Le talent et la passion…
Avoir un père, une mère ou un frère sportif facilite pour certains l’accès, mais aussi la réussite en sport
Réussir en sport et avant cela être passionné de sport se transmet-il dans les gènes ? La question est d’autant plus intéressante que plusieurs exemples de sportifs qui ont fait et qui font encore un chemin brillant en sport en ayant un parent qui a fait le même chemin. Tous les sportifs ne sont pas forcément descendants d’ex-sportifs, mais certains exemples, surtout dans les sports individuels, confirment cette thèse. Essentiellement dans les sports individuels où des familles ont brillé et transmis d’une génération à l’autre cet amour et cette passion pour le sport. Le phénomène est digne d’étude et d’exploration, avec aussi une focalisation sur les dérives de ce phénomène et les problèmes qu’il crée. Parfois, on a un sportif qui se trouve lésé et «grillé» parce qu’il a un concurrent qui a une «famille» dans ce sport qui le soutient.
L’exemplarité
L’exemplarité explique en quelque sorte que certains sportifs «lèguent» la passion (et pas forcément le talent) à leurs proches. Quand on a son père, son grand frère, ou sa mère qui est champion ou même un athlète ordinaire, on a, par la force des choses, la prédisposition de devenir athlète dans le même sport. L’environnement est favorable, d’autant que l’«exemplarité» pèse lourd dans ce genre de questions. On est passionné par son parent, on l’adule, on l’imite dans tout ce qu’il fait, on aimerait devenir comme lui. Et c’est comme ça que la passion se transmet dès le jeune âge. Néanmoins, cela ne veut pas dire que le succès et la régularité se transmettent dans les gènes. Autrement dit, on n’est pas forcément champion parce que son parent l’était. Combien d’athlètes de haut niveau ont essayé d’imposer leurs enfants ou leurs proches à leur place, mais cela n’a jamais marché. Le soutien, l’encadrement technique de qualité, les petites astuces transmises, cela peut ne pas suffire pour faire passer le talent. Cruyff est le bon exemple entre autres. Le grand joueur hollandais a tout fait pour que son fils Jordy (qui n’est pas mauvais en fin de compte mais qui n’a pas le charisme de son père!) s’impose au Barça, mais en vain. Les parents des plus grands joueurs et athlètes ont, dans d’autres cas, attrapé cette passion pour le sport et ont réussi. Youssef et Iheb M’sakni (qui ont encore deux frères qui jouent), fils de Mondher Msakni, Ahmed Khelil, fils de Mohamed Khélil ainsi que Inès Boubakri, fille de Henda Zouali ou dans le monde Schmaïkel Junior à Leicester, Zidane Junior au Real Madrid, voilà aussi quelques exemples d’athlètes ayant réussi comme leur parents.
Familles…
En Tunisie, ce phénomène a un autre côté social. On parle dans notre sport de familles qui ont marqué l’histoire de leurs disciplines. Le père, le frère, le fils se transmettent la passion d’un sport, constituant aussi un environnement favorable pour l’éclosion d’un talent. Et pratiquement, ce constat touche toutes les disciplines. On a en football les familles Sellimi, Rouissi, Henia, Limam, Laâroussi, Kasri, Jebali, Saïdi, Abbès, Dhouib, Ben Aziza, Ben Romdhane, Denden, Bouzgarrou, en handball, les familles Belhadj, Khenissi, Besbès, Ben Samir, en basket les Ksontini, Kechrid, Garaâli, Aoun, Nefzi, en volley les Louzir, Bousarsar, Keskès, Zenaïdi, Karamosli, alors qu’en sports individuels les Jellali, les Achour, Bahri, Bouchlagham, Laâguili ont marqué leur époque. Ces histoires de familles dans le sport en Tunisie, ce n’est pas toujours quelque chose de beau à raconter. La pression qu’exercent certaines familles pour appuyer leurs membres au détriment d’autres athlètes doués, mais qui n’ont pas, hélas, d’appui familial. Du côté des sports individuels, la famille se prolonge même pour toucher la structure fédérale. Imaginez un athlète qui a sa famille à la structure fédérale entre dirigeants et techniciens. C’est le meilleur environnement possible sur le papier pour car(tonner, mais en même temps, c’est une source de problèmes qui n’en finit jamais.