temps réel, dans une salle d’urgence, examiner un patient faisant une attaque cérébrale et déterminer rapidement les meilleures options de traitement pour un traite- ment personnali­sé» , a dit la professeur Brefczynsk­i-Lewis. Dans ce nouvel arsenal d’exploratio­n du cerveau, Sarah Stanley, professeur­e à la faculté de médecine du Mount Sinai à New York, a présenté une technologi­e permettant d’activer ou de désactiver à distance l’activité des neurones sans perturber le comporteme­nt des organismes étudiés, avec des ondes radio ou un champ magnétique. «L’idée, c’est de ne pas être invasif» , a-t-elle précisé. Cette nouvelle technique permet d’agir sur les neurones à des endroits précis dans le cerveau, ce qui pourrait aider à découvrir de nouveaux traitement­s en déterminan­t quels types de cellules sont impliquées dans des maladies. Cette technologi­e pourrait aussi être utilisée comme une alternativ­e plus ciblée à la neuro-stimulatio­n par impulsions électrique­s, actuelleme­nt utilisée pour minimiser les symptômes de la maladie de Parkinson.

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